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France: Vague de contestation contre l’islamophobie

Des milliers de manifestants ont investi les rues de Paris ce dimanche pour dénoncer la montée alarmante de l’islamophobie et du racisme en France, suite au meurtre tragique d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du sud du pays. Cette mobilisation d’envergure, organisée à l’appel de plusieurs organisations antiracistes et personnalités politiques, s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées autour des questions identitaires et religieuses et de la montée des discours populistes qui secouent l’Hexagone. Dans le cortège parisien, les messages étaient sans équivoque, à l’image de cette pancarte résumant l’escalade potentielle de la violence discriminatoire : « Le racisme, ça commence avec des mots et ça finit comme Aboubakar ». Une dénonciation nette des discours racistes qui prennent le dessus au sein de la classe politique et des médias. Une foule compacte, où flottaient de nombreux drapeaux palestiniens, a scandé avec détermination « Non, non à l’islamophobie », traduisant l’indignation croissante face à la banalisation des discours anti-musulmans dans l’espace public français.

Le rassemblement a été marqué par la forte présence des représentants de La France Insoumise, dont son chef de file Jean-Luc Mélenchon et plusieurs députés comme Louis Boyard et Eric Coquerel. Ce dernier n’a d’ailleurs pas mâché ses mots en déplorant une « augmentation de l’islamophobie de manière incontestable, jusqu’à la mort d’Aboubakar Cissé dans une mosquée ». Le député a également pointé du doigt la responsabilité des plus hautes instances de l’État dans cette détérioration du climat social : « Jamais on ne dira assez la responsabilité du ministre Retailleau qui fusionne droite et extrême droite ».

L’appel à la démission de Retailleau s’intensifie

Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau cristallise les critiques et fait l’objet de virulentes attaques pour son « comportement arrogant » et « irresponsable » dans sa gestion de l’affaire Cissé. Son nom était d’ailleurs sur toutes les lèvres lors des manifestations, comme en témoigne ce slogan repris en chœur par les protestataires : « Même si Retailleau ne veut pas, nous on est là ». La contestation prend une tournure politique de plus en plus marquée, avec plusieurs parlementaires qui réclament ouvertement sa démission. Le sénateur français Ian Brossat a notamment accusé le ministre d’avoir « contribué ces derniers mois à répandre la haine anti-musulmans en France », tout en dénonçant « son obsession envers la question de l’Islam ».

Cette indignation ne se limite pas à Paris. À Avignon, des centaines de manifestants se sont également rassemblés pour exprimer leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une islamophobie institutionnalisée. Sabah Boutahar, présidente du collectif antiraciste des Résilientes, à l’origine de l’appel à manifester aux côtés du bureau local de LFI et du député Raphaël Arnault, a exprimé avec émotion : « On en a marre que l’islamophobie tue, je ne veux plus entendre ces histoires ». Ce sentiment est partagé par de nombreux manifestants, comme Nora, adhérente des Résilientes, qui dit ressentir au quotidien « la montée d’une islamophobie permanente, structurelle et institutionnelle », avant d’ajouter : « C’est comme un puits sans fond, on a l’impression qu’il n’y a plus de limite, ça touche tous les domaines : l’éducation, la santé, le sport ».

Les chiffres officiels semblent corroborer ce ressenti, puisque selon le décompte du ministère de l’Intérieur, les trois premiers mois de l’année ont enregistré une hausse significative des actes antimusulmans de 72% par rapport à la même période en 2024, avec 79 cas recensés. Une statistique alarmante qui témoigne de la gravité de la situation.

La manifestation s’inscrit également dans un contexte de répression des mouvements antiracistes, comme l’illustre la procédure de dissolution engagée par le ministre de l’Intérieur contre la Jeune Garde, groupe antifasciste dirigé par Raphaël Arnault. Le député ne s’y trompe pas : « Ils veulent dissoudre des groupes qui luttent contre le racisme, car c’est la continuité d’un agenda et d’une politique raciste. Après l’assassinat d’Aboubakar Cissé, on doit montrer que même s’ils le veulent, ils ne pourront pas nous faire taire ».

Alors que la France traverse une période de turbulences politiques et sociales, ces manifestations témoignent d’une fracture grandissante au sein de la société française et d’une méfiance accrue vis-à-vis des institutions, accusées par une partie croissante de la population de ne pas protéger équitablement tous les citoyens, quelle que soit leur confession.

Hocine Fadheli

admin

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