Les importateurs appelés à régulariser leur situation avant le 14 mai: L’État serre la vis
Dans une nouvelle démarche destiné à lutter contre les dérives du commerce extérieur, l’État intensifie sa politique de contrôle des opérations d’importation. Les Directions du commerce viennent en effet de lancer un appel urgent aux opérateurs économiques activant dans le domaine de l’importation des biens destinés à la revente en l’état pour régulariser leur situation.
En effet, la direction du commerce de la wilaya d’Alger a appelé les importateurs détenteurs d’autorisations valables entre le 1er janvier 2024 et le 30 mars 2025 à se présenter aux autorités compétentes et régulariser leur situation administrative et ce avant mercredi 14 mai. Cette mesure, qui s’étend au-delà de la capitale et concerne plusieurs wilayas du pays, témoigne d’une volonté gouvernementale de remettre de l’ordre dans un secteur longtemps marqué par l’opacité et les pratiques frauduleuses.
Le dossier à fournir comprend trois documents essentiels : une copie de l’autorisation d’importation délivrée par l’ex-ALGEX, une copie de la facture domiciliée, ainsi qu’une autorisation d’entrée des produits. Cette procédure qui peut sembler anodine cache en réalité un objectif bien plus profond : vérifier l’effectivité des opérations d’importation déclarées. Pour les autorités, il s’agit de débusquer les opérateurs fictifs qui auraient obtenu des autorisations sans jamais procéder à de réelles importations, ou pire, qui se seraient livrés à diverses malversations en matière de commerce extérieur.
Les conséquences pour les importateurs réfractaires seront immédiates et sans appel : le retrait pur et simple du certificat de respect des conditions, équivalant à une interdiction d’exercer. Une sanction qui illustre la détermination des pouvoirs publics à ne plus tolérer les pratiques frauduleuses qui ont longtemps entaché le secteur de l’importation.
Restructuration profonde du commerce extérieur
Cette offensive s’inscrit dans un contexte plus large de restructuration profonde du commerce extérieur. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a en effet annoncé le 13 avril dernier la dissolution de l’ALGEX (Agence algérienne de promotion des exportations), un organisme qu’il a lui-même qualifié de bureaucratique et inadapté aux exigences de la nouvelle dynamique économique que l’Algérie souhaite impulser. Pour remplacer cette structure jugée obsolète, deux nouvelles entités verront prochainement le jour : l’une dédiée à l’encadrement des importations, l’autre à la promotion des exportations, toutes deux placées directement sous la tutelle du Premier ministre.
Cette réorganisation institutionnelle traduit une ambition claire : structurer davantage les flux commerciaux internationaux, tout en instaurant un climat d’affaires plus transparent. L’État cherche ainsi à établir un équilibre entre la nécessaire ouverture économique et la protection du marché national contre les abus et détournements qui ont parfois caractérisé les pratiques d’importation.
Sur le terrain, cette politique de fermeté se manifeste également par une intensification des contrôles douaniers dans les ports algériens. Fin avril, une opération d’envergure menée au port d’Oran a permis de découvrir 19 conteneurs de marchandises non déclarées ou faisant l’objet de fausses déclarations. Cette fraude massive, qui impliquait la complicité de fonctionnaires publics, a conduit à l’interpellation de dix individus, désormais en détention provisoire et poursuivis pour faux et usage de faux, obtention frauduleuse de documents administratifs, abus de fonction, et blanchiment d’argent.
L’État est ainsi déterminé à mettre un terme aux circuits parallèles d’importation qui alimentent le marché noir et contournent les réglementations en vigueur. Cette détermination s’explique notamment par la volonté de préserver les réserves de change du pays, dans un contexte où la diversification de l’économie nationale demeure un défi de taille.
Ces mesures de contrôle renforcé interviennent par ailleurs à un moment stratégique pour l’économie algérienne. Le pays cherche à attirer davantage d’investissements étrangers, comme en témoigne la participation d’une importante délégation algérienne au récent Sommet de l’investissement américain. Or, la mise en place d’un cadre réglementaire rigoureux et transparent en matière de commerce extérieur constitue un signal fort envoyé aux partenaires économiques potentiels. Pour les importateurs légitimes, cette reprise en main devrait à terme se traduire par une concurrence plus saine et une meilleure visibilité.
Cette offensive tous azimuts contre les dérives du commerce extérieur marque ainsi un tournant dans la politique économique algérienne. Au-delà du simple contrôle administratif, c’est une véritable restructuration du modèle d’importation qui se dessine, avec pour objectif affiché de favoriser une économie plus productive et moins dépendante des importations. L’État serre la vis, certes, mais avec l’ambition déclarée de construire un système commercial international plus équilibré et bénéfique pour l’économie nationale.
Amar Malki