La stratégie de transformation numérique à l’horizon 2030 dévoilée : Une feuille de route pour basculer vers le tout digital
La feuille de route dévoilée s’articule autour de cinq axes majeurs visant à transformer profondément le paysage numérique algérien.
L’Algérie a franchi une étape décisive dans son processus de transformation numérique avec le dévoilement officiel de la première stratégie nationale intitulée « Pour une Algérie numérique 2030 ». C’est lors d’une journée d’information tenue lundi à Alger que Mme Meriem Benmouloud, Haute-Commissaire à la Numérisation avec rang de ministre, a présenté cette feuille de route ambitieuse. Répondant aux instructions du Président de la République Abdelmadjid Tebboune, cette initiative s’inscrit dans une vision globale de modernisation de l’État et des services publics. « Cette stratégie traduit clairement la volonté de l’État de construire une économie et une société fondées sur la connaissance et la technologie, une Algérie numérique qui soit à la fois connectée aux transformations mondiales et soucieuse de préserver ses intérêts stratégiques », a déclaré Mme Benmouloud. Elle a souligné que ce projet d’envergure nationale engage l’ensemble de la société algérienne et résulte d’un travail participatif mené après des consultations approfondies et des études détaillées impliquant tous les acteurs de l’écosystème numérique national.
La stratégie s’articule autour de cinq axes majeurs visant à transformer profondément le paysage numérique algérien. Le premier axe concerne le développement des infrastructures fondamentales, incluant les réseaux de communication, la garantie de la souveraineté numérique et la réalisation de centres de données nationaux. « Nous visons à réaliser plus de 5 centres de données nationaux et à généraliser l’utilisation du domaine dz », a précisé la Haute-Commissaire. À ce propos, Mme Benmouloud a fait état d’avancées significatives concernant deux centres de données actuellement en construction : « Le taux de réalisation du centre de données de Mohammadia a atteint près de 80% tandis que celui de Blida est à 50% ». Ces infrastructures s’inscrivent parfaitement dans la nouvelle stratégie, notamment dans son volet relatif à l’élargissement de l’infrastructure de base.
Le deuxième axe stratégique se concentre sur le développement des ressources humaines par la formation de compétences nationales et l’encouragement de la recherche et de l’innovation. « Nous visons à assurer 500.000 spécialistes activant dans les TIC, et à réduire de 40% la fuite des compétences spécialisées », a indiqué Mme Benmouloud. Cette démarche répond à un double enjeu : disposer d’un vivier suffisant de talents pour porter la transformation numérique et limiter l’exode des cerveaux qui pénalise actuellement le secteur.
La gouvernance numérique constitue le troisième axe de cette stratégie, avec pour objectif l’amélioration de l’efficacité administrative par la numérisation et le déploiement de plateformes nationales unifiées. « L’objectif est la numérisation complète de la gestion interne du secteur, ainsi que des procédures administratives dédiées aux citoyens et aux établissements », a expliqué la ministre. Cette transformation de l’administration publique vise à simplifier les démarches pour les usagers tout en optimisant le fonctionnement des services de l’État.
Concernant le quatrième axe relatif à l’économie numérique, la stratégie prévoit de stimuler l’investissement numérique et de faciliter la transformation digitale des entreprises. Des objectifs ambitieux ont été fixés, notamment « réduire les transactions en espèces et parvenir à l’annulation du paiement en espèces pour les transactions financières dont le montant dépasse 500.000 DA ». La stratégie vise également à « renforcer la création de startups activant dans le domaine de la numérisation, et faire de la numérisation un levier de création de richesse pour l’économie nationale, avec un objectif de 20% du PIB ».
Le cinquième et dernier axe porte sur la société numérique, en renforçant la participation citoyenne et en élargissant la culture numérique. Il tend à « garantir un accès équitable et inclusif aux technologies et services numériques et à augmenter la participation des citoyens à la vie publique via l’espace numérique », a détaillé Mme Benmouloud.
La cybersécurité au cœur de la transformation numérique
Un aspect fondamental de cette stratégie concerne la cybersécurité, élément indispensable pour garantir une transformation numérique réussie et sécurisée. Lors de cette journée d’information, Rabah Nassim Iklef, représentant de l’Agence de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) relevant de l’Armée nationale populaire (ANP), a présenté les enjeux liés à ce domaine crucial. « La stratégie nationale de la sécurité des systèmes d’information définit l’orientation de l’État et les objectifs stratégiques à atteindre afin de garantir une protection des systèmes d’information nationaux et des structures sensibles, d’assurer leur résilience, et partant permettre une transformation numérique sécurisée pour notre pays et protéger sa souveraineté numérique », a-t-il affirmé.
La mise en œuvre de cette ambitieuse feuille de route s’appuiera sur un plan national précis, avec une coordination intersectorielle et des mécanismes d’évaluation périodiques pour mesurer les progrès et atteindre les objectifs fixés. La stratégie comprend 25 objectifs stratégiques à concrétiser entre 2025 et 2030, avec un plan à court terme couvrant les deux premières années. Un cadre légal et réglementaire viendra soutenir cette dynamique, notamment à travers un projet de loi sur la numérisation et des mesures renforcées de sécurité numérique.
Mme Benmouloud s’est montrée particulièrement confiante quant aux perspectives offertes par cette stratégie pour le positionnement international de l’Algérie dans le domaine numérique. « L’Algérie a réussi à réaliser de multiples acquis qui lui permettent d’atteindre le leadership continental dans le domaine de la transformation numérique à l’horizon 2030, à la faveur de la stratégie adoptée », a-t-elle déclaré. Cette ambition de positionner l’Algérie comme leader africain en matière de technologies numériques témoigne de la portée stratégique de ce projet national qui dépasse le simple cadre technologique pour s’inscrire dans une vision de développement global du pays.
Samir Benisid