Mali: La junte abroge la charte des partis politiques
La junte militaire au pouvoir au Mali a promulgué mardi la loi supprimant la charte des partis politiques, renforçant l’inquiétude de ces derniers qui craignent que cela n’ouvre la voie à leur dissolution. Cette charte, inscrite dans la loi en août 2005, fixait le cadre moral et juridique des partis, leur fonctionnement, leur formation, leur création et leur mode de financement. « Toutes (les) dispositions » de la loi portant charte des partis politiques « sont et demeurent abrogées », indique le décret du chef de la junte au Mali, le général Assimi Goïta, publié mardi au Journal officiel, nécessaire pour l’entrée en vigueur du texte. Le projet de loi d’abrogation avait été adopté mardi par l’organe législatif créé par la junte, le Conseil national de transition (CNT) dont les membres ont été nommés par les militaires. Fin avril, une concertation nationale organisée par la junte avait préconisé la dissolution des partis et le durcissement de leur création. Cette rencontre – marquée par la présence des soutiens du régime mais boycottée par la plupart des formations politiques – avait également proposé la proclamation sans élection cette année du général Assimi Goïta comme président pour un mandat de cinq ans renouvelable. Par cette abrogation de la charte des partis, la junte « a signé l’acte de décès du pluralisme politique au Mali », a dénoncé dans une tribune publiée lundi l’ancien ministre de la Justice, Mamadou Ismaïla Konaté, après l’adoption du projet de loi par le CNT. Il y voit une « opération de mise au pas, une tentative de démolition systématique des contre-pouvoirs politiques » au Mali. La junte a déjà suspendu la semaine dernière les activités des partis politiques et des associations, invoquant une « raison d’ordre public ». Craignant une dissolution, une coalition d’une centaine de partis s’est récemment formée pour « exiger la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025 » et appeler « à la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Cette nouvelle coalition a réussi à mobiliser plusieurs centaines de personnes lors d’une manifestation début mai à Bamako. Elle a aussi « catégoriquement » rejetée la décision de la junte de suspendre les activités des partis politiques et des associations. Les militaires au pouvoir au Mali ont manqué à leur engagement de céder la place à des civils élus en mars 2024. L’opposition dans le pays a déjà été visée par des mises en cause judiciaires, des dissolutions d’organisations.
R.I. avec agences