Nucléaire: L’Iran riposte aux menaces de Donald Trump
Les plus hautes autorités iraniennes ont vivement réagi samedi aux déclarations du président américain Donald Trump concernant le programme nucléaire iranien. Lors d’un événement à Téhéran, le président iranien Masoud Pezeshkian a critiqué l’ambivalence du discours américain, pointant du doigt la contradiction entre les appels à la paix et les menaces à peine voilées formulées par son homologue américain. « Que devons-nous croire ? D’une part, il parle de paix et d’autre part il menace d’utiliser les outils les plus avancés de tuerie de masse », s’est interrogé M. Pezeshkian, faisant référence aux propos tenus la veille par Donald Trump lors de son déplacement dans le Golfe. Cette sortie intervient après que le président américain a affirmé vendredi que l’Iran avait reçu une proposition des États-Unis concernant son programme nucléaire, ajoutant sur un ton menaçant que Téhéran devait agir rapidement. « Ils savent qu’ils doivent agir rapidement ou quelque chose de mauvais – quelque chose de mauvais va se produire », avait déclaré Donald Trump aux journalistes à bord d’Air Force One après avoir quitté les Émirats arabes unis, selon un enregistrement de ses propos.
La réponse iranienne s’est faite à plusieurs niveaux. Quelques heures après les déclarations du président Pezeshkian, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a durci le ton en accusant directement Donald Trump de mensonge lorsqu’il évoque son désir de paix dans la région. Selon l’ayatollah, les États-Unis utilisent au contraire leur pouvoir pour fournir « des bombes de 10 tonnes au régime sioniste pour qu’il les largue sur la tête des enfants de Ghaza », a-t-il affirmé lors d’un événement dans un centre religieux à Téhéran, rapportent les médias d’État. Pour le guide suprême, les déclarations de Donald Trump représentent « une honte pour le président et le peuple américain » et « ne méritent même pas qu’on y réponde ».
Sur le fond du dossier nucléaire, le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araqchi, a formellement démenti l’existence d’une proposition américaine, contrairement à ce qu’affirmait Donald Trump. Dans un message publié sur le réseau social X, M. Araqchi a catégoriquement écarté toute possibilité de concession majeure : « Il n’existe aucun scénario dans lequel l’Iran abandonnerait son droit durement acquis à l’enrichissement de l’uranium à des fins pacifiques », a-t-il souligné. Le président Pezeshkian a renchéri sur cette position, affirmant que « l’Iran ne renoncerait pas à ses droits légitimes ». Il a également dénoncé la rhétorique occidentale qui dépeint l’Iran comme déstabilisateur : « Parce que nous refusons de céder à l’intimidation, ils disent que nous sommes une source d’instabilité dans la région », a-t-il expliqué.
Le président iranien a tenu à préciser que Téhéran reste ouvert aux négociations sur le programme nucléaire avec les États-Unis, tout en affirmant que son pays ne se laissera pas intimider : « Nous ne cherchons pas la guerre », a-t-il assuré. Ce message s’inscrit dans la continuité des discussions diplomatiques entre les deux pays, dont le quatrième cycle s’est achevé dimanche dernier à Oman, sans qu’un nouveau cycle ne soit encore programmé.
Depuis le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord nucléaire de 2015 sous la première présidence Trump, puis le retour de sanctions économiques sévères contre l’Iran, les relations entre les deux pays se sont considérablement détériorées. Le nouveau mandat de Donald Trump, qui a débuté en janvier 2025, avait soulevé des interrogations sur sa stratégie concernant l’Iran, entre volonté affichée de dialogue et rhétorique belliqueuse. Les déclarations récentes du président américain semblent confirmer cette approche duale, mêlant propositions diplomatiques et menaces à peine voilées.
L’Iran a toujours maintenu que son programme nucléaire était exclusivement destiné à des fins civiles et pacifiques, un droit que le pays considère comme inaliénable en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire dont il est signataire.
L.S.