Culture

Nécropole mégalithique de Sigus : Témoin immuable d’une histoire remontant à l’ère protohistorique

L’attention de quiconque se promène du côté de la zone archéologique de Sefia, dans la commune de Sigus (45 km au nord-ouest d’Oum El Bouaghi), classée au patrimoine national en 1968, est immanquablement attirée par la nécropole mégalithique qui s’impose au regard, en cet endroit.

Le site abritant cette nécropole, qui couvre une superficie de plus de 280 hectares dans la région montagneuse de Sefia, au sud du tissu urbain de Sigus, a été choisi par les anciens habitants des lieux en raison de sa proximité avec leur centre de vie et de son emplacement sûr et convenable pour enterrer leurs morts. La nécropole comprend plus de 100 monuments funéraires, surtout des dolmens, de différents types et formes, encore visibles, ainsi que d’autres se comptant par centaines qui ont disparu, selon des chercheurs en archéologie, à l’image du professeur d’histoire et d’archéologie à l’université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi, Moussa Khalil. Ce dernier, spécialisé en archéologie préhistorique, auteur, en 2008, d’une thèse de maîtrise intitulée « Répartition géographique et description architecturale des monuments funéraires mégalithiques de Sefia », a indiqué à l’APS que cette zone, pleine de monuments funéraires, témoigne d’une présence humaine dans la région depuis des dizaines de siècles, à l’image de cet impressionnant dolmen, une sorte de table de pierre constitués de deux roches verticales de 2,5 m de haut, surmontées d’une troisième, posée à l’horizontale. « Il s’agit-là, sans doute, d’un monument rarissime, peut-être même unique au monde », a expliqué cet académicien, estimant qu’il doit être « entouré de la plus grande attention et protégé de toutes formes d’attaques susceptibles de l’affecter ». Cette zone, a-t-il encore affirmé, « objet de recherches archéologiques depuis 1950, est tout indiquée pour constituer une destination touristique de choix en raison de son importance scientifique et de sa grande valeur historique ». Il a suggéré, à cet égard, la création de « bâtiments en structure légère » et de sentiers touristiques, ainsi que l’engagement d’une réflexion sur la possibilité de regrouper ces monuments archéologiques en un seul endroit, et dans une zone déterminée par des archéologues et des architectes, selon une stratégie spécifique et dans le respect des lois ». Le même académicien a ajouté que le site de Sefia « peut constituer un terrain propice pour les chercheurs et les spécialistes, notamment dans les parties encore exemptes de fouilles et n’ayant pas fait l’objet d’actes de vandalisme ». Pour le Pr Khalil, « la nécropole mégalithique de Sefia n’a sans doute pas livré tous ses secrets et peut permettre d’en savoir bien davantage sur les traditions humaines de l’ère protohistorique » (époque de l’histoire de l’humanité, comprise entre la préhistoire et la période historique, ndlr).          

Les responsables locaux de la culture déploient, a affirmé le directeur du secteur, Abdennour Benkherbache, des « efforts ininterrompus pour protéger le site archéologique de Sefia, qui regorge de monuments funéraires, de dolmens, de bazinas (spécifiques à l’Afrique du nord) et de tumulus (tertres artificiels élevés au-dessus d’une tombe) témoignant de l’aube de l’histoire, des vols, du vandalisme et de tous empiètements, tels que l’expansion urbaine et la construction de bâtisses en dur aux dépens de la superficie du site archéologique ou des limites de sa protection ». Ce responsable a souligné, à ce propos, qu’un rapport a été récemment transmis au wali d’Oum El Bouaghi, en appui à un avis négatif à une demande du président de l’APC de Sigus de revoir les limites archéologiques du site dans sa partie proche du plan d’occupation des sols (POS) n 4), en vue d’une expansion urbaine. « Un rapport détaillé faisant apparaître la nécessité d’une exploitation rationnelle des poches foncières existantes pour prévenir ou mettre un terme, selon les cas, aux préjudices pouvant être occasionnés à la zone archéologique de Sefia », a assuré M. Benkherbache. Ce dernier a également affirmé qu’il n’était « en aucun cas possible de revoir les limites archéologiques, classées », mettant en avant l’absence de force majeure pouvant justifier une +intrusion bétonnée+ ». Ce cadre a appelé, dans ce contexte, la commune de Sigus à « prospecter, en étroite coordination avec les services de la construction et de l’urbanisme, d’autres terrains constructibles afin que ce patrimoine culturel de valeur universelle ne soit pas perdu ». D’autre part, des gérants d’agences de tourisme de la wilaya d’Oum El Bouaghi, ont souligné l’importance du site de Sefia en matière de stimulation du tourisme local et de promotion de l’histoire de la région. Redouane, un jeune tour operateur ayant pignon sur rue à la nouvelle ville du chef-lieu de wilaya, a regretté « le manque d’intérêt pour le tourisme archéologique en raison du manque de structures d’hébergement, à Sefia, mais aussi dans les autres zones archéologiques de la wilaya, dépourvues d’hôtels et d’espaces commerciaux ou de loisirs attractifs ». Le jeune voyagiste a également recommandé de promouvoir « le tourisme éducatif » en organisant des excursions touristiques au profit des écoliers et des étudiants, dans cette zone regorgeant de monuments funéraires anciens, dont certains sont « spectaculaires ». L’agence que le jeune Redouane dirige a déjà eu à organiser, a-t-il assuré, des voyages touristiques au profit des élèves des écoles primaires et des étudiants universitaires dans de nombreux sites archéologiques des wilayas d’Annaba, de Constantine et de Tipasa. A cet égard, a ajouté le jeune opérateur, « il serait sans doute judicieux de créer, à l’ère de la transition numérique, une plateforme électronique pour présenter et vanter le riche potentiel touristique de la wilaya d’Oum El Bouaghi, histoire d’en faire une destination touristique profitable à toute la région au double plan économique et social ».

APS

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