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Crise diplomatique entre la France et l’Algérie : De Villepin charge Retailleau

L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a vivement critiqué la stratégie de confrontation adoptée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains, à l’égard de l’Algérie. Cette prise de position intervient dans un contexte de tension diplomatique croissante entre Paris et Alger, alimentée par les provocations répétées de Retailleau.

 Sur le plateau de LCP (La chaîne parlementaire), l’ancien chef de la diplomatie française n’a pas mâché ses mots pour dénoncer une « logique de communication » et non d’une véritable politique publique. « Faire la politique du pire vis-à-vis de certains pays d’Afrique du Nord, ça ne nous aidera pas à faire rentrer les OQTF dans ces pays », a martelé De Villepin, pointant du doigt l’inefficacité de la méthode prônée par Retailleau qui plaide pour le « rapport de force » et la « riposte graduée » envers l’Algérie. Pour étayer son propos, l’ancien Premier ministre français a établi un parallèle saisissant avec l’approche adoptée par la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, qui obtient de meilleurs résultats en matière de reconduites aux frontières grâce à sa politique de dialogue constructif avec les pays du Maghreb. « Georgia Meloni a les meilleures relations possibles avec l’Algérie comme avec l’ensemble des pays d’Afrique du Nord et le résultat est là : un taux de retour des OQTF supérieur au nôtre », a-t-il souligné, mettant ainsi en évidence l’échec de la stratégie française actuelle. Avec une verve rare en politique, De Villepin n’a pas hésité à dénoncer une dérive dangereuse du discours politique français : « La logique du bras de fer, la logique du matamore, la logique du 20h de TF1 ou d’ailleurs tout autre 20h, c’est une logique de communication, ce n’est pas une logique de politique ». Il a estimé que cette approche est « absolument dangereuse » et a appelé les Français à « ouvrir les yeux », car selon lui, de plus en plus de responsables politiques les prennent pour « des cons ». Ces déclarations cinglantes reflètent un malaise grandissant au sein d’une partie significative de la classe politique française face aux positions excessives de Bruno Retailleau, qui a lui-même reconnu que les polémiques qu’il a suscitées, notamment sur l’Algérie et l’immigration, l’ont « servi » politiquement. « On est en absurdie. C’est à qui sortira la connerie la plus importante, qui détonnera dans le paysage et surprendra l’opinion publique. Je crois qu’il faut que la politique atterrisse, la politique ce n’est pas l’art de dire n’importe quoi », s’est emporté Dominique de Villepin lors de son intervention, déplorant une surenchère verbale à des fins électoralistes. Ce positionnement de l’ancien Premier ministre n’est pas isolé dans le paysage politique français. De nombreuses personnalités, tant à gauche qu’à droite, ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration des relations franco-algériennes, exacerbée par les déclarations incendiaires du ministre de l’Intérieur. Le lendemain de la victoire de Retailleau à la tête des Républicains, De Villepin a poursuivi sa charge sur France Info, dénonçant « une dérive tragique » et « une droite réactionnaire, ultra-conservatrice, identitaire qui fait la course avec le Rassemblement national ». Il a même affirmé avoir « du mal à faire la différence avec ce que dit le RN » lorsqu’il entend Bruno Retailleau s’exprimer sur divers sujets. Dominique de Villepin défend une approche diplomatique respectueuse et un dialogue apaisé avec l’Algérie. Une approche en contrepoids nécessaire à la rhétorique belliqueuse qui semble dominer actuellement certains cercles politiques français. Son intervention rappelle l’importance des relations historiques entre les deux pays et la nécessité d’une coopération basée sur le respect mutuel plutôt que sur la confrontation stérile.

Salim Amokrane

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