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Escalade des tensions en mer Rouge : Inquiétudes sur les marchés énergétiques

C’est l’escalade en mer Rouge. Les Houthis du Yémen ont menacé hier de cibler les cuirassés américains en réaction au déploiement par les Américains d’une coalition navale en mer Rouge, route commerciale stratégique notamment pour le transport de pétrole et de GNL. Les inquiétudes montent quant à l’impact de ces tensions sur les marchés pétroliers et gaziers.

Les tensions montent dans la mer Rouge, dans le sillage de la régionalisation de la guerre menée par l’occupation israélienne en Palestine occupée. Une guerre qui déborde sur le Sud du Liban, sur la Syrie, mais aussi au Yémen où les Houthis ont annoncé leur décision de cibler les navires israéliens et ceux en direction de l’entité sioniste passant près des Côtes yéménites par le détroit de Bab Al-Mandeb, jusqu’à la cessation de l’agression israélienne contre Ghaza. Cependant, la décision de mener le déploiement des États-Unis de déployer une coalition internationale pour prévenir d’éventuelles attaques alimente l’escalade dans la région et augmente le risque géopolitique. Hier, le chef des Houthis, Abdul-Malik al-Houthi, a menacé i de cibler les cuirassés américains, en réponse à « toute escalade en mer Rouge ». Selon l’agence Anadolu, celui-ci a averti que « toute escalade de ce type ferait des cuirassés et du trafic maritime américains une cible pour nos missiles, nos drones et nos opérations militaires ». Al-Houthi a, en outre, accusé « les États-Unis d’oeuvrer à la militarisation de la mer Rouge, dans le but de protéger les navires israéliens et de chercher à impliquer d’autres pays avec eux ».  La situation dans la région risque d’avoir un impact significatif sur le plan économique. Le détroit de Bab Al-Mandeb est un passage stratégique sur les routes du commerce. Il est situé entre la péninsule arabique et l’Afrique, et relie la mer Rouge au golfe d’Aden et à l’océan Indien. Il mène aussi au Canal de Suez. L’escalade des tensions a déjà amener plusieurs compagnies maritimes à éviter le passage et détourner leurs navire par le Cap de bonne espérance allongeant ainsi la durée des traversée. Si des inquiétudes concernant un impact sur les chaines logistiques internationales qui risquent d’être perturbées se sont sentir, un effet sur les marchés pétroliers et gaziers n’est pas exclure. Car le détroit de Bab Al-Mandeb et le Canal de Suez constituent l’un des principaux canaux de passage des cargaisons de pétrole et de GNL, mais ce sont aussi les craintes d’un embrasement de la région et de l’implication de producteurs de pétrole et de gaz de la région qui suscitent les inquiétudes.

Cela se fait déjà sentir sur le marché pétrolier. Hier, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février grimpait de 1,22%, à 80,20 dollars, tandis que le baril de West Texas Intermediate amérocain pour livraison en février prenait 1,34%, à 74,93 dollars. Une hausse principalement alimentée par les tensions en mer en Rouge.

Principale route commerciale au monde

Des tensions dont l’impact sont pour l’heure minimisées par les traders et les analystes. D’ailleurs, le marché gazier reste encore peu sensible à la situation en mer Rouge, alors que quelques transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) ont décidé d’éviter la principale route commerciale mondiale. Cela va-t-il durer pour autant. Selon l’agence de presse britannique Reuters, la situation en mer Rouge ont rendu l’accès au canal de Suez plus périlleux. Environ 12% du trafic maritime mondial y transite et 4% à 8% des cargaisons mondiales de GNL y sont passées en 2023. L’agence cite aussi la société d’analyse Vortexa qui estime que 8,2 millions de barils par jour (bpj) de pétrole brut et de produits pétroliers ont traversé la mer Rouge de janvier à novembre. Par ailleurs et selon S&P Global Commodity Insights, cette année, un total de 16,2 millions de tonnes métriques (MMt), soit 51% des échanges de GNL, ont transité par le canal de Suez depuis l’est du bassin atlantique, tandis que 15,7 MMt ont emprunté le canal depuis l’ouest du bassin pacifique. Reuters explique aussi que les prix au comptant du GNL en Asie LNG-AS sont actuellement de 12,3 dollars par million d’unités thermiques britanniques (mmBtu) et sont restés dans cette fourchette depuis le début des attaques, expliquant que les stocks élevés en Europe et en Asie du Nord limitent la demande et devraient freiner la croissance des prix au comptant au cours du premier semestre 2024. L’agence rappelle aussi que les prix du pétrole se sont redressés, même si la hausse reste limitée en raison des craintes sur la demande de pétrole. Reuters souligne cependant que  les prix du fret pétrolier sont déjà affectés. Elle ajoute que delon Vortexa, les tarifs de réservation d’un Suezmax – un navire capable de passer à pleine charge par le canal – pour transporter du brut du Moyen-Orient vers l’Europe ont augmenté de 25% en une semaine. Les primes d’assurance pour les risques de guerre ont augmenté de 2.000 à 10.000 dollars en raison des perturbations, a déclaré à Reuters une source maritime qui a refusé d’être nommée. Cependant, l’impact des tensions dépendra de la durée du conflit, indique l’agence qui cite l’avis des acteurs du marché pétrolier. Pour le gaz, dont le marché régionalisé, les traders n’anticipent pas l’heure d’impact massif sur l’offre mondiale.

Samira Ghrib

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