Révision de l’accord d’association et réactivation des institutions : Relancer le partenariat Algérie-UE
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, s’est entretenu mercredi à Bruxelles avec la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas. Cette rencontre, qui s’est déroulée en marge de la 3e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine et de l’Union européenne, marque une étape importante dans le processus de redynamisation des relations algéro-européennes.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, les discussions ont permis d’explorer « les différents aspects des relations de coopération et de coordination unissant l’Algérie et l’Union européenne, dans la perspective de réactiver les mécanismes institutionnels encadrant le partenariat algéro-européen ». Un point central des échanges a concerné la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, avec pour objectif de « conférer à ce partenariat l’équilibre escompté, notamment dans son volet économique ». Les deux parties ont également abordé plusieurs questions d’actualité internationale, en particulier les développements de la situation en Libye et les tensions dans la région du Sahel.
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte où les deux parties affichent l’ambition de relancer leur coopération et en faire un partenariat stratégique assis sur des échanges plus équilibrés. Dans ce sens, l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, a affiché au mois de février dernier la volonté claire de Bruxelles de donner un nouveau souffle à ce partenariat stratégique, en soulignant que l’année 2025 constituerait « une bonne occasion de les approfondir et de les consolider sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant ». Cette position marque un tournant significatif dans l’approche européenne, désormais consciente de la nécessité d’adapter l’accord aux nouvelles réalités économiques et géostratégiques. « Après 20 ans de mise en œuvre de l’accord d’association, et face aux nouvelles réalités géostratégiques, c’est le moment pour revisiter notre partenariat et regarder nos relations dans leur globalité, notamment dans le cadre du nouveau pacte pour la Méditerranée », a déclaré l’ambassadeur Mellado lors d’un rencontre tenue à Alger. Cette reconnaissance du besoin de révision fait écho aux demandes répétées de l’Algérie, qui plaide depuis longtemps pour un rééquilibrage de l’accord.
L’évolution de la position européenne intervient alors que l’Algérie a considérablement diversifié son économie depuis la signature de l’accord en 2005. Cette transformation a été clairement exposée par le Président Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres du 26 janvier, où il a souligné que « la révision de cet accord est dictée par des réalités économiques ». Le chef de l’État a notamment rappelé qu’en 2005, « les exportations de l’Algérie reposaient essentiellement sur les hydrocarbures, alors qu’aujourd’hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées et élargies, notamment dans les secteurs de la production agricole, des minerais, du ciment et des produits alimentaires ».
Les déséquilibres de l’accord actuel ont été particulièrement mis en lumière par le ministre Ahmed Attaf, qui n’a pas hésité à le qualifier en décembre dernier de « boulet au pied de l’économie nationale ». Les chiffres qu’il a présentés en décembre 2024 sont révélateurs : entre 2005 et 2023, alors que les échanges commerciaux ont atteint près de 1000 milliards de dollars pour les produits européens en Algérie, les investissements européens n’ont totalisé que 13 milliards de dollars, dont 12 milliards ont été rapatriés sous forme de dividendes, laissant à l’Algérie un bénéfice net d’à peine un milliard de dollars sur cette période.
Salim Amokrane