Après des années de blocage dans les ports étrangers : L’Algérie récupère ses navires
Après des blocages dans les ports étrangers, l’Algérie commence à récupérer ses navires dans le cadre d’une vaste stratégie de reconstitution de sa flotte maritime nationale. Cette opération d’envergure, menée sous l’égide du ministère des Transports dirigé par Said Sayoud, vise à redonner à la marine marchande algérienne sa place sur l’échiquier commercial international, à un moment crucial où l’économie nationale se tourne résolument vers l’exportation.
Deux victoires symboliques viennent d’illustrer cette démarche volontariste. Le navire algérien « Sedrata », immobilisé pendant plus de trois années dans le port belge d’Anvers, a repris la mer après avoir été soumis le 22 mai en cours à une inspection technique précise par l’organisme Lloyd’s Register, qui lui a accordé le certificat de conformité le même jour. Le lendemain, le navire a été soumis à une opération de contrôle complète par les autorités du port d’Anvers, incluant l’examen de ses équipements, avant de reprendre immédiatement sa navigation en chargeant des marchandises vers l’Algérie. Parallèlement, dans le cadre de la poursuite des efforts du ministère des Transports pour la réhabilitation de la flotte maritime nationale, le navire algérien « Saoura » a officiellement repris du service le 25 mai 2025, après avoir subi une opération de maintenance complète en Turquie. Ce navire avait cessé ses activités en raison de pannes techniques qui avaient nécessité son transfert vers les chantiers de maintenance turcs, où une opération complète de réparation a été menée conformément aux normes internationales, sous la supervision de bureaux de classification agréés. La « Saoura » a entamé son voyage commercial dimanche au départ du port d’Antalya en Turquie en direction de l’Algérie, dans le cadre de la reprise de ses activités commerciales au sein du programme des liaisons maritimes nationales. Cette remise en service constitue une étape positive dans le processus de récupération de l’état de préparation de la flotte nationale.
Le succès de ces opérations résulte d’un travail de coordination intense mené par les autorités algériennes. Le ministère des Transports souligne que ces retours couronnent « une série de réunions de coordination durant lesquelles des directives précises ont été données et un suivi strict effectué par le ministère des Transports, dans le but d’accélérer le rythme des procédures et de surmonter les obstacles administratifs et techniques ».
La reconstitution de la marine marchande nationale s’inscrit dans une problématique plus large. Décimée depuis plusieurs années, la flotte algérienne de transport maritime logistique était en situation de délabrement en raison de problèmes de gestion qui ont conduit plusieurs navires à se retrouver bloqués dans différents ports étrangers, « tantôt pour des raisons administratives, tantôt pour des raisons de maintenance ».
L’ampleur du défi est considérable, comme l’a révélé le ministre des Transports Said Sayoud lors d’une rencontre organisée il y a quelques jours par le ministère du Commerce extérieur avec les exportateurs. Plusieurs navires connaissent des situations similaires à celle du « Sedrata », nécessitant une approche globale de récupération. Certaines situations révèlent la complexité des enjeux juridiques et commerciaux auxquels doit faire face l’Algérie. Said Sayoud a cité un cas particulièrement édifiant où trois navires ayant fait l’objet d’un partenariat avec un armateur étranger ont été détournés par celui-ci. Le ministère des Transports a mené des négociations complexes et a réussi à trouver un terrain d’entente permettant à l’armateur de continuer d’utiliser les navires tout en faisant bénéficier l’Algérie en tant que propriétaire.
Cette reconstitution de la flotte intervient à un moment stratégique pour l’économie nationale, laquelle se tourne progressivement vers l’exportation. Les avancées en production enregistrées par les opérateurs économiques dans divers secteurs nécessitent justement un transport maritime logistique performant pour acheminer leurs produits vers les marchés mondiaux.
Le retour en service du « Sedrata » et de la « Saoura » témoigne d’une prise de conscience des enjeux stratégiques liés au contrôle des voies commerciales maritimes. Ces opérations constituent « un acquis nouveau dans le parcours de développement du transport maritime national, et le renforcement de sa présence sur la scène internationale, reflétant une image professionnelle et engagée de l’Algérie dans ce domaine stratégique ».
La renaissance de ces navires illustre parfaitement les défis auxquels fait face l’Algérie dans la reconstruction de sa capacité de transport maritime, mais aussi sa détermination à reconquérir sa place dans le transport maritime commercial international. Cette approche méthodique et volontariste devrait permettre à la marine marchande algérienne de retrouver progressivement sa capacité opérationnelle et de soutenir efficacement les ambitions exportatrices du pays.
Samir Benisid