Maroc : La répression s’intensifie contre les défenseurs des droits humains
La campagne de répression contre les défenseurs des droits humains se poursuit au Maroc, où ces derniers sont ciblés pour avoir dénoncé les pratiques du Makhzen.
Au moins cinq personnes ont récemment été arrêtées et poursuivies pour des accusations considérées comme fallacieuses, dans ce qui semble être une stratégie délibérée visant à semer la terreur parmi les citoyens et à réduire au silence les voix dissidentes.Le Parti de la Fédération de la Gauche Démocratique a annoncé dans un communiqué l’arrestation du militant des droits humains Mohamed Benali, citant comme motif « son combat de terrain et son plaidoyer constant pour les droits des populations ». Le parti a exprimé sa profonde inquiétude et sa vive condamnation face à cette « arrestation arbitraire », qu’il considère comme faisant partie d’une campagne systématique plus large ciblant les militants du parti et les acteurs démocratiques. Selon la Fédération de la Gauche Démocratique, cette arrestation arbitraire constitue « le prolongement d’une campagne méthodique visant les militants du parti et les acteurs démocratiques qui subissent harcèlements et pressions dans différentes régions du Maroc, dans une tentative flagrante d’étouffer l’action politique intègre et de museler les voix réclamant la justice sociale et la reddition de comptes ». Le parti affirme sa solidarité « principielle » et « inconditionnelle » avec le militant Benali et avec tous les combattants « qui portent le fardeau de la lutte au sein des conseils élus et en dehors ». L’organisation politique s’est déclarée prête à mener toutes les formes de lutte « pour dénoncer cette dérive dangereuse », appelant toutes les instances des droits humains et démocratiques à s’engager avec elle dans cette bataille et à agir d’urgence pour la libération de Mohamed Benali et de tous les prisonniers d’opinion et les détenus pour des raisons politiques, ainsi que pour mettre fin à toutes les formes de répression et de ciblage.
Dans un contexte connexe, des défenseurs des droits humains ont dénoncé les poursuites judiciaires contre quatre personnes accusées d’avoir documenté un incident impliquant le transport d’une femme enceinte sur un brancard mortuaire dans une zone montagneuse reculée de la ville d’Azilal, dans le centre du pays. Les militants affirment que ces poursuites judiciaires « constituent une tentative de dissimuler la réalité de la marginalisation au lieu de la traiter ». Le système judiciaire marocain a fixé jeudi prochain comme date pour le prononcé du jugement dans cette affaire. Idris Sedraoui, président de l’Association Marocaine pour la Citoyenneté et les Droits de l’Homme, a déclaré dans une déclaration à la presse que de telles poursuites « consacrent une tendance inquiétante vers l’utilisation de textes juridiques répressifs au caractère vague pour réprimer l’opinion au lieu de protéger le débat public et de renforcer la responsabilisation sociale ». Sedraoui a souligné qu’il est « inacceptable que des personnes soient poursuivies simplement pour avoir documenté ou diffusé des faits de nature générale, surtout en l’absence d’intention de diffamation ou d’atteinte à la vie privée, mais dans le contexte de l’expression de la colère populaire face à des situations sociales et humaines douloureuses ».
Par ailleurs, le journaliste marocain Hamid Mehdaoui, directeur de publication d’un site d’information, a annoncé entamer une grève de la faim en raison de l’exposition de sa famille et lui-même à « un intimidation psychologique sévère sur plusieurs fronts et plateformes », selon ce qu’il a confirmé dans une publication sur son compte personnel sur les réseaux sociaux, largement relayée par de nombreux sites d’information locaux.
Dans sa publication, Mehdaoui a écrit : « Après que ma famille et moi avons été exposés à une intimidation psychologique sévère sur plusieurs fronts et plateformes, et après que des responsables ont falsifié des documents me concernant sans justice malgré mon recours aux institutions de mon pays, et après que des institutions médiatiques suspectes se sont jointes à la campagne contre moi, j’ai décidé d’entamer une grève de la faim dont j’annoncerai prochainement le lieu et la durée ».
Ces développements récents s’inscrivent dans un contexte plus large de restrictions croissantes contre la liberté d’expression et les droits civiques au Maroc. Les organisations internationales de défense des droits humains surveillent de près la situation, exprimant leurs préoccupations concernant l’utilisation apparente du système judiciaire pour réduire au silence les critiques légitimes et les rapports sur les conditions sociales.
Lyes Saïdi