Désinformation et menaces cybernétiques : Les experts mettent en garde
Dans un contexte géopolitique marqué par l’intensification des campagnes de désinformation et des attaques cybernétiques visant les fondements identitaires des nations, l’Algérie a organisé mardi à Alger un colloque national d’envergure consacré à « la promotion de l’amazighité dans le cadre de la sécurité identitaire ». Cette rencontre scientifique, qui s’inscrit dans une démarche de consolidation de l’unité nationale face aux défis contemporains, a réuni chercheurs, responsables sécuritaires et experts en sciences sociales autour d’une préoccupation commune : la préservation de l’identité algérienne dans sa diversité. Le secrétaire général du Haut commissariat à l’amazighité, Si El Hachemi Assad, qui supervisait l’ouverture des travaux, a d’emblée posé le cadre stratégique de cette réflexion collective en soulignant « la nécessité de renforcer le front intérieur » face aux tentatives de déstabilisation. Il a particulièrement insisté sur l’urgence de « construire un front médiatique national solide à la hauteur des défis actuels pour se dresser en rempart contre toute tentative de semer le doute ou de déformation et faire face aux attaques cybernétiques systématiques ciblant les fondements de l’identité nationale ». Selon lui, ces offensives numériques ne sont pas fortuites mais visent explicitement à « déstabiliser le pays et à saper la cohésion sociale », nécessitant « une mobilisation et une vigilance pour défendre la souveraineté nationale ». L’approche multidisciplinaire du colloque a permis d’explorer les dimensions historiques et contemporaines de la sécurité identitaire. Mohamed Lahcen Zeghidi, chercheur et président de la Commission algérienne Histoire et Mémoire, a développé une analyse approfondie des liens entre mémoire collective et sécurité identitaire. Il a expliqué que « la mémoire nationale est un espace où convergent plusieurs éléments fondamentaux à savoir : l’islam, l’arabe et tamazight ainsi que le vecteur révolutionnaire ». Cette convergence, selon lui, fait de « la mémoire multidimensionnelle une pierre angulaire de la sécurité identitaire », appelant à « investir dans ces fondements en vue de renforcer l’appartenance nationale et préserver l’unité dans le contexte de la diversité ».
L’intervention de Farid Benramdane, enseignant universitaire et président de l’académie algérienne de toponymie, a enrichi le débat en proposant une grille de lecture institutionnelle. Dans sa communication intitulée « De la diversité à la sécurité identitaire : tamazight, unité nationale et défis de la gouvernance institutionnelle dans l’édification de l’État-nation algérien », il a plaidé pour « une approche multidimensionnelle, prenant en compte l’interaction dynamique entre la culture, la politique et les institutions, selon une vision historique et prospective conciliant rationalité et esprit national et jetant les bases d’une sécurité identitaire authentique et globale ». Son analyse a esquissé les contours d’un « modèle national fédérateur renforçant l’harmonie et l’intégration, sans porter atteinte à la diversité, considérée comme un levier de force et non comme source de division ». La dimension sécuritaire du colloque a été particulièrement mise en relief par les interventions des représentants des institutions de défense et de sécurité. Le représentant du ministère de la Défense nationale a souligné l’évolution des menaces contemporaines, expliquant que « les menaces croissantes ne sont plus uniquement militaires, mais elles touchent désormais le tissu social et culturel des États, et ciblent spécifiquement leur identité nationale ». Cette nouvelle donne oblige l’Armée nationale populaire à adapter ses stratégies de défense pour inclure la protection de l’identité nationale comme enjeu de sécurité nationale.
Le représentant de la Direction générale de la Sûreté nationale a complété cette analyse en insistant sur « l’importance de la coordination et de la coopération avec les partenaires sécuritaires, les pouvoirs publics, les médias et la société civile, en matière de sensibilisation aux risques de diffusion des rumeurs, des fausses informations et du discours de haine à travers les technologies de l’information et de la communication, pour cibler l’unité nationale et les symboles et constantes de la nation ».
Hocine Fadheli