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Investissements agricoles en Algérie: L’Italie et le Qatar à l’offensive

L’Algérie devient progressivement le théâtre d’une véritable offensive d’investissements agricoles étrangers, avec l’Italie et le Qatar en première ligne d’une stratégie ambitieuse de partenariats internationaux. Cette dynamique s’inscrit dans la volonté des autorités algériennes d’atteindre l’autosuffisance alimentaire tout en diversifiant l’économie nationale au-delà des hydrocarbures.

L’Italie affiche ses ambitions lors du salon agricole Sipsa d’Alger, où elle participe en tant qu’invitée d’honneur. Luigi d’Eramo, Sous-secrétaire d’État au ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et des Forêts, a souligné que son pays construit avec l’Algérie une agriculture forte et durable dans une vision partagée de développement et d’innovation. La participation italienne se distingue par un nombre considérable d’entreprises agricoles, positionnant l’Italie en deuxième position pour le nombre d’exposants, témoignant de la solidité du lien bilatéral et de la volonté de renforcer un partenariat agricole mutuel et durable.

Cette présence s’appuie sur des réalisations concrètes déjà en cours. La société italienne Bonifiche Ferraresi a obtenu en mars dernier un contrat de concession de 36 000 hectares à Timimoun pour une durée de 40 ans renouvelable. Ce projet intégré de production de céréales, de légumineuses et de pâtes alimentaires, d’une valeur totale de 420 millions de dollars, est entré dans sa phase de mise en œuvre effective avec l’installation du chantier, le forage de puits et le montage des équipements d’irrigation à pivot central.

Le projet italien prévoit la production de blé, lentilles, haricots secs et pois-chiches sur 35 450 hectares, ainsi que la culture d’oléagineux comme le soja. La superficie restante sera dédiée à la construction d’unités de transformation pour la fabrication de pâtes alimentaires, de silos de stockage et d’autres infrastructures vitales. L’initiative devrait créer plus de 6 700 emplois, dont 1 600 directs, tout en contribuant au renforcement de la production nationale et à l’augmentation des exportations hors hydrocarbures. Cette dynamique d’investissements s’inscrit parfaitement dans le cadre du Plan Mattei pour l’Italie, qui progresse rapidement dans sa mise en œuvre et offre de nouvelles opportunités de collaborations structurées avec l’ensemble du continent africain. D’Eramo a souligné que l’innovation technologique, la mécanisation et la recherche représentent les grands défis de l’avenir, notamment en ce qui concerne le changement climatique et la gestion des ressources en eau.

Après Baladna, Al Rayyan

Parallèlement, le Qatar déploie une stratégie d’envergure avec le méga-projet Baladna, doté d’un budget de 3,5 milliards de dollars. La convention finale pour la réalisation de ce projet intégré de production de lait en poudre dans le sud du pays a été officiellement signée en mars dernier par Souad Assaous, directrice générale de l’Investissement et du Foncier agricole au ministère, et Ali El-Ali, président du conseil d’administration de Baladna Algérie.

Ce projet stratégique s’étendra sur 117 000 hectares dans la wilaya d’Adrar et comprendra des fermes de production d’aliments pour bétail, des élevages bovins pour la production de lait et de viande, ainsi qu’une usine de fabrication de lait en poudre. L’objectif affiché est de produire localement 50% des besoins du marché national en lait en poudre, dans une perspective d’autosuffisance alimentaire. Les travaux ont déjà débuté sur le terrain avec la réalisation de forages exploratoires, tandis que les études de mise en valeur des terres ont été finalisées.

L’offensive qatarie se poursuit avec l’arrivée d’une nouvelle délégation de la société Al-Rayyan Agricultural, reçue mardi par Omar Rekkach, Directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement. Conduite par le président de son conseil d’administration, Abdallah Al-Attiya, cette délégation a exprimé son grand intérêt pour le marché algérien et sa volonté de concrétiser un grand projet d’investissement dans le secteur agricole, avec un accent particulier sur les produits stratégiques à haute valeur ajoutée.

Les autorités algériennes affichent une volonté claire d’ouvrir le secteur agricole à l’investissement étranger, particulièrement dans le Sud où les conditions sont assurées. Selon le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, ces accords reflètent cette politique d’ouverture, avec un objectif global de porter la superficie agricole au sud à 500 000 hectares via la mise en valeur, pour un rendement de 55 quintaux à l’hectare pour le blé.

Sabrina Aziouez

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