Culture

Gardien éternel de l’âme andalouse  : Chafik Hadjadj tire sa révérence

La cène cuturelle est en deuil. Chafik Hadjadj, maître de la musique andalouse, s’en est allé vendredi à l’âge de 75 ans, emportant avec lui 75 années de passion, de savoir et d’amour inconditionnel pour cet art millénaire qui coule dans les veines de l’Algérie profonde. La dépouille de l’artiste Chafik Hadjadj a été inhumée, samedi après-midi au cimetière de Sidi Bel Abbes. Sidi Bel Abbes à Tlemcen, en passant par Oran, ils sont venus nombreux, ces artistes, ces amateurs éclairés, ces représentants d’associations culturelles, pour accompagner vers sa dernière demeure celui qui fut leur maître, leur guide, leur inspiration. Cette affluence spontanée témoigne mieux que tous les discours de l’impact profond qu’a eu Chafik Hadjadj sur la scène artistique algérienne. Car au-delà de l’artiste accompli, c’est un homme de transmission qui disparaît, un passeur entre les générations, un gardien vigilant de notre patrimoine musical.

Abdelhak Amer Berrahou, directeur de la culture et des arts de la wilaya de Sidi Bel Abbes, a su trouver les mots justes pour définir l’essence même de l’œuvre de Chafik Hadjadj. Celui-ci faisait partie de cette génération précieuse d’artistes qui ont consacré leur existence à la préservation du patrimoine musical andalou et à sa transmission aux nouvelles générations. Dans une époque où les musiques éphémères envahissent l’espace sonore, Hadjadj représentait cette résistance culturelle, cette fidélité aux racines qui font la richesse et l’identité d’un peuple.

Spécialiste du Hawzi, cette forme particulière de la musique andalouse, Chafik Hadjadj n’était pas seulement un interprète de talent, mais un véritable éducateur musical. Sa contribution à la formation de nombreux jeunes artistes constitue sans doute l’aspect le plus précieux de son héritage. Dans les conservatoires, les associations culturelles, lors de rencontres informelles, il n’a cessé de transmettre sa science, son expérience, sa vision de cet art exigeant qui demande des années d’apprentissage pour être maîtrisé.

Les honneurs n’ont pas manqué durant sa carrière, notamment lors des « Journées du Printemps andalou » organisées à la Maison de la culture Kateb-Yacine de Sidi Bel Abbes. Ces reconnaissances officielles, si importantes soient-elles, ne sauraient cependant mesurer l’ampleur réelle de sa contribution à l’enrichissement de la scène artistique algérienne. Car l’impact de Chafik Hadjadj se mesure aussi dans les regards émerveillés de ses élèves, dans la perpétuation de mélodies ancestrales, dans la préservation de textes poétiques que seuls quelques initiés maîtrisent encore parfaitement.

L’émotion de Nouri Koufi, artiste et connaisseur, résume parfaitement ce que représentait Chafik Hadjadj pour la communauté artistique algérienne. « Son nom restera gravé dans la mémoire de l’art algérien comme l’un des grands maîtres de la musique andalouse », a-t-il déclaré, soulignant cette dimension patrimoniale de l’œuvre du disparu. Sa disparition constitue certes une grande perte, mais son héritage artistique et pédagogique demeurera une source d’inspiration inépuisable pour les générations futures d’artistes et d’amateurs de cette musique savante.

L’hommage rendu par le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, via les réseaux sociaux officiels du ministère, témoigne de la dimension nationale de cette perte. En présentant ses condoléances à la famille du défunt et à l’ensemble de la communauté artistique algérienne, le ministre a souligné que l’Algérie perdait l’une de ses grandes figures culturelles. Cette reconnaissance institutionnelle honore la mémoire d’un homme qui, sa vie durant, a œuvré dans l’ombre pour que brille toujours plus fort l’éclat de notre patrimoine musical.

M.S.

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *