Culture

Mouss et Hakim font vibrer des textes inédits de Nougaro

« C’est comme un cadeau » : les anciens chanteurs du groupe Zebda, Mouss et Hakim, viennent de mettre en musique des textes inédits de Claude Nougaro, le grand musicien toulousain issu du même quartier populaire qu’eux et qui les faisait « rêver » pendant leur enfance.Avec leur nouvel album, « Darons de la Garonne », dont la sortie est prévue le 9 octobre, ils espèrent, entre autres, « transmettre du Nougaro aux plus jeunes qui ne le connaissent pas forcément », explique Hakim.Outre ces textes inédits confiés aux deux frères par la famille Nougaro, ce nouvel opus comprend notamment une autre version des « Bottes de banlieue », dont les paroles avaient été écrites pour eux par l’auteur-compositeur-interprète décédé en 2004.L’album est marqué par « des couleurs d’accordéon, des cordes, pas mal de cordes. C’est une première pour nous », explique Mouss.Il y a aussi « des rythmiques basse-batterie un peu comme on aime, c’est-à-dire avec des côtés un peu reggae, un peu rock. Mais aussi des choses plus espacées, plus respirantes », poursuit-il.

Dans tous les cas, il ne s’agit pas de « refaire du Nougaro. On n’allait pas chanter comme ça », ajoute, amusé, Hakim, en imitant fort bien l’auteur et interprète de « Nougayork ».Cet album est l’aboutissement d’une longue relation, d’abord avec Claude Nougaro lui-même, puis avec sa famille. Car, après avoir « rêvé » grâce à lui, Mouss et Hakim l’ont rencontré à plusieurs reprises et reçu son soutien de différentes façons.

En 2018, la soeur cadette de Claude Nougaro, Hélène Bignon, séduite par le « côté spontané et chaleureux » de ces « aristocrates des faubourgs », décide de leur confier ces textes inédits. »Quand sa soeur nous propose de nous envoyer des textes inédits, d’abord on réagit comme quand on reçoit un cadeau qui est une surprise. On est vraiment touché, ému, et puis tout de suite on a envie de relever le défi », même si « on a aussi un peu peur », se rappelle Mouss.Pour Hélène Bignon, qui s’est occupée des éditions de son grand frère pendant 24 ans, « ils en ont fait quelque chose de très fouillé, avec beaucoup de soin et beaucoup de respect, sans se départir pour autant de leur côté juvénile ».Cécile Nougaro, fille de Claude, note aussi avec satisfaction que « la mort ne rôde pas » dans cet album.

« Généralement, quand les gens reprennent mon père, il y a toujours cette notion d’hommage. C’est dommage parce que ça met une distance », précise-t-elle.Or, Mouss et Hakim « portent une joie en eux qui fait un bien fou ».Claude Nougaro, puis Mouss et Hakim, ont grandi dans le même quartier populaire de Toulouse, celui des Minimes, près du centre-ville, où les petites maisons en briques se mêlent aux cités.A une quarantaine d’années d’écart, ils ont fréquenté la même école.

Quand les futurs chanteurs de Zebda sont enfants, « Nougaro est déjà au sommet de sa carrière. Il fait partie des grands chanteurs français, au même titre que Brel, Perret, Brassens, Trenet, voire Piaf », raconte Mouss. »Quand on nous disait qu’il était de notre quartier, ça nous faisait rêver », poursuit-il. »Il était la vedette du quartier. C’était l’artiste majeur de Toulouse et d’autant plus des Minimes », précise Hakim.Quelques dizaines d’années après, son frère et lui occuperont cette même place.Mais leurs affinités iront bien au-delà de leur attachement au même quartier toulousain.Car Nougaro n’est pas non plus « n’importe quel chanteur français. C’est le gars qui va faire des disques en Afrique, au Brésil, qui va tout de suite aller dans la world music », souligne Mouss. »Bien sûr, il va travailler sa poésie, ses textes mais il va aussi donner une place à la musique, aux arrangements. Ce n’est pas du piano-voix, c’est du jazz, de la java, de la musique brésilienne, de la musique africaine ».

AFP

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