Saadaoui donne le coup d’envoi des épreuves du BEM: La numérisation, clé de voûte de la réforme éducative
Plus de 826 000 candidats ont entamé dimanche leurs épreuves du Brevet d’enseignement moyen en pleine réforme éducative.
Depuis Ghardaïa, le ministre de l’Éducation nationale Mohamed Seghir Saâdaoui a donné le coup d’envoi de l’examen du BEM. Une session 2025 qui s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation où la technologie devient l’outil central d’une école repensée pour l’égalité des chances. Accompagné du wali de Ghardaïa Abdallah Abi Nouar, le ministre a procédé à l’ouverture des plis de l’épreuve de langue arabe au niveau du collège Mohamed Boudiaf. La numérisation, présentée comme la clé de voûte de la réforme éducative en cours, transforme progressivement les méthodes d’enseignement et d’évaluation. « La numérisation du secteur de l’éducation permet de consolider et de renforcer l’égalité des chances à l’école et l’équité sociale », a déclaré M. Saâdaoui lors d’une conférence de presse au siège de la wilaya. Cette vision d’une école démocratisée par le numérique se concrétise déjà dans les inscriptions. Les parents d’élèves sont désormais tenus d’inscrire leurs enfants via une plateforme numérique pour l’entrée en première année primaire, une mesure présentée comme un gage d' »équité sociale ».
Les délais d’inscription en première année prorogés au 15 juin
Les délais d’inscription ont d’ailleurs été prorogés jusqu’au 15 juin pour permettre à toutes les familles de s’adapter à cette nouvelle procédure dématérialisée. Cette digitalisation des démarches administratives illustre la volonté du ministère de moderniser l’ensemble de la chaîne éducative, de l’inscription aux examens. L’ampleur logistique de cette session 2025 du BEM témoigne de l’engagement des pouvoirs publics dans cette transformation. Répartis sur plus de 3 000 centres d’examen à travers le territoire national, les 826 970 candidats dont 814 523 scolarisés et 12 447 libres bénéficient d’un encadrement renforcé avec plus de 240 000 superviseurs. Dans les wilayas du Sud, plus de 40 000 candidats composent dans plus de 200 centres spécialement aménagés pour faire face aux contraintes climatiques. À Bordj Badji-Mokhtar, wilaya frontalière de l’extrême-Sud, des moyens de transport ont été mobilisés pour les candidats des régions éloignées, tandis que les centres d’examen ont été équipés de fontaines d’eau fraîche, de groupes électrogènes et de citernes d’eau. « Tous les moyens nécessaires ont été mobilisés pour permettre aux candidats de passer les épreuves de cet important examen final dans des conditions pédagogiques favorisant l’émulation positive », a souligné le ministre. Cette attention particulière portée aux conditions matérielles s’étend également aux candidats à besoins spécifiques. À Ghardaïa, trois salles leur sont spécialement réservées, illustrant la volonté d’inclusion qui accompagne la réforme éducative. Au total, 1 582 candidats à besoins spécifiques bénéficient d’aménagements adaptés, aux côtés des élèves hospitalisés et des membres de la communauté nationale de retour au pays.
La sécurisation de ces examens mobilise également des moyens considérables. Le ministre de l’Intérieur Brahim Merad a annoncé la mobilisation de près de 22 000 éléments de la Protection civile et de plus de 2 600 véhicules d’intervention, tandis que la Direction générale de la sûreté nationale déploie 56 000 agents pour sécuriser l’ensemble des épreuves du BEM et du Baccalauréat. Cette militarisation apparente des examens révèle l’enjeu stratégique que représente l’éducation pour les autorités algériennes.
La qualité au cœur de la transformation pédagogique
Au-delà de l’organisation matérielle, c’est toute la philosophie éducative qui évolue. « L’enjeu pour le secteur de l’éducation est de réduire les inégalités scolaires et de chances et de favoriser l’épanouissement des élèves et l’émergence de la compétence », a expliqué M. Saâdaoui. Cette ambition se traduit par une refonte progressive des méthodes d’évaluation, avec l’extension du processus d’évaluation des acquis à deux nouveaux niveaux scolaires. La Commission nationale chargée de la qualité de l’enseignement travaille actuellement sur de nouveaux programmes et curricula, dont les résultats concernant la troisième année primaire seront dévoilés prochainement. La formation des enseignants constitue l’autre pilier de cette transformation. « Nous nous attelons à soutenir par la formation spécialisée les enseignants dans des écoles de formation supérieure, afin de permettre l’émergence d’enseignants compétents », a précisé le ministre, rappelant qu’un « système éducatif de qualité est tributaire d’une meilleure formation de l’enseignant dans la pratique pédagogique ». Cette montée en compétence s’accompagne d’une spécialisation accrue, avec l’objectif de confier chaque matière à un enseignant spécialisé, un défi relevé par les Écoles normales supérieures et la formation continue. La lutte contre la fraude aux examens témoigne également de cette quête de qualité. « Grâce aux mesures efficaces prises en ce sens, les candidats peuvent passer leurs épreuves dans la sérénité », s’est félicité le ministre, qui a « noté avec satisfaction le recul de ce phénomène ». Cette amélioration de l’intégrité des examens participe de la crédibilisation du système éducatif algérien. Face aux défis de la désinformation, le ministre a également appelé les candidats à « éviter d’interagir avec les fausses informations circulant sur les réseaux sociaux », les invitant à se concentrer sur leur examen dont « les sujets sont puisés dans les cours dispensés en classe durant l’année scolaire ». Cette mise en garde illustre les nouveaux défis auxquels doit faire face l’école à l’ère numérique. « Le secteur de l’éducation poursuit son cheminement vers l’avènement d’un système éducatif de qualité, fortement numérisé, inclusif, innovant et à même de préparer les jeunes à relever les défis de demain », a conclu M. Saâdaoui.
Lyna Larbi