Économie

Production de gaz naturel à l’horizon 2050: L’Afrique s’imposera en moteur de la croissance

Le marché mondial du gaz naturel s’apprête à connaître une transformation majeure d’ici 2050.  Selon la 9e édition du GECF Global Gas Outlook, la production mondiale devrait atteindre 5 317 milliards de mètres cubes (mmc), soit une hausse spectaculaire de 30% par rapport à 2023. Cette croissance, estimée à 1% par an, masque cependant un bouleversement géographique sans précédent qui repositionne l’Afrique, et particulièrement l’Algérie, au centre de l’échiquier énergétique mondial. Le continent africain s’imposera dans les prochaines années comme le champion de la croissance avec un taux annuel composé de 2,5%, soit plus du double de la moyenne mondiale. Cette performance exceptionnelle permettra à l’Afrique de pratiquement doubler sa production d’ici 2050, avec une augmentation remarquable de 99%.

L’Algérie, forte de ses vastes réserves conventionnelles et non conventionnelles, s’inscrit parfaitement dans cette dynamique continentale. Le pays devrait maintenir son élan de production grâce au développement de ses ressources traditionnelles et à l’exploitation prévue de ses gisements non conventionnels dès le début des années 2030, souligne le GECF. Cette diversification des sources d’approvisionnement renforce la position stratégique de l’Algérie sur les marchés européens, où elle constitue déjà un fournisseur privilégié.

Selon le même rapport, les trois régions émergentes – Afrique, Eurasie et Moyen-Orient – qui représentaient 44% de la production mondiale en 2023, devraient capturer 87% de la croissance totale d’ici 2050. Leur part de marché combinée dépassera 54% à mi-siècle, marquant un transfert de pouvoir énergétique depuis l’Amérique du Nord vers ces nouvelles puissances gazières.

Le Moyen-Orient affiche une remarquable constance avec une croissance de 2% par an, portée par les expansions massives du Qatar (North Field), de l’Arabie Saoudite (projet Jafurah à 100 milliards de dollars) et des Émirats Arabes Unis. Cette région ajoutera 461 mmc à la production mondiale, soit une progression de 70%. L’Eurasie, menée par la Russie, le Turkménistan et l’Azerbaïdjan, consolidera sa position de deuxième producteur mondial avec 1 208 mmc d’ici 2050, bénéficiant d’efforts soutenus de diversification des routes d’exportation.

Le déclin programmé de l’Amérique du Nord

Paradoxalement, l’Amérique du Nord, actuellement leader mondial avec 31% de la production, connaîtra un ralentissement dramatique. Après des décennies de croissance exceptionnelle portée par la révolution du gaz de schiste (14% par an au début des années 2010), la région atteindra son pic de production dans les années 2030 avant d’entamer un déclin progressif. Les États-Unis, moteur de cette expansion, verront leur production stagner puis diminuer de 50 mmc entre 2041 et 2050. Cette inflexion s’explique par l’épuisement naturel des gisements non conventionnels, dont la production devrait chuter de 1 108 mmc en 2023 à seulement 45 mmc en 2050. Les récentes tensions commerciales, notamment les tarifs imposés en avril 2025 et les mesures de rétorsion chinoises sur les importations de GNL américain, accentuent cette tendance baissière.

Cette transformation nécessite des investissements pharaoniques de 11,1 billions de dollars d’ici 2050, dont 10,4 billions dédiés à l’amont.

Cette redistribution géographique de la production gazière renforce considérablement la sécurité énergétique mondiale en diversifiant les sources d’approvisionnement. Pour l’Europe, traditionnellement dépendante des importations, cette diversification offre de nouvelles options stratégiques, particulièrement précieuses dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. L’Algérie, grâce à sa proximité géographique avec l’Europe et ses infrastructures de transport existantes (gazoducs trans-méditerranéens), se positionne comme un partenaire énergétique de premier plan pour accompagner cette transition. Le pays dispose d’atouts considérables pour capter une part significative de cette croissance mondiale, à condition d’intensifier ses investissements en exploration-production et de moderniser ses capacités d’exportation.

Samira Ghrib

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