Culture

Patrimoine: Le dossier des itinéraires culturels numides à l’Unesco

Le mausolée de Syphax constitue l’un des témoins architecturaux les plus remarquables de l’époque numide en Afrique du Nord.

Le ministre de la Culture et des Arts, Zoheir Bellalou, a annoncé lundi à Aïn Temouchent le dépôt du dossier des itinéraires culturels des mausolées funéraires et tombes numides auprès de l’UNESCO pour inscription au patrimoine mondial. Cette démarche ambitieuse vise à faire reconnaître à l’échelle planétaire l’exceptionnelle richesse archéologique de l’Algérie antique et à valoriser l’héritage de la civilisation berbère. « La wilaya d’Aïn Temouchent est concernée par ce dossier à travers le mausolée du roi Syphax », a souligné le ministre, mettant en avant l’importance stratégique de ce site dans la candidature nationale.

Cette initiative s’inscrit dans une politique culturelle globale qui reconnaît le potentiel touristique et scientifique considérable de ces vestiges historiques. Le mausolée de Syphax, situé dans la commune de l’Emir Abdelkader, constitue l’un des témoins architecturaux les plus remarquables de l’époque numide en Afrique du Nord. Ce monument funéraire, dédié au roi des Masæsyles qui régna au IIIe siècle avant J.-C., représente un patrimoine archéologique d’une valeur inestimable, tant par son état de conservation que par sa signification historique dans l’histoire de la résistance berbère face à l’expansion romaine.

La visite ministérielle au village de Beni Ghanem a permis de constater l’achèvement des travaux d’urgence de conservation du mausolée royal. Lors de cette étape, Zoheir Bellalou a reçu deux présentations techniques approfondies : la première concernant l’étude des travaux d’intervention préventive sur le site de Syphax, la seconde relative au plan de protection du site archéologique de Siga, récemment approuvé par l’Assemblée populaire de wilaya. Ces mesures témoignent d’une approche intégrée qui associe protection patrimoniale et développement économique local, plaçant la valorisation du patrimoine historique au cœur des stratégies de développement territorial.

Le ministre a profité de cette visite pour donner des instructions précises aux représentants de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés et à la direction de la culture de la wilaya. Il a notamment insisté sur la nécessité d’« achever l’inventaire du patrimoine culturel matériel présent sur le territoire de la wilaya et de préparer les dossiers de classement, notamment pour le site d’Aghbal, comme étape d’urgence visant à l’intégrer dans les circuits touristiques ». Cette démarche méthodique vise à constituer un corpus exhaustif des richesses patrimoniales locales pour optimiser leur protection juridique et leur valorisation touristique.

Patrimoine immatériel

L’approche du ministère ne se limite pas au patrimoine matériel. Zoheir Bellalou a également souligné « la nécessité d’inventorier le patrimoine culturel immatériel, dans le but d’enrichir la banque de données nationale spécialisée dans cette catégorie de patrimoine, contribuant ainsi à sa préservation et sa valorisation ». Cette vision globale reconnaît l’importance des traditions orales, des pratiques artisanales et des expressions culturelles populaires comme composantes essentielles de l’identité culturelle algérienne.

La stratégie culturelle pour la wilaya d’Aïn Temouchent s’articule autour d’un calendrier d’événements ambitieux. Le ministre a confirmé l’organisation du Festival culturel national des marionnettes Garagouz en août prochain, accompagné d’un événement national dédié aux formations de cuivres et d’un atelier national consacré à l’intégration des biens culturels et du patrimoine naturel dans la dynamique touristique de la wilaya, en coordination avec les secteurs du tourisme et de l’environnement. « Au vu du potentiel culturel et patrimonial de la wilaya, un atelier national sera organisé avant la fin de l’année en cours pour valoriser l’ensemble des éléments culturels et en faire des ressources profitables au développement culturel et touristique de la région », a-t-il précisé.

La dimension immatérielle du patrimoine n’est pas négligée dans cette approche globale. Le ministre a donné des instructions à la bibliothèque principale de lecture publique pour « organiser une rencontre nationale spécialisée dans les conteurs traditionnels et travailler à la documentation de ce patrimoine oral authentique qui fait la renommée de la région, dans le cadre de la préservation de la mémoire populaire et de la valorisation de la création orale dans le paysage culturel national ». Cette initiative répond à l’urgence de sauvegarder les traditions orales menacées par les mutations sociales contemporaines.

Mohand Seghir

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