Nucléaire : L’Iran prépare sa propre proposition
L’Iran a annoncé lundi qu’il allait soumettre prochainement aux États-Unis sa propre proposition pour un accord sur le dossier nucléaire iranien, après avoir vivement critiqué l’offre américaine jugée insuffisante et déséquilibrée. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Téhéran et Washington concernant les négociations nucléaires. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, a précisé lors d’un point de presse hebdomadaire à Téhéran que cette proposition serait transmise par l’intermédiaire d’Oman, qui joue un rôle de médiateur dans ces négociations délicates. « Une fois finalisé, nous proposerons bientôt notre propre plan à l’autre partie, par l’intermédiaire d’Oman. C’est une proposition raisonnable, logique et équilibrée, et nous recommandons vivement à la partie américaine de saisir cette occasion », a-t-il déclaré.
Cette annonce fait suite aux critiques sévères formulées par les dirigeants iraniens concernant la proposition américaine récente. Le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, avait exprimé dimanche son mécontentement face à l’offre américaine, soulignant notamment l’absence de mentions concernant la levée des sanctions économiques contre l’Iran. « Le fait que le plan américain ne mentionne même pas la levée des sanctions montre clairement que le comportement des États-Unis est contradictoire et manque d’honnêteté », avait-il déclaré selon une vidéo diffusée par la télévision d’État iranienne. Les pourparlers nucléaires, engagés en avril via une médiation omanaise entre les deux pays, traversent actuellement une phase difficile et marquent le pas face aux divergences fondamentales entre les positions iranienne et américaine. Téhéran réclame avec insistance la levée des sanctions qui asphyxient son économie en échange de garanties que son programme nucléaire est uniquement destiné à des fins pacifiques.
La semaine dernière, l’Iran avait confirmé avoir reçu des « éléments » d’une proposition américaine d’accord à l’issue de cinq cycles de négociations. Cependant, cette offre a été jugée largement insatisfaisante par les autorités iraniennes. Mohammad-Bagher Ghalibaf a qualifié cet accord potentiel de « unilatéral et imposé », estimant qu’aucune logique rationnelle ne pouvait l’accepter en l’état. Il a également suggéré que le président américain devrait « changer d’approche s’il cherche vraiment un accord ».
Les critiques iraniennes se sont étendues jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait qualifié mercredi la proposition américaine de « 100% contraire » à la volonté iranienne d’indépendance et d’autosuffisance, marquant ainsi le rejet catégorique de l’offre par la direction politique suprême du pays.
Le ministre iranien des Affaires étrangères et principal négociateur, Abbas Araghchi, a également pointé les « nombreuses ambiguïtés » contenues dans l’offre américaine. Il a réaffirmé mardi la position ferme de Téhéran en déclarant que l’Iran « ne demandera à personne la permission de continuer à enrichir de l’uranium », soulignant ainsi la détermination iranienne à maintenir ses activités nucléaires selon ses propres termes.
Ces développements diplomatiques interviennent dans un contexte géopolitique tendu où les deux nations tentent de trouver un terrain d’entente sur le programme nucléaire iranien, un dossier qui cristallise les tensions régionales et internationales depuis plusieurs années.
R.I.