Plus d’un million et demi de comprimés psychotropes saisi à Batna : Narcotrafic, une menace pour la sécurité nationale

Les services de sécurité viennent de démanteler un important réseau de trafic de psychotropes à l’Est du pays et saisi plus d’un million et demi de comprimés psychotropes. Un chiffre qui donne le tournis mais qui ne reflète qu’une fraction des quantités que les réseaux criminels déversent sur le marché.

La saisie spectaculaire de près de 1,5 million de comprimés psychotropes à Batna dimanche dernier révèle l’ampleur d’une menace qui dépasse désormais le cadre de la criminalité ordinaire pour devenir un véritable enjeu de sécurité nationale. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale publié lundi, « dans la dynamique des efforts soutenus contre la criminalité organisée multiforme, les services compétents de la sécurité de l’armée, en coordination avec les Douanes algériennes ont arrêté, hier 8 juin 2025, au niveau du Secteur militaire de Batna (5e Région militaire), trois (3) criminels et saisi un camion citerne transportant une quantité importante de comprimés psychotropes s’élevant à un million quatre cent quatre vingt dix neuf mille cinq cent cinquante (1.499.550) comprimés de type prégabaline 300 mg et une somme d’argent qui s’élève à cinq millions quatre cent cinquante-et-un mille (5.451.000) DA ».

Le communiqué précise que « cette opération qui s’inscrit dans le sillage des efforts soutenus dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic dans notre pays, dénote du haut professionnalisme, de la vigilance et de l’entière disposition de nos Forces armées ». Elle illustre également la sophistication croissante des réseaux de narcotrafiquants qui tentent de transformer l’Algérie en plaque tournante du trafic international de stupéfiants.

L’arrestation de ces trois criminels en possession d’un camion-citerne rempli de psychotropes, accompagnée de la saisie d’une importante somme d’argent, témoigne de l’organisation industrielle de ce trafic. Cette quantité phénoménale de prégabaline, dissimulée dans un véhicule de transport banal, révèle les méthodes raffinées employées par les trafiquants pour contourner les dispositifs de sécurité et inonder le marché national de substances dangereuses.

Cette saisie s’inscrit dans une tendance alarmante qui transforme le paysage sécuritaire algérien. Les statistiques officielles de 2024 dressent un tableau préoccupant de l’évolution du narcotrafic. La Gendarmerie nationale a enregistré une augmentation de 152% des saisies de drogues dures par rapport à 2023, démontrant l’intensification des tentatives d’introduction de stupéfiants sur le territoire national. Cette progression vertigineuse témoigne d’une pression sans précédent exercée par les réseaux internationaux sur les frontières algériennes.

Une guerre contre l’Algérie

Le bilan annuel 2024 de la Gendarmerie nationale confirme cette tendance préoccupante avec le démantèlement de 82 réseaux de trafic de drogue et de 110 réseaux spécialisés dans les comprimés psychotropes. Au total, plus de 26 tonnes de kif traité, 9,9 millions de comprimés psychotropes et plus de 147 kilogrammes de cocaïne ont été saisis. Le nombre de narcotrafiquants arrêtés a augmenté de 18%, atteignant plus de 24.000 individus, parmi lesquels des barons de la drogue et des trafiquants marocains.

L’Armée nationale populaire présente un bilan tout aussi éloquent pour 2024 avec l’arrestation de 2.621 narcotrafiquants et la mise en échec de l’introduction de 36,8 tonnes de kif traité provenant des frontières avec le Maroc, sans compter 631 kilogrammes de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes saisis. Ces chiffres révèlent l’existence d’un écosystème criminel complexe impliquant des complicités étrangères avérées et des ramifications internationales structurées.

Face à cette menace grandissante, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a réaffirmé la au mois de mai dernier détermination de l’État à mener « une guerre implacable contre les bandes de trafiquants de drogue ». Lors d’une séance à l’Assemblée populaire nationale consacrée au projet de loi relatif à la prévention contre la drogue, le ministre a souligné la gravité de la situation actuelle, déclarant qu’il s’agissait d’une véritable « guerre contre l’Algérie ».

Le garde des Sceaux a expliqué que la modification de la législation en vigueur s’impose en raison de « la prolifération alarmante » du phénomène, nécessitant une révision urgente « pour mettre un terme à ce crime par des moyens coercitifs ». Cette approche législative durcie témoigne de la prise de conscience des autorités face à un fléau qui menace la stabilité sociale et sécuritaire du pays.

Dans ce contexte, l’Algérie est résolue, « grâce à ses hommes loyaux des corps de sécurité et de l’Armée nationale populaire (ANP) », à neutraliser les réseaux de narcotrafiquants, avec l’assurance que « la justice sera intransigeante et les éradiquera ». La coordination entre les différents services sécuritaires, illustrée par l’opération de Batna, constitue un atout majeur dans cette lutte sans merci contre un ennemi qui ne connaît ni frontières ni scrupules.

Hocine Fadheli