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Transport maritime : Des opérateurs privés à la rescousse !

À quelques semaines du début de la saison estivale, l’Algérie anticipe une forte affluence de ses ressortissants établis à l’étranger. Pour faire face à cette migration saisonnière traditionnelle, le secteur maritime national connaît une dynamique nouvelle avec l’arrivée d’opérateurs privés qui viennent compléter l’offre des compagnies publiques historiques. Cette diversification de l’offre maritime s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation du secteur portuaire algérien, devenu priorité nationale sous l’impulsion des plus hautes autorités de l’État.

Abdelkrim Ghezal, président-directeur général du Groupe Serport, l’entreprise publique gestionnaire des ports, a faithier le point sur cette évolution lors de son intervention sur les ondes de la Radio algérienne. « Ce sont entre six et sept opérateurs qui desservent désormais les gares maritimes algériennes depuis le sud de l’Europe », a-t-il déclaré, soulignant cette montée en puissance du secteur privé. Parmi ces nouveaux acteurs, il a notamment cité les compagnies Aurès, Nawres El Bahr, la société espagnole Balearia, l’italienne GMI qui vient tout juste de lancer sa première ligne vers l’Algérie, ainsi que le groupe public Madar qui finalise actuellement l’affrètement d’un navire pour la saison.

Cette multiplication des liaisons répond à un impératif concret exprimé par le dirigeant de Serport : « Nos gares maritimes sont prêtes à accueillir les voyageurs dans les meilleures conditions de confort ». L’objectif affiché consiste à absorber l’augmentation prévisible du nombre de passagers issus de la diaspora algérienne tout en leur garantissant un service de qualité. Pour y parvenir, plusieurs mesures ont été mises en œuvre, notamment la simplification des formalités douanières directement à bord des navires, la décongestion des zones d’embarquement et de débarquement, ainsi que l’optimisation globale des procédures portuaires.

Ces améliorations s’inscrivent dans une démarche de modernisation continue du secteur, qui dépasse largement la seule question du transport de passagers. Le PDG de Serport a insisté sur la nécessité de répondre également aux exigences des opérateurs économiques, qu’il s’agisse des flux d’importation ou d’exportation. Cette préoccupation n’est pas anecdotique puisque 95% des échanges commerciaux du pays transitent par les infrastructures portuaires nationales, faisant des ports un enjeu stratégique majeur pour l’économie nationale.

Nouveaux terminaux

La vision gouvernementale pour le secteur portuaire s’appuie sur des instructions présidentielles claires visant à transformer radicalement le fonctionnement de ces infrastructures critiques. « Les instructions du Président Abdelmadjid Tebboune, visant à instaurer un régime de travail en continu 24h/24, visent à améliorer la performance de nos ports », a rappelé Abdelkrim Ghezal. Cette révolution organisationnelle poursuit des objectifs précis : réduction significative des temps d’attente en rade, raccourcissement des délais de séjour des navires à quai, et fluidification générale du trafic maritime.

Pour concrétiser cette ambition, des investissements structurels ont été engagés avec la création de zones de dégagement spécialement dédiées aux conteneurs dans les ports d’Alger, Skikda et Béjaïa. Ces nouvelles installations visent à désengorger les terminaux principaux et à optimiser les flux logistiques. Parallèlement, de nouveaux terminaux entreront prochainement en service à Djendjen, Oran et El Hamdania, renforçant considérablement les capacités nationales.

Cette transformation du paysage portuaire algérien répond à une logique économique précise explicitée par le dirigeant de Serport : « La feuille de route mise en œuvre, en concertation avec l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique portuaire, vise à réduire le coût des importations et des exportations afin de rendre nos produits plus compétitifs sur les marchés internationaux ». Cette approche collaborative associe l’ensemble des parties prenantes dans une démarche d’optimisation globale des coûts et des délais.

L’horizon temporel de cette modernisation s’étend bien au-delà de la saison estivale 2025. Abdelkrim Ghezal a révélé qu’un programme ambitieux d’infrastructures portuaires nouvelles se déploiera jusqu’en 2035, avec la particularité d’être implantées en dehors des zones urbaines pour répondre aux besoins futurs du pays sans créer de nuisances pour les populations. Parmi les projets les plus emblématiques figure l’aménagement d’une plateforme spécialisée à Annaba, conçue pour devenir un véritable « port de vrac » capable de traiter les marchandises en grande quantité.

Cette vision à long terme témoigne de l’ambition des autorités de faire du secteur portuaire un véritable levier de développement économique national, capable de répondre aux défis logistiques contemporains tout en anticipant les évolutions futures du commerce international.

Samir Benisid

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