Alger s’érige en capitale de la culture hassaniya : Un pont culturel entre l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara occidental
Dans une démarche inédite de valorisation du patrimoine saharien, Alger accueille depuis ce week-end la prestigieuse manifestation « Alger capitale de la culture hassaniya 2025 », reprenant le flambeau après la Mauritanie dans un élan de fraternité culturelle transfrontalière. Cette initiative, qui se déroule jusqu’au 23 juin au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, rassemble l’Algérie, la Mauritanie et la République arabe sahraouie démocratique autour d’un héritage culturel commun millénaire. L’événement revêt une dimension politique et culturelle majeure, comme l’a souligné le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, lors de la cérémonie d’inauguration. « N’est pas un simple transfert symbolique, mais incarne la profondeur des liens que nous avons avec ce pays, et avec tous les peuples frères qui participent à nos côtés dans cet espace culturel, dont la République arabe sahraouie démocratique », a déclaré le ministre, inscrivant cette manifestation dans une perspective géopolitique plus large. Cette rencontre culturelle transcende les frontières administratives pour célébrer un patrimoine vivant. Pour Zouhir Ballalou, « la culture hassaniya demeure vivante dans plusieurs régions du pays qui préservent, à ce jour, leurs traditions hassanies authentiques, illustrant ainsi l’ancrage profond des similitudes culturelles et spirituelles entre l’Algérie et son voisinage africain et arabe ». Son homologue mauritanien, Al-Houssein Ould Medou, a apporté une perspective historique particulièrement éclairante sur cette initiative. « Le choix d’Alger, riche de son legs révolutionnaire et culturel ancestral, pour être la capitale de la culture hassaniya, revêt une portée hautement symbolique car il confirme que la culture hassaniya est un héritage commun aux peuples de cet espace libre dont les frontières n’ont été définies et soumises aux contraintes administratives que récemment », a-t-il expliqué, évoquant un territoire « dont les contours tracés par les caravanes, la poésie, les assemblées et les liens fraternels ». La dimension militante de cette célébration culturelle n’a pas échappé au ministre sahraoui de la Culture, Moussa Salma Labid, qui y voit bien plus qu’un simple événement festif. « Cette grande manifestation n’est pas un évènement historique conjoncturel, mais constitue une halte militante symbolique qui confirme que la culture hassaniya, de par son poids, sa profondeur et son étendue, est l’un des fondements de l’identité », a-t-il affirmé, soulignant le rôle de cette culture comme « rempart pour lutter contre l’oubli ». La programmation reflète cette ambition de transmission et d’enrichissement mutuel. Plus d’une centaine d’artistes, chercheurs et écrivains – quarante mauritaniens et soixante sahraouis – convergent vers Alger pour participer à un programme dense mêlant colloques scientifiques, projections cinématographiques et soirées artistiques. Le premier colloque international « La Culture Hassaniya : identité et profondeur africaine partagée » réunira dimanche des chercheurs des trois pays pour débattre des enjeux contemporains de cette culture face à la mondialisation. L’aspect cinématographique occupe une place particulière avec une conférence dédiée au « cinéma au service de la culture hassaniya », illustrant la volonté de moderniser les vecteurs de transmission de ce patrimoine. Les soirées artistiques mettront à l’honneur les instruments traditionnels tidinit et ardin, symboles de la musicalité hassaniya, au Théâtre national algérien. Cette manifestation s’inscrit dans une stratégie culturelle plus large du ministère algérien, qui a lancé des projets ambitieux incluant la publication d’ouvrages sur le patrimoine hassani et la préparation de productions cinématographiques documentaires. « La culture hassaniya en Algérie représente un élément vivant de notre identité et un domaine prometteur d’échange avec les peuples voisins, ce qui nous incite à réfléchir aux moyens de développer une diplomatie culturelle dynamique », a conclu Zouhir Ballalou.
M.S.