Le ministère des Finances fixe le cadrage budgétaire pour 2026 : Rigueur budgétaire et diversification économique en maître-mots
L’Exécutif lance la préparation du projet de loi de finances et du budget de l’État pour 2026 au moment où l’Algérie doit faire face à de nombreux défis économiques dans un environnement mondial marqué par de profondes incertitudes géopolitiques et des tensions commerciales accrues, notamment entre les États-Unis et la Chine.
Dans ce contexte délicat, caractérisé par un ralentissement du commerce mondial et des pressions inflationnistes persistantes, l’Algérie entend poursuivre sa trajectoire de croissance tout en renforçant la maîtrise de ses dépenses publiques. La note de la direction générale du Budget relevant du ministère de Finances et fixant le cadrage de l’avant-projet de loi de finances pour 2026 rappelle dans ce sens que selon les dernières projections du Fonds monétaire international, l’économie algérienne devrait afficher une croissance du PIB réel de 3,5% à la clôture de 2024, légèrement inférieure aux 4,1% enregistrés en 2023. Pour la période 2025-2027, les perspectives restent néanmoins encourageantes avec une croissance attendue de 4% en 2025, 4,2% en 2026 et 4,1% en 2027. Le PIB nominal devrait quant à lui atteindre 36.399,28 milliards de dinars en 2024, marquant une progression de 8,2% par rapport à 2023.
Cette performance économique place l’Algérie parmi les trois premières puissances économiques du continent africain, avec un PIB de près de 269 milliards de dollars en 2025 et un taux d’inflation maîtrisé à 3,7%, créant ainsi un environnement favorable aux investissements internationaux. Cette stabilité macroéconomique constitue un atout majeur dans un contexte mondial inflationniste.
Selon la même note, le Cadre de Dépenses à Moyen Terme pour 2026-2028 fixe le niveau global des dépenses à 17.948,64 milliards de dinars pour 2026 et 17.387,52 milliards de dinars pour 2027, conformément à la loi de finances 2025. Cette approche pluriannuelle vise à aligner les dépenses publiques sur les priorités stratégiques du gouvernement tout en garantissant leur soutenabilité.
Élargissement de l’assiette fiscale
En matière de recettes, la note recommande de privilégier l’élargissement de l’assiette fiscale plutôt que l’augmentation des taux d’imposition. Les mesures envisagées s’articulent autour de la mobilisation des ressources, de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, ainsi que de la simplification des procédures pour améliorer le climat des affaires. L’accent est mis sur le recensement de la population fiscale et l’intégration progressive du marché informel par le biais d’incitations financières et fiscales ciblées.
S’agissant des dépenses, une hiérarchisation rigoureuse est imposée avec trois niveaux de priorité : les dépenses incompressibles incluant les traitements du personnel et les transferts sociaux, les dépenses de maintien des services publics, et enfin les nouvelles mesures qui ne pourront être financées qu’en fonction de la marge de manœuvre dégagée. Cette approche vise à éviter les engagements non soutenables tout en préservant la qualité du service public.
Maîtrise des recrutements
Pour les dépenses de personnel, une maîtrise stricte des recrutements est prévue avec un principe de remplacement d’un poste sur cinq rendus vacants, y compris pour les départs à la retraite. L’augmentation des traitements se limitera à la prise en charge de l’avancement statutaire dans une fourchette de 0,6% à 1,5%. Cette politique de ressources humaines privilégie l’optimisation des effectifs existants et la réaffectation du personnel plutôt que de nouveaux recrutements massifs.
Concernant les dépenses de fonctionnement, une rationalisation significative est attendue, notamment pour les charges énergétiques à travers l’adoption d’énergies renouvelables et l’installation de systèmes solaires photovoltaïques dans les administrations publiques. Les frais de missions, déplacements et réceptions feront l’objet d’un calcul au réel pour éviter la constitution de créances, tandis que le recours aux visioconférences est vivement encouragé pour réduire les coûts.
Hiérarchiser les investissements
Le volet investissement accorde une priorité absolue au parachèvement des programmes en cours, notamment ceux financés par le Compte d’Affectation Spéciale des investissements publics dont la clôture est prévue fin 2025. Une hiérarchisation rigoureuse des projets par ordre de priorité est exigée, avec une attention particulière pour ceux affichant un taux de réalisation supérieur à 75%. Les nouvelles inscriptions de projets devront faire l’objet d’une maturation approfondie incluant des études de faisabilité technique et financière.
Une discipline budgétaire renforcée est introduite avec l’application du principe d’annualité : les crédits de paiement non consommés ne pourront être reportés que dans la limite de 5% des crédits ouverts. Cette mesure vise à éviter l’accumulation systématique de reports qui perturbe l’exécution budgétaire.
Les dépenses de transferts, représentant un levier essentiel de l’intervention sociale de l’État, feront l’objet d’un affinage des critères d’éligibilité basé sur des données socio-économiques actualisées. Pour les établissements publics industriels et commerciaux, une contractualisation pluriannuelle liera le niveau des dotations publiques à l’atteinte d’objectifs mesurables en matière d’efficience opérationnelle.
L’approche performance est renforcée avec l’obligation pour chaque responsable de portefeuille de définir sa stratégie sectorielle en cohérence avec les priorités nationales. Cette démarche, structurée autour d’objectifs chiffrés et d’indicateurs de performance documentés, vise à orienter la gestion vers l’atteinte de résultats concrets sous contrainte budgétaire.
La digitalisation de la gestion budgétaire se poursuit avec l’utilisation de la plateforme IEDAD pour la collecte des données budgétaires, permettant une meilleure traçabilité et un suivi plus efficace des allocations. Cette modernisation des processus s’inscrit dans la transformation numérique de l’administration publique.
Face aux défis économiques mondiaux, l’Algérie fait le choix d’une gestion budgétaire prudente et responsable, privilégiant l’efficacité de la dépense publique et la diversification économique. Cette approche équilibré vise à maintenir la dynamique de croissance tout en préservant les équilibres macroéconomiques et le pouvoir d’achat des citoyens dans un environnement international volatil.
Amar Malki