Sahara occidental: Bolton dénonce l’une des « plus grandes injustices non encore levées »
L’ancien conseiller à la sécurité nationale américaine John Bolton a livré une analyse sans concession de la situation au Sahara occidental, qualifiant cette question d' »une des plus grandes injustices non encore levées » malgré la clarté du droit international et les résolutions du Conseil de sécurité appelant au respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Dans un entretien accordé au site espagnol « Otralectura », l’ancien diplomate américain pointe directement les responsabilités marocaines dans l’enlisement du dossier. Bolton explique que la situation dans les territoires sahraouis n’a pas progressé à cause de « l’obstination » du Maroc et de son refus d’autoriser la tenue d’un référendum d’autodétermination « libre » et « honnête ». Il rappelle qu’un accord de principe existait depuis l’annonce du cessez-le-feu en 1991 et la mise en place de la MINURSO pour organiser un référendum basé sur le recensement de la population effectué par l’Espagne en 1974. « En dépit de la simplicité de cette procédure sur le plan technique, le Maroc a fait en sorte d’entraver l’opération à plusieurs reprises, car il redoutait que les résultats du référendum ne servent pas ses ambitions expansionnistes », dénonce-t-il.
L’ancien diplomate critique avec virulence l’attitude de Rabat qui « tente de gagner du temps et de changer la composante démographique dans les territoires sahraouis occupés à travers le transfert de populations marocaines vers ces territoires ». Il insiste sur la dimension juridique et morale du dossier, affirmant que la souveraineté réelle ne peut être imposée par la force et l’annexion brutale, mais puise plutôt sa légitimité dans la volonté populaire libre.
Bolton s’attaque également aux campagnes de désinformation menées par le Maroc et certains de ses alliés dans le but de ternir l’image du Front Polisario. Il qualifie les tentatives visant à associer le Front aux groupes terroristes et extrémistes de « propagande désespérée sans preuves tangibles », contredisant ce qu’il a personnellement constaté lors de ses visites dans les camps de réfugiés sahraouis depuis plus de trente ans. Il dénonce par ailleurs l’utilisation par Rabat de lobbies pour faire pression dans les capitales européennes et américaines afin d’imposer sa vision et promouvoir son prétendu « plan d’autonomie » en espérant le substituer au référendum d’autodétermination. Cette propagande révèle, selon lui, « une crainte réelle face à la volonté inébranlable des Sahraouis ».
Sur le plan économique, l’ancien diplomate évoque l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, notamment à travers des accords de pêche couvrant les eaux sahraouies avec des sociétés étrangères et des accords facilitant le pillage du phosphate sahraoui. Il souligne que tous ces accords sont illégaux du point de vue du droit international tant que le statut du Sahara occidental n’est pas définitivement réglé. Bolton conclut que la seule solution juste et durable passe par l’application des résolutions de l’ONU, notamment la tenue d’un référendum sur l’autodétermination sous l’égide des Nations unies, invitant la communauté internationale à cesser de détourner le regard et à mettre en application ses engagements moraux et légaux.
Parallèlement, l’observatoire international Western Sahara Resource Watch alerte sur l’implication du cabinet français Bureau Veritas dans un projet illégal de parc éolien au Sahara occidental occupé. L’entreprise, spécialisée dans les services de contrôle et de certification, s’est engagée dans le projet controversé du parc éolien de Bir Anzarane près de Dakhla, développé par Green of Africa, une société contrôlée en partie par le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch. L’ONG dénonce le fait que l’entreprise présente le projet comme soutenant la transition énergétique du Maroc tout en omettant de mentionner que le site se trouve en dehors des frontières internationalement reconnues du royaume. Les premiers composants d’éoliennes ont commencé à arriver dans le territoire occupé à la mi-juin 2025, marquant une escalade dans les efforts marocains visant à imposer le fait accompli. Western Sahara Resource Watch rappelle que le Sahara occidental est classé par l’ONU comme territoire non autonome et que ni la Cour internationale de justice ni la Cour de justice de l’Union européenne ne reconnaissent de droits légaux au Maroc sur ce territoire.
Lyes Saïdi