Les Vertes écrivent l’histoire
Au stade Larbi Zaouli de Casablanca, la sélection nationale féminine a vécu dimanche soir l’une des soirées les plus mémorables de son histoire footballistique.
Face au Nigeria, redoutable géant du football féminin africain, les protégées de Farid Benstiti ont décroché le point salvateur grâce à un nul (0-0) qui leur ouvre pour la première fois les portes des quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Un exploit retentissant qui brise enfin la malédiction des cinq précédentes participations où les Vertes n’avaient jamais franchi le cap du premier tour, s’arrêtant systématiquement aux portes de la qualification lors des éditions 2004, 2006, 2010, 2014 et 2018.
Cette qualification historique s’est construite sur un match héroïque où l’Algérie, loin d’être favorite face aux Super Falcons déjà qualifiées, a déployé des trésors de courage et de discipline tactique. Les Nigérianes ont certes confisqué le ballon et multiplié les occasions, mais c’est bien l’équipe la plus valeureuse qui a dicté le tempo de cette rencontre à suspense. Malmenées, parfois acculées dans leur camp, les Fennecs ont tenu bon jusqu’au coup de sifflet final libérateur, portées par une défense de fer et une gardienne en état de grâce. Chloé N’Gazi, la portière franco-algérienne, a été l’héroïne de cette soirée magique. Magistrale tout au long de la rencontre, elle a notamment réalisé un arrêt décisif dans le temps additionnel, s’envolant pour repousser une tête puissante d’Esther Okoronkwo. Cette parade spectaculaire a scellé le précieux nul, anecdotique pour des Nigérianes déjà assurées de leur qualification mais inestimable pour une Algérie qui voyait enfin s’ouvrir les portes des quarts de finale.
Le scénario parfait s’est complété avec la victoire surprise du Botswana face à la Tunisie (2-1), un résultat qui validait définitivement la qualification algérienne. Avec cinq points au compteur, les Vertes terminent à la deuxième place du groupe B, derrière le Nigeria leader avec sept points, mais devant le Botswana (quatre points) et la Tunisie qui ferme la marche avec un seul point. Cette deuxième place représente un véritable exploit pour une équipe qui a su construire sa qualification sur la rigueur défensive et la solidarité collective.
Du côté nigérian, le sélectionneur Justin Madugu avait choisi de faire tourner son effectif sans pour autant rogner sur l’ambition. Rasheedat Ajibade, Francisca Ordega ou encore Okoronkwo ont bien tenté d’ouvrir la marque, mais le verrou algérien n’a jamais cédé. « Chaque match nous apporte une leçon », a reconnu Madugu après la rencontre. « On a fait tourner, on n’a pas encaissé, mais on a aussi vu qu’il faut savoir forcer la décision quand le match se ferme. » Une leçon de réalisme pour les Super Falcons qui, malgré leur domination stérile, n’ont pas réussi à percer la muraille verte. Côté algérien, la joie était immense et communicative. Farid Benstiti, qui n’a jamais cessé de croire en ce groupe rajeuni et largement remodelé, a salué la performance exceptionnelle de ses joueuses avec des mots empreints d’émotion : « On savait que pour tenir le Nigeria, il fallait un match parfait défensivement. Elles ont été solidaires, intelligentes, pleines de cœur. » Ces mots résument parfaitement l’esprit qui a animé cette équipe algérienne tout au long de ce tournoi continental organisé au Maroc.
À l’image de leur parcours remarquable dans ce groupe B, les Fennecs ont construit leur qualification historique sur des bases solides : la rigueur défensive, la solidarité collective et une progression tactique évidente. Pas de feu d’artifice offensif spectaculaire, mais une vraie montée en puissance, des vertus mentales affirmées et une identité retrouvée qui augure bien de la suite de l’aventure. Après avoir battu le Botswana (1-0) lors du match d’ouverture et tenu en échec la Tunisie (0-0) lors de la deuxième journée, les Vertes ont confirmé leur progression constante face à la référence continentale.
Les joueuses de Benstiti connaîtront leur adversaire en quarts de finale vendredi prochain à 17h00, au terme des matchs du groupe C qui réunit l’Afrique du Sud tenante du titre, le Mali, la Tanzanie et le Ghana. Une échéance qui s’annonce passionnante pour une équipe algérienne qui a prouvé qu’elle n’avait plus rien à envier aux meilleures formations du continent. Dans ce tournoi continental qui réunit douze pays répartis en trois groupes de quatre équipes, où les deux premiers de chaque groupe ainsi que les deux meilleurs troisièmes se qualifient pour les quarts de finale prévus les 18 et 19 juillet, l’Algérie a enfin trouvé sa place parmi l’élite africaine. Une page d’histoire qui s’écrit en lettres d’or dans les annales du football féminin algérien.
Moncef Dahleb