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Soudan : L’ONU exprime son inquiétude face à l’escalade de la violence

Les responsables humanitaires de l’Organisation des Nations Unies ont exprimé mardi leurs graves inquiétudes concernant l’escalade des affrontements au Soudan, particulièrement les attaques dans l’État du Kordofan-Nord. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a rapporté que les attaques perpétrées entre jeudi et dimanche contre des villages près de Bara, dans le Kordofan-Nord, auraient fait au moins 300 morts, incluant des enfants et des femmes enceintes. De nombreuses autres personnes ont été blessées, des maisons ont été pillées et incendiées, et des populations ont été déplacées. L’OCHA a précisé que la perturbation des communications empêchait de confirmer le nombre exact de victimes. Le bureau s’est également dit alarmé par les informations faisant état de nouveaux bombardements à El-Obeid, la capitale de l’État, renforçant les craintes et l’insécurité. Dans l’État du Kordofan-Ouest, les attaques contre les villages d’Al-Foulah et d’Abou Zabad auraient fait plus de 20 morts, notamment à travers un raid aérien contre une école abritant des familles déplacées. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris d’assaut plusieurs villages dans la province de Kordofan, au centre du pays. Un groupe d’avocats les accuse d’avoir mené des raids meurtriers faisant près de 300 morts, dont des enfants et des femmes enceintes. Ces attaques surviennent alors que les combats entre paramilitaires et l’armée se poursuivent également dans l’ouest du pays. Près de 27 mois se sont écoulés depuis le début des combats entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), créant une crise humanitaire sans précédent. L’ONU est gravement préoccupée par l’escalade des hostilités à El Fasher, la capitale assiégée de l’État du Darfour du Nord. Un grand nombre de combattants des FSR auraient pénétré dans la ville vendredi pour la première fois depuis le début du siège il y a plus d’un an. Des sources locales rapportent que les violents combats récents, en particulier dans le sud-ouest et l’est d’El Fasher, ont fait des victimes parmi les civils. La situation reste très instable et imprévisible, avec un risque sérieux de reprise des violences, ainsi que de nouveaux déplacements et perturbations des opérations humanitaires, qui sont déjà soumises à de fortes pressions, selon l’OCHA. Dans l’État du Kordofan du Nord, l’insécurité croissante a contraint 3.400 personnes à fuir leurs foyers au cours du week-end, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations Unies. Selon des informations locales, au moins 18 civils ont été tués et des maisons ont été incendiées dans plusieurs villages. De fortes pluies ont été signalées dans les États du Darfour de l’Ouest et du Centre, ce qui pourrait affecter l’état des routes dans certaines localités et aggraver les difficultés auxquelles sont déjà confrontés les travailleurs humanitaires pour accéder aux personnes dans le besoin. La saison des pluies, qui se poursuit jusqu’en octobre, accentue les risques d’inondations, de difficultés d’accès et d’épidémies. Ces dangers sont particulièrement élevés pendant cette période critique de transition entre les récoltes, lorsque les stocks alimentaires sont traditionnellement faibles, a averti l’OCHA. Malgré la crise, des signes de retours à petite échelle sont visibles dans l’État du Darfour de l’Ouest, où des familles déplacées sont revenues du Tchad vers trois localités – Sirba, Jebel Moon et Kulbus – pour cultiver leurs terres. Les autorités locales signalent qu’environ 40 personnes reviennent chaque jour à Kulbus, et que 300 sont arrivées au cours de la semaine dernière. L’OCHA a rappelé à toutes les parties que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont interdites par le droit international humanitaire et que les civils doivent être protégés en tout temps. Le bureau a déploré que ces incidents constituent un nouveau rappel tragique du lourd tribut que le conflit fait payer aux civils à travers le Soudan. L’OCHA a souligné que les civils et les infrastructures civiles, notamment les écoles, les habitations, les abris et les biens humanitaires, ne doivent jamais être pris pour cible, et a appelé toutes les parties au conflit à respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. L’organisation a exhorté toutes les parties à permettre un accès sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin à travers le Soudan, et a appelé les donateurs à renforcer leur soutien. Quelque 30 millions de personnes dans tout le pays, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d’une aide et d’une protection vitales cette année.

L.S.

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