59 décès par noyade en juin: Un été meurtrier !
18 morts sur des plages interdites, 19 dans des plans d’eau : le bilan dramatique de juin 2025 révélé par la Protection civile illustre l’ampleur du fléau des noyades estivales.
Face à cette hécatombe, une mobilisation générale s’organise depuis mai dernier, associant services de secours, collectivités locales et société civile dans une course contre la montre pour sensibiliser les Algériens aux dangers mortels de la baignade sauvage. « La classe juvénile est la plus exposée à ces dangers », alerte Nassim Bernaoui, sous-directeur des statistiques à la Direction générale de la Protection civile. Un constat alarmant qui pousse les autorités à multiplier les initiatives préventives avant que l’été n’atteigne son pic de fréquentation. Les caravanes de sensibilisation sillonnent désormais les régions côtières et les zones lacustres, ciblant prioritairement les familles et leurs enfants.
L’Organisation algérienne de l’environnement et de citoyenneté (OAEC) a développé une stratégie communication particulièrement offensive. Son président Sofiane Affane mise sur « une approche globale basée sur l’éducation, l’accompagnement sur le terrain et la coordination avec les différents acteurs ». Le slogan choc « Ne nagez pas vers la mort… Choisissez la vie » inonde désormais télévisions, radios et réseaux sociaux, accompagné de témoignages poignants de spécialistes en sauvetage et de podcasts relatant des histoires réelles de noyades évitables. Cette campagne multimédias s’appuie sur des outils de terrain pensés pour toucher toutes les tranches d’âge. Dépliants, affiches, vidéos courtes et infographies ont été conçus « dans un langage simple et accessible à toutes les franges de la société, notamment les enfants et les jeunes », précise Affane. L’objectif : transformer chaque citoyen en ambassadeur de la prévention.
Sur le terrain, l’approche se veut immersive. Les caravanes estivales investissent directement les zones à risque, des plages interdites aux abords des barrages et oueds. Des jeunes volontaires sont mobilisés pour établir un contact direct avec les estivants et leurs familles, transformant les sites de détente en espaces d’éducation préventive. Ces interventions s’accompagnent d’activités éducatives et de loisirs, permettant de faire passer les messages vitaux sans culpabiliser les familles venues profiter de leurs vacances.
La coordination institutionnelle constitue l’autre pilier de cette stratégie. Protection civile, assemblées communales, associations et établissements éducatifs unissent leurs forces dans un maillage territorial dense, particulièrement focalisé sur la protection des mineurs. Cette synergie vise à créer une culture de la sécurité aquatique durable, au-delà des seules campagnes estivales. Les professionnels de santé apportent leur expertise médicale à cette mobilisation. Le docteur Elias Akhamouk, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tamanrasset, insiste sur les dangers spécifiques des « eaux stagnantes et non surveillées », particulièrement mortelles pour les enfants dont les capacités natatoires et la conscience du danger restent limitées.
Cette offensive préventive intervient dans un contexte où les comportements à risque semblent persister malgré les interdictions. Les 18 décès recensés en juin sur des plages interdites témoignent de la persistance d’une culture de la transgression face aux consignes sécuritaires, alimentée parfois par la méconnaissance des dangers réels ou la recherche de sensations fortes. L’enjeu dépasse la simple prévention estivale. Il s’agit de transformer durablement les comportements face aux loisirs aquatiques, dans un pays où l’accès à la mer et aux plans d’eau constitue un enjeu social majeur durant les fortes chaleurs. Les campagnes actuelles préparent ainsi les mentalités à une approche plus responsable du loisir aquatique, condition sine qua non pour enrayer cette tragique comptabilité humaine qui endeuille chaque été des dizaines de familles algériennes.
Lyna Larbi
