MC Alger : Mokwena avec de l’ambition
Le Mouloudia d’Alger entre dans une nouvelle ère avec l’arrivée de Rhulani Mokwena, technicien sud-africain de 38 ans dont le curriculum vitae impressionne déjà les observateurs du football continental.
Lors de sa présentation officielle au centre d’entraînement Baba Hammoud de Zéralda, l’ancien entraîneur des Mamelodi Sundowns et du Wydad Casablanca n’a pas caché ses grandes ambitions pour le club algérois, double champion d’Algérie en titre. Mokwena arrive au MCA auréolé d’un palmarès déjà substantiel qui force le respect. Son parcours l’a mené des bancs sud-africains aux sommets africains, avec notamment deux titres de champion d’Afrique du Sud consécutifs en 2023 et 2024 avec les Mamelodi Sundowns, ainsi qu’une Ligue des Champions d’Afrique en 2023. Cette expérience du très haut niveau continental constitue un atout majeur pour un club algérien qui nourrit de légitimes ambitions européennes et africaines. Le technicien a également œuvré au sein d’autres formations prestigieuses comme Orlando Pirates et Chippa United, s’imposant progressivement comme l’une des figures montantes du coaching africain.
Prêt à relever le défi
Dès sa première prise de parole, le nouvel entraîneur du MCA a fixé le cap avec une lucidité remarquable sur les défis qui l’attendent. « Dans un monde parfait, un entraîneur prendrait son temps, et travaillerait étape par étape pour que sur le long terme, il parvienne enfin à hisser son club à un niveau supérieur. Malheureusement, dans la vraie vie, ce n’est pas le cas. Un entraîneur doit travailler vite et obtenir rapidement des résultats, surtout dans les championnats d’Afrique du nord. Tel est mon défi au Mouloudia. J’en suis parfaitement conscient et je suis prêt à le relever », a-t-il déclaré avec une franchise qui témoigne de sa parfaite compréhension des exigences du football algérien. Cette approche pragmatique se double d’un respect manifeste pour le travail accompli par son prédécesseur. « Avant de venir, j’ai eu la chance de visionner plusieurs matchs du MCA, et j’admets que mon prédécesseur, Khaled Ben Yahia, a fait du bon travail. A présent, il faut travailler dur pour garder cette bonne dynamique et essayer de faire mieux la saison prochaine », a-t-il souligné, montrant ainsi sa volonté d’inscrire son projet dans la continuité plutôt que dans la rupture. Cette posture rassurante permet d’envisager une transition en douceur, essentielle pour un club qui sort d’une saison exceptionnelle ponctuée par un nouveau titre de champion et un parcours honorable en Ligue des Champions africaine.
L’analyse du championnat algérien par Mokwena révèle un technicien qui a pris le temps d’étudier son nouvel environnement. « J’ai également passé en revue le championnat algérien, et mon premier constat a été de noter que l’écart était trop mince entre les trois premiers du championnat la saison dernière, ce qui montre on ne peut mieux la difficulté de la Ligue 1 », a-t-il observé avec justesse. Cette lucidité sur la compétitivité du football algérien constitue un gage de sérieux dans sa préparation et suggère qu’il ne sous-estimera aucun adversaire dans sa quête de nouveaux succès.
Concernant son effectif, le technicien sud-africain semble déjà avoir une vision claire des possibilités qui s’offrent à lui. « J’ai des joueurs très talentueux au Mouloudia, dont trois étrangers », a-t-il confié, évoquant la possibilité d’en faire venir un quatrième pour compléter son dispositif. Cette approche mesurée du recrutement tranche avec les périodes de révolution totale que connaissent parfois les clubs en changement d’entraîneur. Mokwena privilégie visiblement l’amélioration ciblée à la refonte complète, une philosophie qui devrait rassurer les supporters du Doyen attachés aux visages familiers de l’équipe championne.
La rumeur Belaïli
La question de Youssef Belaïli, ancien chouchou des supporters mouloudéens aujourd’hui à l’Espérance de Tunis, a naturellement été abordée lors de cette présentation. Le nouvel entraîneur a manié la diplomatie avec habileté : « J’attendais cette question. Belaïli est un joueur exceptionnel que j’ai eu l’occasion d’affronter quand il évoluait à l’Espérance de Tunis. C’est un footballeur talentueux que j’ai également observé lors de la Coupe du Monde des Clubs. Mais je préfère ne pas m’exprimer davantage, car il est toujours sous contrat avec un autre club. » Cette réponse mesurée témoigne du professionnalisme de Mokwena qui refuse de s’aventurer sur le terrain glissant des spéculations mercato tout en reconnaissant les qualités du joueur algérien.
L’ambition continentale constitue l’un des fils rouges du discours de Mokwena. « Nous voulons que le MCA devienne une référence en Afrique », a-t-il martelé, affichant clairement ses objectifs à moyen terme. Cette vision s’appuie sur l’excellente saison précédente qui avait vu le Mouloudia atteindre les quarts de finale de la Ligue des Champions africaine, performance remarquable qui a démontré le potentiel du club algérois sur la scène continentale. Pour franchir le palier supérieur, Mokwena compte sur son expérience des compétitions africaines et sa connaissance intime des exigences du football continental.
L’intégration culturelle préoccupe également le nouveau coach qui n’hésite pas à afficher sa volonté d’adaptation. « Tout d’abord, permettez-moi de m’excuser de ne pas m’exprimer encore en arabe. Je vais m’y mettre très vite, car je veux m’imprégner de votre culture », a-t-il déclaré avec humilité. Le staff technique qui accompagne Mokwena dans cette aventure algérienne répond aux standards du haut niveau. Son adjoint principal, ancien international sud-africain, apporte une expérience précieuse des compétitions continentales, tandis qu’Enzo Donis, polyglotte et fin connaisseur du football africain, facilite la communication au sein d’un groupe multiculturel. Cette équipe technique rodée constitue un atout supplémentaire pour un MCA qui ambitionne de rayonner au-delà des frontières nationales dans les mois à venir.
Moncef Dahleb