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L’Algérie appelle à un travail collectif commun en Afrique pour y faire face : Des défis sécuritaires aux « dimensions graves »

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a souligné hier les défis sécuritaires en Afrique ont récemment pris une dimension « très grave », du fait des immixtions étrangères. Une situation qui impose aujourd’hui à l’Afrique de s’imposer en tant qu’acteur influent sur la scène internationale.

Le monde connaît aujourd’hui des changements majeurs. Les équilibres géopolitiques évoluent et lignes bouges alors que l’on vit une période de passage d’un mode unipolaire vers un monde multipolaire et ce qu’il implique comme confrontations entre les grandes puissances. Des changements qui ne sont pas sans impacts, notamment en Afrique, traversée par de nombreux conflits lesquels reflètent ces lignes de fracture. Un continent qui peut soit subir ces changements ou choisir d’assumer un rôle actif. C’est justement dans ce contexte que s’est ouvert hier à Oran, le dixième Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique. Un séminaire qui a non seulement permis de se pencher sur les défis de la paix et de la sécurité en Afrique, mais aussi sur les voies et moyens de consolider l’action de l’Union africaine dans le cadre du processus d’Oran afin de trouver des solutions africaines à ces défis. Des objectifs d’ailleurs clairement énoncés dans les interventions des participants. Dans ce sens, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a souligné lors de son allocution d’ouverture que « les défis sécuritaires ont pris récemment des proportions très graves et inquiétantes  à la suite de l’intensification des immixtions étrangères et des conflits de leurs intérêts, qui ont entraîné une détérioration inédite en matière de paix et sécurité », prévenant que « notre continent africain traverse une phase délicate, pleine de contradictions et mêlée d’espoirs ». Le chef de la diplomatie algérienne a ainsi estimé « les défis que nous impose la détérioration de la situation sécuritaire et politique à grande échelle et de plus en plus rapide au niveau continental, notamment dans la région sahélo-saharienne, devenue un symbole éminent de l’absence de sécurité et de stabilité, d’Est en Ouest et de la mer Rouge à l’océan Atlantique, sur fond d’aggravation des fléaux du terrorisme et du crime organisé, la prolifération des foyers de tensions et de conflits, la réitération des changements non constitutionnels des gouvernements(…) ». Il a estimé dans sens que « toutes les évolutions nous imposent une nouvelle réalité que nous devons affronter dans un esprit de responsabilité, de fermeté et de rigueur, fondée sur le système de valeurs, de principes et d’idéaux sur lequel et pour lequel notre organisation continentale a été fondée, et sur laquelle nous sommes guidés pour encadrer notre travail collectif commun en Afrique et pour contrôler nos relations avec le reste du monde ». Dans cette perspective, a ajouté M. Attaf, « l’Algérie, sous la direction du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, estime que le parachèvement du projet d’intégration et d’unité africaine doit s’accompagner de mesures pratiques et efficaces, permettant à notre continent de se positionner en tant qu’acteur influent dans le processus de reconstruction des équilibres au niveau mondial, tout en délimitant les caractéristiques du système, une nouvelle communauté internationale dans laquelle notre continent a une voix écoutée, une sécurité garantie et un rôle effectif dans le processus décisionnel international ».

Et d’ajouter que « l’Afrique n’a d’autre option que d’unir ses rangs et d’unifier sa parole pour éviter les effets des tensions et des polarisations actuelles, et pour faire booster ses objectifs stratégiques représentés par la correction de l’injustice historique à laquelle elle est confrontée au Conseil de sécurité, en activant les solutions africaines aux problèmes dont souffrent nos pays et nos peuples, du point de vue de la sécurité, politique et économique, et transformer le continent en une puissance mondiale à la lumière de l’Agenda 2063. Il a dans ce sens souligné que «  l’Algérie consacrera son prochain mandat au Conseil de sécurité, en coordination avec ses frères des Républiques du Mozambique et de la Sierra Leone, pour représenter au mieux l’Afrique dans cet organe central des Nations Unies et œuvrera à renforcer l’influence de notre continent dans les prises de décisions liées aux dossiers y afférents, en s’inspirant des principes et valeurs de la charte constitutive de l’Union africaine ». Il a, en outre, estimé que « l’ONU a le plus besoin de la voix africaine, celle de la sagesse, de l’engagement et de la responsabilité, alors qu’elle fait face à l’effondrement du système de sécurité collective et d’une paralysie presque totale qui a frappé le Conseil de sécurité de l’ONU et limité sa capacité à répondre et à interagir avec les défis actuels ». Et d’ajouter que « la communauté internationale est aujourd’hui témoin des graves répercussions du retour de la politique de polarisation entre les puissances mondiales et des résultats désastreux de la montée de l’option de la force comme moyen de résoudre les conflits, faisant fi de la légitimité internationale, désormais piétinée, sans aucun respect aux

devoirs dictés par l’appartenance à un système international civilisé et le retour de la méthode sélective dans la détermination des priorités internationales, laquelle méthode relègue les priorités de notre continent au dernier plan ».

Le ministre a évoqué dans ce sens la situation dans les territoires palestiniens occupés, a ajouté le ministre, « Ghaza, endeuillée, est devenue un cimetière des principes juridiques fondamentaux sur lesquels repose le système international actuel, censés rester une référence pour tout le monde sans discrimination, préférence ou exclusion ». Et d’ajouter que « nous sommes face à un tournant fatidique qui déterminera inévitablement l’avenir du système international dans son ensemble, avec les règles, contrôles et mécanismes sur lesquels il est fondé, érigé et établi par la Charte des Nations Unies ».

De son côté, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, l’Ambassadeur Bankolé Adeoye, a affirmé que l’UA était déterminée à ne pas tolérer l’utilisation de méthodes non constitutionnelles pour atteindre le pouvoir et les changements anticonstitutionnels des régimes. Il a souligné que « l’Afrique traverse actuellement des défis majeurs dans les domaines politique, sécuritaire, climatique et de développement, et ces défis doivent être relevés collectivement à travers la coordination d’efforts et d’actions et l’intensification des consultations ».Il a ajouté que le processus d’Oran est devenu une plateforme d’interaction positive entre les pays du continent africain pour trouver des solutions aux problèmes et défis auxquels ces pays sont confrontés et la Commission africaine poursuivra ses travaux sur le processus d’Oran, en soutenant les travaux du Groupe A3, qui comprend les pays africains membres du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que les efforts déployés au niveau mondial et continental pour renforcer la paix et la sécurité et faire taire les armes. « Nous allons évaluer le Processus d’Oran, après 10 ans de sa 1ère édition. Ce sera pour nous une occasion pour discuter des réalisations accomplies en tant que groupe africain uni au Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi à discuter des défis qui sont toujours là, comme le terrorisme, les renversements militaires (Putschs), le crime transfrontalier et l’immigration clandestine », a-t-il indiqué.

Hocine Fadheli

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