Ghaza : 169 morts de famine et de malnutrition
La crise humanitaire dans la bande de Ghaza atteint des proportions dramatiques avec un bilan qui s’alourdit chaque jour davantage.
Selon les dernières données des autorités sanitaires palestiniennes, le nombre de victimes de la famine et de la malnutrition vient de franchir le seuil tragique de 169 décès, dont 93 enfants, après que sept nouvelles personnes, incluant un enfant, ont succombé aux privations alimentaires au cours des dernières vingt-quatre heures. Cette escalade mortelle s’inscrit dans un contexte plus large d’agression continue qui a déjà fait plus de 60.430 martyrs palestiniens et 148.722 blessés depuis le 7 octobre 2023, selon les chiffres officiels. Les hôpitaux de Ghaza, déjà saturés et fonctionnant dans des conditions extrêmes, ont enregistré l’arrivée de 98 nouveaux corps et 1.079 blessés supplémentaires lors des dernières vingt-quatre heures, témoignant de l’intensification des violences. La situation devient particulièrement alarmante concernant les civils palestiniens qui tentent d’accéder à l’aide humanitaire. Les dernières statistiques révèlent que 39 personnes ont été tuées et 849 autres blessées en une seule journée alors qu’elles attendaient des secours, portant le bilan global de ces attaques ciblées à 1.422 morts et 10.067 blessés.
L’UNICEF, par la voix de son directeur général adjoint Ted Chaiban, a lancé un cri d’alarme sans précédent, déclarant que « les enfants de Ghaza meurent à un rythme sans précédent » et que « les signes de profondes souffrances et de faim sont évidents sur leurs visages ». Cette déclaration, formulée à l’issue de sa quatrième visite dans l’enclave depuis le début du conflit, souligne l’urgence absolue de la situation. Plus de 18.000 enfants palestiniens ont perdu la vie depuis octobre 2023, un chiffre qui témoigne de l’ampleur du désastre humanitaire en cours.
La diplomatie internationale commence à réagir face à cette tragédie. La Turquie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, a qualifié d' »inacceptables » les tentatives d’expulsion des Palestiniens de Ghaza et d’annexion de la Cisjordanie occupée. Lors d’un entretien avec Mohammed Ismail Darwish, représentant du Hamas, Fidan a dénoncé « une politique de génocide par la famine » et accusé les dirigeants israéliens de ne pas être sincères dans leur volonté de parvenir à un cessez-le-feu. Cette prise de position turque s’accompagne d’un mouvement diplomatique plus large. Le président finlandais Alexander Stubb a récemment annoncé sa disposition à reconnaître l’État de Palestine si son gouvernement soumettait une proposition officielle en ce sens, rejoignant ainsi la dynamique croissante de reconnaissance internationale. De nombreux pays ont d’ailleurs promis de franchir ce pas lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU en septembre.
La crise alimentaire actuelle trouve ses racines dans la fermeture totale des points de passage de Ghaza depuis le 2 mars dernier, empêchant l’entrée de marchandises et d’aide humanitaire essentielles. Cette situation a provoqué une famine d’une ampleur sans précédent dans la région. L’UNICEF réclame désormais l’autorisation d’au moins 500 camions quotidiens pour acheminer l’aide vitale, mais ces appels restent largement ignorés.
Les représentants du Hamas, selon des sources diplomatiques, ont souligné que l’aide humanitaire autorisée à entrer dans Ghaza demeure largement insuffisante face aux besoins colossaux de la population. Ils dénoncent par ailleurs l’intransigeance dans les négociations de cessez-le-feu, accusant les autorités israéliennes de vouloir « briser la résistance des Ghazaouis en faisant traîner les pourparlers et en imposant des déplacements forcés ». Cette stratégie de prolongation du conflit, selon les analyses diplomatiques, vise à épuiser la population civile et à créer les conditions d’un exode forcé. Les témoignages recueillis sur le terrain décrivent une population aux abois, contrainte de faire des choix impossibles entre la recherche de nourriture et la sécurité physique.
La communauté internationale se trouve aujourd’hui face à un défi moral et politique majeur. Cependant, sur le terrain, l’urgence demeure absolue. Chaque jour qui passe voit s’alourdir un bilan déjà catastrophique, particulièrement parmi les plus vulnérables. Les enfants palestiniens payent le prix le plus lourd de cette tragédie, leurs visages émaciés témoignant d’une souffrance qui interpelle la conscience mondiale.
La situation actuelle appelle à une mobilisation internationale immédiate et coordonnée pour mettre fin au génocide par la famine. L’histoire jugera les responsabilités de chacun face à cette tragédie humanitaire qui se déroule sous les yeux du monde entier, dans l’indifférence de certains et malgré l’indignation croissante d’une communauté internationale de plus en plus consciente de l’urgence d’agir.
Lyes Saïdi