Macron « sort sa carte polémique » pour faire diversion
Plusieurs personnalités politiques française ont vivement critiqué la politique d’Emmanuel Macron envers l’Algérie. L’ancienne ministre Ségolène Royal et le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon ont tous deux critiqué une politique soumise à des considérations de politique intérieure aux conséquences désastreuses.
L’ancienne ministre française Ségolène Royal a vivement critiqué la politique d’Emmanuel Macron envers l’Algérie, accusant le Président français d’instrumentaliser les relations bilatérales à des fins de politique intérieure. Dans un message publié vendredi soir sur les réseaux sociaux, Royal dénonce ce qu’elle considère comme une stratégie de diversion face aux défaillances du gouvernement français sur des dossiers internes majeurs. « Donc la carte polémique avec l’Algérie est ressortie, comme à chaque fois qu’il faut faire diversion, pour que nous regardions ailleurs: Incendies terribles dans l’Aude et l’on découvre la grave négligence des promesses non tenues sur les équipements avion et la baisse énorme du budget de la sécurité civile », dénonce Ségolène Royal.
L’ancienne ministre ne limite pas ses critiques aux seules carences en matière de sécurité civile. Elle alerte également sur une « rentrée sociale à hauts risques » qui attend la France, dans un contexte où le pays traverse déjà une période de conflits sociaux persistants sans que l’Élysée n’apporte de réponses concrètes aux préoccupations des Français. Pour Royal, cette focalisation sur les relations avec l’Algérie constitue une manœuvre classique de l’administration Macron pour détourner l’attention des citoyens des véritables enjeux intérieurs auxquels la France est confrontée.L’ancienne ministre a également dénoncé dans son message la gestion des relations diplomatiques « avec un pays majeur de la région », accusant le Président français d’avoir confié ce dossier à un ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, perçu comme nostalgique de la colonisation et qui incarne des « postures destructrices ». persistantsPour Royal, cette gestion est d’autant plus problématique que Retailleau est un défenseur de la loi de Nicolas Sarkozy sur » les bienfaits de la colonisation », ce qui, selon elle, est incompatible avec les intérêts à long terme de la France. « Avoir confié les relations avec l’Algérie à quelqu’un qui défend ce type de loi, c’est une erreur fondamentale », martèle-t-elle, faisant explicitement référence à la position du ministre sur la loi Nicolas Sarkozy relative aux « bienfaits de la colonisation ». Royal considère que cette nomination représente une incompréhension totale des enjeux diplomatiques avec l’Algérie.
Le « mirage mortel des rêves de puissance »
« On veut du sérieux, du maîtrisé et du respect et de la compétence. Et au sujet de l’Algérie, pour rétablir de bonnes relations, il faudrait se poser cette question: avoir confié les relations diplomatiques avec ce grand pays à un ministre de l’Intérieur nostalgique de la colonisation et qui a voté et défendu la loi indigne de Sarkozy sur les bienfaits de la colonisation, est-ce compatible avec les intérêts de la France, quand on sait que par définition aucune solution n’en sortira, que des postures destructrices », conclut Royal dans son message. L’ancienne ministre pointe ainsi du doigt l’incohérence d’une diplomatie française qui confie la gestion d’un partenaire stratégique majeur de la région méditerranéenne à un responsable politique perçu comme nostalgique de la période coloniale, compromettant selon elle toute possibilité de dialogue constructif entre Paris et Alger dans un contexte où les deux pays auraient besoin de surmonter leurs différends historiques. Jean-Luc Mélenchon qui livre une analyse particulièrement sévère de la diplomatie macroniste. Dans un texte publié sur son blog, le leader politique français a noté que l’agressivité des gouvernants français à l’égard de l’Algérie «afflige, inquiète et désespère», estimant que «la stratégie du choc avec le gouvernement algérien ne mène nulle part. Elle renouvelle les mirages lamentables du passé». «L’âge des colonies et de la suprématie européenne est fini, bien fini et tant mieux», martèle-t-il, critiquant la politique du Président français aussi bien à l’égard de l’Algérie que de l’Afrique dans sa globalité.
« Après avoir fait expulser la France de presque toute l’Afrique, Macron a décidé d’accompagner les provocations de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau contre l’Algérie au moment où celui-ci fait la danse du ventre aux nostalgiques de la colonisation et aux arabophobes », écrit le leader de La France Insoumise. Jean-Luc Mélenchon va plus loin dans sa condamnation, qualifiant la politique algérienne de Macron de « tissu d’absurdités mutuellement désastreuses pour les deux pays et les deux peuples ». Pour l’Insoumis, « l’Algérie est le mirage mortel des rêves de puissance des impuissances politiques des dirigeants français depuis 1830 et l’invasion de l’Algérie ». L’analyse de Mélenchon s’étend à l’ensemble de la politique africaine de Macron qu’il juge désastreuse. « En poussant les Français au divorce avec le Maghreb, la Macronie commet une faute dont notre pays ne se relèvera pas aussi facilement que le croient ses élites gouvernementales obtuses et les divers lobbys à l’œuvre chacun pour leur petite cuisine », assure-t-il sur son blog. Le député européen réaffirme sa conviction qu’il n’y a « pas d’avenir durable pour la France sans ou contre le Maghreb et ses peuples », pointant l’aveuglement stratégique du gouvernement français qui compromet l’avenir géopolitique du pays en Méditerranée et en Afrique du Nord. Il a affirmé, dans ce contexte, que «la politique de Retailleau à laquelle Macron s’est soumis, est une violence insupportable. Elle ne mène nulle part sinon à de nouvelles déroutes et blessures».
Hocine Fadheli