Algérie-Somalie : Un »partenariat historique » tourné vers l’avenir
Ahmed Attaf a reçu dimanche à Alger son homologue somalien Abdisalam Abdi Ali qui effectue une visite en Algérie. Une visite qui marque un tournant dans les relations algéro-somaliennes, portées par une vision commune de stabilité régionale et de développement partagé.
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines a d’emblée situé cette rencontre dans sa dimension historique. « Les relations entre l’Algérie et la Somalie sont historiques et puisent leur force des valeurs unissant les deux pays, que sont l’entente, la solidarité et la confiance mutuelle », a-t-il déclaré à l’issue de l’audience accordée au chef de la diplomatie somalienne, en visite officielle en Algérie. Attaf a tenu à souligner que « l’intérêt qu’accorde l’Algérie à la situation en Somalie, pays frère, n’a jamais cessé, elle qui a toujours veillé à se tenir à ses côtés et à appuyer ses efforts pour le rétablissement de la sécurité et de la stabilité ». Cette position s’inscrit dans une vision géostratégique plus large de l’Algérie sur le continent africain. Le soutien apporté par l’Algérie à la Somalie « n’était pas conjoncturel ou passager, mais plutôt une position historique, ancrée et enracinée, reposant sur la conviction absolue de l’Algérie que la sécurité et la stabilité de la Somalie sont étroitement liées à celles de la région de la Corne de l’Afrique et de l’ensemble du continent africain », a précisé le chef de la diplomatie algérienne.
Cette approche reflète « l’adhésion totale de l’Algérie à la mobilisation de l’Union africaine (UA) et des Nations Unies, en appui à la sécurité et à la stabilité de la Somalie », ce que traduit aujourd’hui « l’engagement de l’Algérie, depuis sa position au sein du Conseil de sécurité onusien et du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, à plaider pour une plus grande solidarité et un appui plus efficace aux efforts de la direction somalienne et à ses démarches visant à parachever la lutte contre le terrorisme et à renforcer les bases de la sécurité, de la stabilité et du développement » dans le pays. La reconnaissance des progrès accomplis par la Somalie constitue un autre axe fort du discours d’Attaf. Il a félicité son homologue somalien pour « les étapes considérables et qualitatives » franchies par la Somalie sur la voie de la reconstruction d’institutions nationales fortes et fédératrices, du rétablissement de sa santé sécuritaire et économique, et du recouvrement de sa place au double plan continental et international.
L’indicateur le plus éloquent de cette dynamique positive, selon le ministre algérien, consiste en la présence de la Somalie au Conseil de sécurité des Nations Unies en tant qu’État membre non permanent et en tant qu’acteur influent au sein du groupe des trois membres africains (A3+). Cette reconnaissance témoigne du chemin parcouru par Mogadiscio dans sa reconstruction institutionnelle et diplomatique. Dans ce contexte de stabilisation progressive, Attaf a exprimé le souhait de l’Algérie de « consolider les relations historiques liant les deux pays dans leurs aspects politiques et leurs domaines économiques, voire même dans leurs dimensions humaines, à travers le renforcement de la coopération dans les domaines de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur ». Cette volonté s’est concrétisée par la signature de textes juridiques stratégiques. Les deux ministres sont convenus de la nécessité de renforcer la structure institutionnelle de la coopération bilatérale et de l’importance d’enrichir le cadre juridique de leurs relations. « Ce que nous avons commencé à concrétiser aujourd’hui, à travers la signature de textes juridiques visant essentiellement à créer une commission intergouvernementale pour la coopération économique, à mettre en place un mécanisme de consultation politique, et à encourager la coopération en matière de formation de diplomates », a détaillé Attaf. Les domaines de coopération ont été définis « à la lumière des besoins et des priorités des efforts de développement dans les deux pays, notamment les domaines de l’agriculture, la formation, l’enseignement supérieur et d’autres secteurs vitaux », a-t-il précisé.
Sur le plan multilatéral, les deux ministres ont exprimé « leur satisfaction du niveau avancé atteint en matière de coordination conjointe entre les deux pays, dans le cadre de leurs mandats en tant que membres non-permanents du Conseil de sécurité onusien ». Cette coordination s’est particulièrement illustrée dans la défense de la cause palestinienne, « la cause centrale de la nation arabe, qui est menacée aujourd’hui de liquidation », selon Attaf.L’appartenance de l’Algérie et de la Somalie aux régions sahélo-saharienne et de la Corne de l’Afrique renforce leur coopération sécuritaire. Les deux pays « appuient tout ce qui est à même de contribuer à l’instauration des fondements de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans ces deux espaces, sur la base du respect de la souveraineté des États, de la préservation de leur intégrité territoriale et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, outre le renforcement de la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers », a souligné le ministre algérien.
Pour sa part, le ministre somalien des Affaires étrangères a salué ces relations historiques qui constituent « une base solide afin de construire un partenariat dynamique et ambitieux tourné vers l’avenir ». Il a rappelé que pour l’indépendance et l’autodétermination, la Somalie et l’Algérie, profondément attachées à la liberté, ont consenti d’immenses sacrifices. Abdisalam Abdi Ali a estimé que les textes juridiques signés « baliseront la voie à l’élargissement de la coopération bilatérale dans plusieurs domaines et à l’ouverture de nouvelles perspectives de croissance et de prospérité mutuelle, tout en renouvelant l’engagement à renforcer la coordination diplomatique et la concertation à l’échelle mondiale, que ce soit dans les fora régionaux ou internationaux ».
Le chef de la diplomatie somalienne s’est dit heureux de porter le message du président Hassan Sheikh Mohamud à l’Algérie, affirmant que « l’Algérie est un bon partenaire pour la Somalie dans les domaines de la sécurité, de l’enseignement et du commerce, ainsi que dans les questions régionales ».
Cette visite marque ainsi une nouvelle étape dans les relations algéro-somaliennes, caractérisée par une institutionnalisation renforcée de la coopération et une convergence affirmée sur les grands enjeux africains et internationaux.
Salim Amokrane