Escalade des tensions au Sahara occidental : Les services de renseignement marocains planifient la déstabilisation de la région
Les tensions s’intensifient au Sahara occidental alors que de hauts responsables sahraouis dénoncent une stratégie orchestrée de déstabilisation régionale. Lors de la treizième édition de l’université d’été des cadres du Front Polisario qui se déroule à Boumerdès jusqu’au 13 août avec plus de 400 responsables du gouvernement sahraoui, le directeur des relations extérieures du ministère de la Défense nationale de la République sahraouie, Nafaâ Mustapha Dadi, a mis à l’index les agissements des services de renseignement marocains. Selon ses déclarations, ces derniers planifient et mettent en œuvre des programmes visant à déstabiliser l’ensemble de la région du Maghreb avec un soutien étranger, tentant de semer le chaos et l’instabilité en coordination et en échangeant des rôles avec l’entité sioniste.
Le responsable sahraoui a détaillé le rôle destructeur de ces services, qui se manifeste par la diffusion de poisons et la création d’instabilité en continuant d’occuper les territoires sahraouis, en violant les droits des citoyens sahraouis et en tentant d’exterminer le peuple sahraoui par la répression. Pour mettre en œuvre ces agendas, le régime du Makhzen aurait recours à diverses méthodes, notamment le soutien et le financement de groupes terroristes, leur permettant d’accéder aux revenus du trafic de drogue, de la vente d’armes et de la contrebande. Cette stratégie s’accompagne selon les autorités sahraouies d’une guerre psychologique menée par l’occupant marocain qui tente de saper le moral des Sahraouis en utilisant les médias traditionnels et modernes, ainsi que les réseaux sociaux, pour diffuser notamment des rumeurs et des idées destructrices et trompeuses.
Sur le terrain militaire, le commandant de la quatrième région militaire de la République arabe sahraouie démocratique, Habouha Abdallah Abrika, a souligné que la poursuite par l’armée sahraouie de sa guerre d’usure contre le Maroc contredisait de façon catégorique les prétentions de ce dernier à une supériorité illusoire. Il a évalué que l’économie marocaine était fragile et que les conditions politiques, économiques et sociales du Maroc ne lui permettaient pas de poursuivre cette guerre, prédisant qu’il finira un jour par céder devant la volonté du peuple sahraoui et son droit à l’autodétermination. Le diplomate sahraoui Mustapha Mohamed El-Amin a appelé ses compatriotes à affronter l’occupant marocain afin de protéger la société sahraouie et de préserver son unité, en adoptant une stratégie globale dans ce domaine, soulignant que les facteurs de la victoire demeuraient présents et renouvelés chez le peuple sahraoui car il est naturellement résilient et attaché à son identité.
Parallèlement à ces développements politiques, la situation humanitaire des détenus sahraouis dans les prisons marocaines continue de se détériorer selon les organisations internationales de défense des droits humains. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains et Equipe Media ont exprimé leur profonde inquiétude face à la dégradation des conditions carcérales des détenus sahraouis, alertant particulièrement sur le cas du journaliste sahraoui El Bachir Khadda, arbitrairement détenu depuis 2010. Figure historique du média indépendant Equipe Média et membre de l’Observatoire sahraoui des droits de l’Homme, Khadda a été enlevé à Laâyoune occupée en 2010 avant d’être soumis à des actes de torture en représailles à sa couverture médiatique critique des autorités d’occupation marocaines. Condamné à vingt ans de prison en 2017 par la Cour d’appel de Salé près de Rabat, sa détention a été reconnue comme arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.
Les deux organisations dénoncent le refus d’accès aux soins et le harcèlement dont est victime le journaliste, ainsi que l’impunité dont bénéficient les auteurs des actes de torture à son encontre. Malgré la ratification par le Maroc de la Convention contre la Torture et la consécration de la prohibition de la torture et des mauvais traitements à l’article 12 de sa Constitution, aucune suite n’a été donnée aux quarante-deux plaintes déposées par le journaliste depuis 2011, la dernière en date déposée le 30 juin 2025 concernant des représailles et refus de soins restant à ce jour lettre morte. Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de répression contre les journalistes sahraouis, illustrée également par le cas de Mohamed Lamin Haddi, détenu arbitrairement depuis quinze ans à la prison de Tiflet 2 dans un état d’isolement prolongé avec des communications très limitées avec ses proches, et qui se voit également refuser l’accès aux soins médicaux.
Lyes S.