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La mise en garde de Bolton

L’ancien conseiller américain à la sécurité nationale tire la sonnette d’alarme sur les conséquences de la poursuite de l’occupation marocaine du Sahara occidental pour l’Afrique et l’Europe.

L’ancien diplomate américain et conseiller à la sécurité nationale John Bolton a renouvelé ses appels pressants à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, avertissant que la poursuite de l’occupation marocaine représente une menace croissante pour la stabilité régionale et continentale. Dans une interview accordée mardi au journaliste espagnol Hector Santorum de la radio « Révolution du Sahara occidental », Bolton a souligné que la question saharienne constitue désormais un enjeu de sécurité majeur pour l’ensemble de la région du Sahel et au-delà. « Ce que nous avons fait en 1991 était simple et très clair : donner la parole au peuple sahraoui pour qu’il exprime ce que sera son avenir », a rappelé l’ancien conseiller, insistant sur le fait que « ce référendum n’était pas destiné à diviser un pays en deux, car le Maroc et le Sahara occidental n’ont jamais été un seul pays ». L’expert américain a dénoncé l’attitude du Maroc qui, après avoir accepté le principe du référendum en 1991, « ne souhaite pas organiser un référendum d’autodétermination » et s’appuie sur « une politique du fait accompli » qui a entravé l’organisation du vote populaire pendant plus de trois décennies.

Des ambitions expansionnistes inquiétantes

Bolton a particulièrement alerté sur le caractère expansionniste de la politique marocaine, évoquant « les ambitions territoriales du Maroc comme le montrent certaines cartes marocaines ». Cette référence aux revendications territoriales élargies du royaume chérifien sur d’autres territoires de la région constitue un signal d’alarme pour les pays voisins, notamment l’Algérie et la Mauritanie. « Le problème dépasse le Sahara occidental, car il est lié à la stabilité de la région du Sahel », a-t-il précisé, établissant un lien direct entre l’impasse que connaît le règlement du conflit au Sahara occidental et les crises sécuritaires qui affectent l’ensemble de cette zone stratégique d’Afrique.L’ancien diplomate a exprimé ses craintes quant à la propagation de l’instabilité : « Tant que ce chaos persiste dans une région vitale de l’Afrique, le risque de propagation de l’instabilité sur le continent ou son extension vers l’Europe demeure présent ». Cette mise en garde revêt une importance particulière dans le contexte actuel marqué par les crises au Mali, au Niger et au Burkina Faso, où l’instabilité politique et sécuritaire s’est déjà propagée, créant un arc de tensions dans la région sahélienne.

Bolton a également pointé du doigt l’attitude de certaines puissances européennes : « À mon avis, l’Europe devrait manifester un intérêt plus grand en raison de la proximité de cette question ». Il a notamment critiqué la France, relevant qu’« un pays qui prétend soutenir la démocratie aurait dû considérer comme évident d’accorder au peuple sahraoui le droit de vote, mais il ne l’a jamais soutenu ».

Une injustice persistante

L’expert américain a qualifié de « totalement injuste » le maintien du statu quo, estimant qu’« il faut une solution juste et durable car maintenir les Sahraouis dans des camps de réfugiés n’est pas une solution acceptable ». Bolton a également dénoncé la faiblesse des Nations unies face à cette impasse : « Une chose simple qui ne peut être accomplie… Nous ne parlons pas d’un référendum dans un pays de 50 millions d’habitants, et pourtant, après près de 35 ans, la mission n’est pas accomplie ». La poursuite de l’occupation marocaine du Sahara occidental représente ainsi, souligne l’analyse de Bolton, un facteur déstabilisant majeur dont les répercussions dépassent largement les frontières du Sahara occidental occupé, menaçant l’équilibre régional dans une zone déjà fragilisée par de multiples crises sécuritaires.

Salim Amokrane

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