Économie

L’Algérie accueille l’IATF 2025 : Un tournant stratégique pour le commerce intra-africain

À quelques jours de l’ouverture de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) prévue du 4 au 10 septembre à Alger, l’événement se profile déjà comme un moment charnière pour l’intégration économique continentale. Dans un contexte où l’Afrique cherche à renforcer son autonomie commerciale et à réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, cette manifestation revêt une dimension particulière en se déroulant pour la première fois en Afrique du Nord, après les précédentes éditions organisées en Égypte et en Afrique du Sud. L’organisation de cet événement majeur par l’Algérie s’inscrit dans une démarche stratégique qui dépasse le cadre purement économique. Selon Patrick Ndzana Olomo, directeur du développement économique, de l’intégration et du commerce à la Commission de l’Union africaine, cette initiative constitue « une affirmation forte de l’engagement panafricaniste de l’Algérie et de son attachement à l’unité et au développement du continent ». Le responsable souligne que l’IATF représente une « étape stratégique et symbolique » qui met en lumière « l’engagement historique de l’Algérie envers le continent et son attachement renouvelé au slogan L’Afrique aux Africains ». Cette dimension symbolique prend tout son sens dans le contexte géopolitique actuel où les puissances africaines cherchent à affirmer leur souveraineté économique. En accueillant cette foire, l’Algérie « réaffirme son héritage historique en tant que pays pionnier dans la lutte du continent pour l’autodétermination » tout en se plaçant « en position de leadership pour promouvoir le commerce intra-africain et contribuer à transformer la vision de la Zone de libre-échange continentale africaine en une réalité concrète », précise M. Ndzana Olomo. L’IATF 2025 intervient à un moment particulièrement opportun avec l’entrée en vigueur opérationnelle de la ZLECAf, accord qui ambitionne de créer le plus vaste marché continental au monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce. Cette zone de libre-échange, qui couvre un marché de plus de 1,3 milliard de personnes avec un PIB combiné dépassant 3.500 milliards de dollars, représente un potentiel considérable pour dynamiser les échanges intra-africains, actuellement limités à environ 15% du commerce total du continent. Pour l’Algérie, cette foire constitue une vitrine exceptionnelle pour valoriser ses capacités productives et industrielles. Le pays peut ainsi mettre en avant « ses atouts industriels, son savoir-faire logistique et son potentiel exportateur dans divers secteurs, dont l’énergie, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique et les industries de transformation », conformément à sa stratégie de diversification économique au-delà des hydrocarbures. Cette approche s’inscrit dans la vision gouvernementale de transformation structurelle de l’économie nationale, portée notamment par le président Abdelmadjid Tebboune qui accorde « un intérêt particulier » à cette manifestation considérée comme « la plus importante en Afrique ».

L’événement s’annonce d’envergure avec la participation attendue de plus de 2.000 exposants africains et étrangers ainsi que 35.000 visiteurs professionnels. Ces chiffres témoignent de l’attractivité croissante de la plateforme qui devrait générer des transactions commerciales d’une valeur dépassant 44 milliards de dollars. Cette dimension économique concrète fait de l’IATF « un instrument pratique et stratégique pour démontrer le leadership de l’Algérie, mettre en avant ses potentialités économiques et contribuer directement à la réalisation de la vision de la ZLECAf pour un continent plus intégré, prospère et autonome », analyse le directeur de la Commission de l’UA. Au-delà de l’aspect commercial, l’organisation de cette foire met en lumière les transformations structurelles engagées par l’Algérie pour améliorer son environnement des affaires. Le pays a récemment modernisé son cadre réglementaire avec « de nouvelles lois offrant des exonérations fiscales et des garanties juridiques aux investisseurs », créant ainsi « un environnement transparent et attractif pour l’investissement ». Cette évolution s’accompagne d’une simplification des procédures administratives et d’une facilitation pour les partenaires africains, témoignant de la volonté des autorités algériennes de positionner le pays comme un hub régional attractif.

L’adhésion récente de l’Algérie au Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) constitue une autre dimension stratégique de cette démarche d’intégration. Cette initiative, saluée par M. Ndzana Olomo comme « une étape significative », vise à faciliter les paiements en monnaies locales et à réduire les coûts de transaction, ce qui « cadre parfaitement avec l’objectif de l’Algérie de renforcer son rôle au sein de l’écosystème financier africain ».

L’Algérie capitalise également sur ses infrastructures logistiques en développement pour affirmer sa position de carrefour continental. Les grands projets d’interconnexion comme la route transsaharienne, le gazoduc transsaharien et la dorsale transsaharienne à fibre optique illustrent cette ambition de devenir un « hub clé du commerce et de l’investissement en Afrique », facilitant les flux commerciaux à travers le continent.

L’IATF 2025 comportera des pavillons multisectoriels couvrant l’agriculture, l’industrie, l’énergie et la finance, complétés par des manifestations parallèles comme le Creative Africa Nexus (Canex) et des espaces dédiés aux jeunes entrepreneurs. Cette approche globale vise à « promouvoir l’innovation, contribuer à la création de valeur ajoutée et à la diversification des économies africaines », répondant aux défis contemporains du développement continental.

Amar Malki

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