L’importation de bus ouverte pour les transporteurs
Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a annoncé lundi l’ouverture de l’importation de nouveaux bus et de véhicules de moins de cinq ans aux transporteurs, dans le cadre d’un vaste plan de renouvellement du parc national de transport public.
S’exprimant lors du lancement du vol commercial inaugural de la compagnie Domestic Airlines sur la ligne Alger-Tamanrasset à l’aéroport international Houari Boumediene, le ministre a précisé que cette mesure s’accompagne de la mise en place d’un groupe de travail chargé d’étudier la possibilité de réviser les taxes douanières afférentes à ces opérations d’importation. Cette décision, prise conformément aux instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune, vise à garantir un service de transport sûr, moderne et organisé pour les citoyens. Cette initiative répond à une situation critique du transport urbain et suburbain, contrastant avec l’état « excellent » du parc de transport inter-wilayas selon les termes du ministre.
84000 bus à remplacer
Le constat dressé par le ministère révèle l’ampleur du défi à relever. Depuis Tamanrasset, le ministre Sayoud a dévoilé des chiffres édifiants sur l’état du parc national de transport. « Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a pris une décision importante de retirer les bus dont l’âge dépasse 30 ans », a-t-il déclaré, précisant que ces véhicules vétustes au nombre de 5400 unités seront remplacés progressivement dans un délai de six mois. Cette première phase constitue la partie émergée d’un iceberg bien plus conséquent puisque 28000 bus de plus de vingt ans d’usage circulent encore sur le territoire national et devront également être remplacés ultérieurement.
L’objectif global fixé par le ministère atteint des proportions considérables avec le renouvellement programmé de 84000 bus répartis par phases successives. Cette ambition s’inscrit dans une démarche sécuritaire prioritaire visant à garantir la sécurité des voyageurs du transport terrestre. Le ministre a souligné que seuls les bus répondant à l’ensemble des critères de conformité seront autorisés à circuler, après inspection par des commissions de wilaya comprenant des représentants de différents intervenants qui vérifieront l’état de la structure, de la carrosserie, l’état intérieur général, les équipements de sécurité et les sièges passagers.
La législation adoptée depuis janvier dernier autorise désormais les transporteurs à importer des bus neufs et des véhicules de moins de cinq ans, moyennant le paiement des taxes douanières et l’accomplissement de toutes les procédures réglementaires d’importation. Toutefois, la proposition des transporteurs de bénéficier d’exonérations douanières demeure « en cours d’étude » selon le ministre. Un groupe de travail au niveau du ministère collabore avec les services des ministères de l’Industrie et du Commerce pour « étudier cette proposition et apporter des solutions pouvant être introduites dans la prochaine loi de finances. » Cette démarche de modernisation s’accompagne d’une approche participative impliquant étroitement les partenaires sociaux. Il faut dire que l’état actuel du parc de transport public et le danger qu’il représente pour la sécurité routière suscite de vifs débats depuis quelques mois, d’autant plus que les accidents mortels ou graves impliquant des bus se sont multiplliés ces dernières semaines. Un débat ravivé d’ailleurs par le dramatique accident de bus d’Oued El Harrach qui a fait 18 morts il y’a quelques jours. Au lendemain du drame, le ministre a présidé la semaine dernière une réunion pour se pencher sur le renouvellement du parc de bus de transport. Lors de cette réunion, les représentants de l’Union nationale algérienne des transporteurs, de l’Organisation nationale des transporteurs algériens et de la Fédération nationale du transport de voyageurs et de marchandises ont exprimé leurs préoccupations et propositions. Ils ont notamment demandé des exonérations douanières et fiscales pour faciliter le renouvellement du parc, la révision de la tarification des transports, l’organisation et la qualification des conducteurs ainsi que la réglementation de leur recrutement, insistant sur la nécessité de les soumettre à des analyses de dépistage de stupéfiants.
Le ministre a alors mis l’accent sur l’encouragement de la fabrication locale de bus pour soutenir l’économie nationale, tout en créant un groupe de travail avec les représentants des transporteurs pour suivre les dossiers dans une démarche participative garantissant des solutions pratiques et efficaces. Un numéro vert sera également mis en place au niveau des directions des transports dans les wilayas pour le signalement de tout manquement.
Cette politique de renouvellement du parc s’étend également aux régions du Sud, particulièrement concernées par les défis du désenclavement. La wilaya de Tamanrasset bénéficiera « sur-le-champ » de dix bus neufs pour le transport inter-wilayas, tandis que des ingénieurs ont été mandatés pour réparer les bus en panne et les remettre en service. Le ministre a également évoqué le traitement de certaines insuffisances enregistrées à l’aéroport Aguenar Hadj Bey Akhamok, notamment le projet d’extension du parking automobile.
Samir Benisid