Pillage des ressources sahraouies : Les agriculteurs espagnols se mobilisent
Le pillage systématique des richesses du Sahara occidental par le Maroc trouve un écho inattendu dans les manifestations d’agriculteurs espagnols, révoltés par l’explosion des importations agricoles marocaines qui menacent leur survie économique. Les chiffres sont éloquents : les importations espagnoles de fruits et légumes en provenance du Maroc ont bondi de 33% au premier semestre 2025, atteignant 899,5 millions d’euros, faisant du royaume chérifien le premier fournisseur de l’Espagne en valeur dans ce secteur, selon des données officielles rapportées par le journaliste espagnol Francisco Miralles dans un article publié le 22 septembre dernier sur le site « HuffPost » espagnol. Cette déferlante commerciale dissimule une réalité bien plus grave dénoncée par le Groupe sahraoui de surveillance des ressources naturelles et des questions juridiques connexes. « Le Maroc poursuit son pillage systématique des richesses du peuple sahraoui, à travers l’exploitation effrénée des terres agricoles sahraouies et des eaux souterraines sahraouies rares qui subissent un gaspillage », affirme Abi Bouchraya Bachir, président de l’organisation, dans une déclaration à l’agence de presse sahraouie. Le responsable sahraoui alerte sur les conséquences environnementales catastrophiques de cette exploitation qui « expose la région à perdre rapidement les réserves disponibles, ce qui va à l’encontre des principes du développement durable, ainsi que des récentes décisions de la Cour de justice européenne ».
L’exemple des tomates illustre parfaitement cette spoliation déguisée. Les importations espagnoles ont explosé de 269% en une décennie, contribuant à faire chuter les exportations espagnoles vers l’Union européenne de 25%. Derrière ces chiffres se cache l’exploitation intensive des terres sahraouies et de leurs précieuses nappes phréatiques, transformées en produits « marocains » bénéficiant d’avantages douaniers européens. « La persistance de certains pays européens à fermer les yeux et à traiter les produits d’origine sahraouie comme s’ils étaient marocains est un comportement qui ne nuit pas seulement aux droits souverains du peuple sahraoui, mais constitue aussi une concurrence déloyale qui frappe les agriculteurs européens eux-mêmes », dénonce le responsable sahraoui, soulignant que ces produits obtiennent « la préférence douanière dans le cadre de l’accord avec le Maroc » alors que « la Cour de l’Union européenne de justice a confirmé qu’il ne devrait pas inclure le Sahara occidental tant qu’il n’a pas l’accord du peuple sahraoui et de son représentant légitime ». Les agriculteurs espagnols, victimes indirectes de ce pillage organisé, se mobilisent désormais pour exiger l’application des arrêts de la Cour de justice européenne. Les députées espagnoles Carmen Crespo (Parti populaire) et Mireia Borrás (Vox) ont saisi la commission des pétitions du Parlement européen, réclamant un contrôle renforcé de l’accord agricole avec le Maroc. La Cour de justice européenne avait rendu le 4 octobre 2024 un arrêt annulant les accords de pêche et d’agriculture entre l’Union européenne et le Maroc en raison de l’absence de consentement du peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario. Confirmant sa décision le 15 janvier 2025, la Cour stipule la nécessité d’exclure les produits provenant des territoires sahraouis occupés de tout privilège douanier et d’identifier précisément leur origine comme provenant « du Sahara occidental occupé et non du Maroc ».
L.S.