À la UneMonde

Le Sahara occidental au cœur de l’AG de l’ONU : Le Makhzen consomme son isolement diplomatique

La 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York s’est transformée en tribune internationale de soutien au peuple sahraoui, révélant l’isolement diplomatique croissant du Maroc sur la question du Sahara occidental.

La présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah a donné le ton en condamnant vigoureusement « le blocage et l’impasse » concernant le traitement de la question sahraouie par le Conseil de sécurité, soulignant l' »injustice qui s’étend sur 34 ans, depuis l’adoption de la résolution 690 en 1991″. La dirigeante namibienne a notamment insisté sur l’urgence d’organiser « un référendum au Sahara occidental, sous l’égide des Nations Unies, afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination ». Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a renchéri en réaffirmant le soutien indéfectible de Pretoria au peuple sahraoui et à sa cause légitime. « En tant que membre de l’Assemblée générale des Nations Unies, nous assumons notre responsabilité de réaffirmer notre soutien au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination », a déclaré le leader sud-africain, rappelant l’engagement historique de son pays en faveur de la décolonisation. Des positions qui mettent clairement en échec les tentatives marocaines de normalisation de l’occupation par la promotion de son plan d’autonomie, rejeté par la communauté internationale. Lors de son intervention devant l’Assemblée générale, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Yvan Gil Pinto a réaffirmé le soutien de son pays aux revendications légitimes du peuple sahraoui, appelant au respect du droit international. De son côté, le ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe, Amon Murwira a exprimé, une nouvelle fois, la position de son pays en faveur des droits des peuples palestinien et sahraoui, faisant part de la « solidarité constante » de son pays avec ces deux peuples dans leur quête légitime de liberté. Pour sa part, le Premier ministre du Belize, Johny Briceno a mis l’accent sur « la nécessité de mettre un terme à la privation du peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination et à la liberté », affirmant que « tous les pays doivent jouir du droit de choisir leur propre voie ».

Même l’Espagne, ancienne puissance coloniale et partenaire privilégié du Maroc, a pris ses distances. Le roi Felipe VI a souligné la nécessité de résoudre le conflit « conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU », une formulation qui écarte implicitement les solutions unilatérales prônées par Rabat.

L’Algérie réaffirme son soutien à la cause sahraouie

L’Algérie a réaffirmé sa position sur la question lors de cette session onusienne. Le ministre d’État algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est entretenu avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, en marge des travaux de l’Assemblée générale. Cette rencontre, qui fait suite aux discussions tenues le 16 septembre à Alger, a permis « de discuter de l’évolution de la cause sahraouie, en prévision de la réunion du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental prévue en octobre prochain », selon un communiqué du MAE. Attaf a réaffirmé « la position constante de l’Algérie en faveur des efforts de l’ONU visant à parvenir à un règlement juste, durable et définitif sur la question du Sahara occidental, capable de garantir au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination ».

Parallèlement aux débats politiques, la dimension économique de l’occupation fait l’objet d’une condamnation internationale croissante. À Genève, lors d’une session du Conseil des droits de l’homme, la Fédération internationale pour la protection des minorités ethniques et le Mouvement international de la jeunesse ont dénoncé l’exploitation illégale des ressources naturelles sahraouies. « Il ne peut y avoir de justice climatique sans décolonisation, et pas d’avenir durable alors que les Sahraouis se voient refuser la souveraineté sur leurs terres et leurs ressources », ont souligné ces organisations, pointant du doigt les projets énergétiques marocains en territoire occupé.

Cette mobilisation internationale illustre l’échec de la stratégie marocaine de normalisation de l’occupation. Malgré les investissements massifs dans le lobbying et les tentatives de présenter le Sahara occidental comme une région marocaine ordinaire, la communauté internationale maintient sa position de principe basée sur le droit international. L’isolement diplomatique du Maroc sur cette question révèle les limites de ses manoeuvres face à un consensus international solidement ancré sur la nécessité de la décolonisation du dernier territoire non autonome d’Afrique.

Lyes Saïdi

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *