Disparition de Faouzi Saichi à l’âge de 74 ans : « Rmimez » tire sa révérence
Le monde artistique algérien pleure la disparition de Faouzi Saichi, alias « Rmimez », décédé lundi après une longue maladie, emportant avec lui 43 années de talent et d’engagement au service du septième art national. Cette figure emblématique du cinéma et de la télévision algériens laisse derrière elle un héritage artistique considérable qui a marqué plusieurs générations de spectateurs.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a rendu hommage à l’artiste disparu dans un message de condoléances adressé à sa famille et à l’ensemble de la communauté artistique algérienne. « C’est avec une immense tristesse et une profonde affliction que j’ai appris le décès de l’artiste Faouzi Saichi, à la suite d’une longue maladie », a écrit le chef de l’État dans son message. « En cette douloureuse épreuve, nous présentons nos condoléances à la famille de l’artiste, à la famille du cinéma algérien en particulier et à la famille artistique en général, où il a laissé une empreinte mémorable à travers ses œuvres significatives, des films et des séries qui ont fait, des décennies durant, la joie du public », a-t-il ajouté.
Né en 1951 à Ain Sefra dans la wilaya de Naâma, Saichi Boutekhil Faouzi entame sa carrière cinématographique en 1982 avec un coup de maître. Son premier rôle principal dans « Un toit, une famille », une comédie dramatique réalisée par Rabah Laradji, lui vaut immédiatement une reconnaissance internationale avec le Prix de la meilleure interprétation masculine aux Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie. Cette distinction prestigieuse marque le début d’une trajectoire artistique exceptionnelle qui s’étendra sur plus de quatre décennies, période durant laquelle l’acteur enrichira le patrimoine audiovisuel algérien d’une vingtaine d’œuvres mémorables.
Son parcours cinématographique s’illustre particulièrement à travers sa collaboration avec le réalisateur Mahmoud Zemmouri dans deux films cultes : « Les folles années du twist » en 1986 et « De Hollywood à Tamanrasset » en 1991. Ces productions, devenues des références du cinéma algérien, témoignent de sa capacité à incarner des personnages variés avec une authenticité remarquable. Sa polyvalence d’acteur lui permet de naviguer avec aisance entre comédie et drame, apportant à chacune de ses interprétations cette touche personnelle qui le rend immédiatement reconnaissable par le public. La télévision algérienne bénéficie également largement de son talent à travers des séries qui marquent durablement le paysage audiovisuel national. « Nass Mlah City » en 2004 et « Djemai Family » en 2011, toutes deux réalisées par Djaffar Gacem, constituent des moments forts de sa filmographie télévisuelle. Ces productions populaires permettent à Rmimez de toucher un public encore plus large et de s’imposer comme une figure familière des foyers algériens. Son jeu naturel et sa capacité à créer une complicité immédiate avec les téléspectateurs font de lui un acteur particulièrement apprécié du grand public. La reconnaissance de ses pairs s’est manifestée de manière touchante lors d’un hommage organisé en février dernier par l’association artistique du cinéma « Lumières » à Alger. Cette cérémonie émouvante, qui coïncidait avec la Journée nationale du chahid, avait rassemblé de nombreuses personnalités du septième art algérien venues célébrer le parcours exceptionnel de cet artiste qui avait profondément marqué le paysage audiovisuel national. La projection d’un documentaire de 52 minutes réalisé par Amar Rabia avait permis de retracer sa riche carrière, donnant largement la parole à l’artiste qui évoquait avec franchise ses débuts et partageait ses nombreuses expériences. Les témoignages de ses compagnons de route, notamment Mohamed Adjaimi, Bahia Rachedi et Abdenour Chellouche, avaient enrichi ce portrait intime d’un homme qui avait consacré sa vie à son art. Amar Rabia avait particulièrement mis en lumière le « parcours exemplaire » de cet acteur qui « a grandi dans le monde de l’art qu’il continue de servir malgré son état de santé détérioré ». Visiblement touché par cette marque de reconnaissance, Saichi avait exprimé son émotion face à cet hommage rendu par ses pairs, évoquant un parcours jalonné de « succès, d’événements et de souvenirs ». La dimension patriotique de son engagement avait également été soulignée lorsque Abdellah Guoutaib, président de l’association « Echahid lan yamout », avait tenu à l’honorer en sa qualité de fils de chahid. Cette reconnaissance témoignait de l’attachement de l’artiste à ses racines et aux valeurs qui ont forgé l’Algérie indépendante. Le directeur général de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins, Samir Thaalbi, a exprimé ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt ainsi qu’à l’ensemble de la famille artistique algérienne. « En cette douloureuse circonstance, nous implorons Allah Tout-Puissant d’accorder au défunt Sa sainte miséricorde et de l’accueillir en Son vaste paradis. A Allah nous appartenons et à Lui nous retournons », a conclu le président de la République dans son message de condoléances.
Mohand Seghir