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La jeunesse se révolte : Maroc, la colère gronde !

La jeunesse marocaine suffoque sous la pression sociale et se révolte.

Dimanche, des centaines de jeunes Marocains ont été arrêtés par les forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays, au deuxième jour consécutif de manifestations populaires réclamant une refonte urgente du système éducatif et des services de santé publique. Une vague de protestation inédite qui révèle la profondeur d’une crise sociale explosive. À Rabat, épicentre de la contestation, la police du Makhzen a déployé un dispositif musclé pour empêcher les rassemblements au centre-ville, procédant à des dizaines d’interpellations. Samedi déjà, les mêmes scènes s’étaient déroulées, préfigurant l’escalade du week-end. Le président de la section rabatie de l’Association marocaine des droits humains, Hakim Sikouk, dénombre plus de cent interpellations dans la capitale et des dizaines d’autres à Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt, témoignant de l’ampleur géographique du mouvement. Cette répression brutale a suscité une condamnation unanime des organisations de défense des droits humains et de deux formations de l’opposition, le Parti justice et développement et la Fédération de la gauche démocratique, qui dénoncent une atteinte aux libertés fondamentales. Derrière ces manifestations se profile un collectif baptisé GenZ 212, né sur la plateforme Discord il y a quelques jours à peine. Se présentant comme un espace de discussion autour des problématiques cruciales que sont la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption, ce mouvement incarne l’exaspération d’une génération sacrifiée, confrontée à des inégalités sociales persistantes qui frappent particulièrement les jeunes et les femmes. Le contexte dans lequel s’inscrit cette colère populaire est celui d’un système de santé publique à l’agonie. Le drame survenu récemment dans un hôpital d’Agadir, où huit femmes enceintes sont décédées après des césariennes, a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Ces morts évitables ont révélé au grand jour l’état catastrophique des infrastructures hospitalières, le manque criant d’équipements et de médicaments, et l’incurie d’un système qui abandonne les plus vulnérables. Le 14 septembre, des heurts violents avaient déjà opposé policiers et manifestants devant cet établissement, où la population dénonçait des conditions de prise en charge indignes d’un État moderne. Les réseaux sociaux ont amplifié l’indignation, diffusant des vidéos accablantes de la déliquescence du service public. Mais les autorités marocaines, loin de répondre aux revendications légitimes, ont choisi la voie de la fermeture. Une semaine après le drame d’Agadir, deux sit-in prévus à Tiznit et Essaouira ont été purement et simplement interdits, et une douzaine de personnes, dont des membres de l’Association marocaine des droits humains, ont été interpellées. Cette stratégie du tout sécuritaire et d’escalade de la répression révèle l’incapacité du pouvoir à entendre la détresse d’une population qui aspire simplement à des services publics dignes de ce nom. Le Maroc se trouve aujourd’hui à un tournant critique de son histoire sociale. Les inégalités béantes qui minent le tissu social ne peuvent plus être dissimulées sous le vernis d’une modernité de façade. La jeunesse marocaine, éduquée et connectée, refuse désormais de subir en silence un système qui la prive d’avenir. Le mouvement GenZ 212, bien que récent, traduit une aspiration profonde au changement et à la justice sociale. Car si la colère gronde aujourd’hui, elle pourrait bien se transformer demain en une tempête que rien ne pourra arrêter.

Lyes Saïdi

admin

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