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Plus de 60 tonnes de cannabis marocain saisies durant les dix premiers mois de l’année : Maroc, un narco-État à nos frontières

Plus grand producteur de cannabis au monde, le Maroc demeure le principal pourvoyeur de de drogue dans la région, y compris en Algérie. Les saisies de kif en provenance du Maroc sont d’ailleurs de plus en plus importantes. Dans ce sens, la Directrice de la prévention au sein de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, GhaniaMokdache a indiqué hier lors d’une intervention sur les ondes de la Chaine I de la Radio algérienne que pas moins de 60 tonnes de cannabis en provenance du Maroc ont été saisis pour les seuls 10 premiers mois de l’année 2022. Elle pointe du doigt dans ce sens le rôle du régime marocain qui a non seulement légalisé la production de cannabis, mais couvre l’activité des narcotrafiquants, chose qui a alimenté l’expansion de ces groupes criminels organisés, ce qui représente aujourd’hui une menace pour la sécurité de l’Algérie.

La responsable de l’ONLCDT d’ailleurs souligné l’effet de l’expansion de ce trafic de drogue sur la hausse de la consommation de narcotiques en Algérie, pays de transit de ces substances, notamment le cannabis marocain qui devient un pays de consommation. Elle note ainsi une hausse de consommation en Algérie, notamment de cocaïne et de psychotropes. Elle a ainsiindiqué que « la consommation de cocaïne a augmenté de 200 % entre les dix premiers mois de l’année 2021 et la même période de 2022, et cela est indissociable des augmentationsde 100 % enregistrés en ce qui concerne la consommation d’autres drogues y compris les hallucinogènes. » Elle a également alerté sur une le fait que la consommation de drogue est de plus en plus précoce.  « Les enquêtes de terrain ont confirmé que la consommation était devenue précoce, car des substances psychotropes ont été saisies à l’école primaire » a indiqué Mme Mokdache, avertissant que la dépendance était devenue une menace pour la sécurité et la santé publiques.Abordant le projet du gouvernement d’amender la loi 04-18 sur la lutte contre la consommation et le trafic de drogues, Ghania Mokdache préconise une approche thérapeutique pour sensibiliser les consommateurs.« La loi de 2004 évoque bien que le toxicomane est un malade qui peut bien être traité au lieu de le poursuivre en justice, ce qui n’a pas été appliqué de manière pratique. Il faut consolider cette approche », indique-t-elle.

Pour rappel, selon le bilan du ministère de la Défense nationale pour l’année 2022 publié la semaine dernière, les éléments de l’Armée nationale populaire ont saisi, à eux seuls, d’importantes quantités de kif traité à la frontière avec le Maroc s’élevant à 48,54 tonnes durant l’année écoulée. Ils ont également saisi de 35,87 kilogrammes de cocaïne, ainsi que de 10910403 comprimés psychotropes. Ils ont également arrêté 2.016 narcotrafiquants.

Pour rappel, le Rapport mondial sur les drogues pour 2022, publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a confirmé que le Maroc est le plus grand producteur et exportateur de cannabis.Le rapport désigne le Maroc comme le premier pays africain en termes d’importance de la culture du cannabis au cours de la décennie 2010-2020, ajoutant qu’« il est difficile d’estimer la superficie mondiale plantée de cannabis, car certains pays ne disposent pas de systèmes de surveillance appropriés pour cet indicateur.Le rapport indique également que les saisies de cannabis continuent d’être concentrées en Afrique du Nord et en Europe centrale, qui constituent une région pour la production, le trafic et la consommation de cette drogue, représentant près de 60 % des saisies mondiales au cours de la période 2016-2020.En ce qui concerne l’impact de la culture du cannabis sur l’environnement, la région du Rif au nord du Maroc est également mentionnée dans ce rapport, où la culture de ce type de drogue repose principalement sur l’utilisation extensive d’engrais de synthèse.Dans la zone rurale, où la majeure partie du chanvre du pays est cultivée et où la culture illégale est devenue de plus en plus intensive et souvent monoculture, au cours des dernières décennies, cela a accru la pression environnementale sur un écosystème déjà fragile, sous la forme de l’élimination des forêts, de la pénurie d’eau et de la perte de biodiversité », notant que la culture intensive de ce type de drogue a « fait de la région le plus grand utilisateur d’engrais et de pesticides du secteur ».

Chokri Hafed

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