Économie

Développement agricole : Un système d’information pour garantir la fiabilité des données

Le directeur de l’École supérieure d’agriculture, Pr. Tarik Hartani, a annoncé mardi la mise en place prochaine d’un système national d’information agricole destiné à centraliser toutes les données du secteur et régler une problématique centrale pour le secteur : le manque de fiabilité des données, qui sont souvent faussées. Intervenant sur les ondes de la Radio algérienne dans l’émission « l’Invité du jour » de la chaîne 3, le Pr. Hartani a qualifié cette orientation stratégique d’« étape essentielle pour moderniser en profondeur l’agriculture algérienne, longtemps restée en retrait face aux nouvelles technologies ». Le directeur de l’École supérieure d’agriculture a expliqué que ce futur système national d’information agricole permettra de « centraliser et valoriser toutes les données produites par les différents démembrements du secteur », précisant que « chaque structure génère de l’information qui doit être stockée et transmise à la hiérarchie ». Pour lui, « une information non utilisée et non optimisée est une information morte, alors que des efforts importants ont été consentis pour la produire ». Cette annonce intervient dans un contexte où le secteur agricole algérien souffre d’un manque flagrant d’informations fiables. « Le secteur agricole souffrait d’un manque flagrant d’informations fiables, notamment dans les filières stratégiques. La numérisation permettra de combler ce retard et d’offrir une visibilité réelle à toutes les filières du secteur », a déclaré le Pr. Hartani, soulignant que « l’absence de bases de données centralisées provoquait souvent des écarts que les responsables avaient du mal à corriger à temps ». La filière céréalière, grande consommatrice de fonds publics, figure parmi les priorités de cette transformation numérique. « En vingt ans, près de 100 milliards de dollars ont été injectés dans le secteur agricole, dont 80 % dans la seule filière céréalière. Avec la numérisation, il aurait été possible d’optimiser ces financements et d’assurer une meilleure traçabilité des ressources », a expliqué l’intervenant, déplorant l’absence de traçabilité dans cette filière stratégique. L’élevage bénéficiera également de cette modernisation grâce à des technologies comme les puces électroniques pour le suivi du cheptel, permettant d’améliorer les rendements et de réduire les pertes.

Selon le Pr. Hartani, la centralisation des données représente « un levier stratégique pour améliorer la gestion et affiner les prévisions ». Il a souligné que « lorsque l’information est fragmentée et non numérisée, la prise de décision devient approximative. Avec la digitalisation, l’administration centrale disposera d’une vue d’ensemble et pourra mieux accompagner les producteurs ». La numérisation facilitera également « la distribution des aides financières et matérielles, qui pourront être orientées de manière plus transparente et plus équitable vers les agriculteurs qui en ont réellement besoin ». Pour réussir cette transition, le directeur de l’École supérieure d’agriculture insiste sur la nécessité d’impliquer les agriculteurs, « y compris ceux situés dans les zones steppiques ou montagneuses, afin de les sensibiliser aux bénéfices de la numérisation ». Il a évoqué le développement d’applications adaptées pouvant fournir « des informations utiles sur le climat, les conditions de semences, ou encore l’utilisation optimale des engrais et des outils de travail ». Le Pr. Hartani a également insisté sur « la nécessité de sécuriser ces données en recrutant des ressources humaines qualifiées capables d’en assurer la gestion ».

Conscient des résistances au changement, Tarik Hartani estime néanmoins que « la modernisation est un mouvement irréversible » et que « ceux qui refusent d’intégrer cette dynamique finiront par être marginalisés ». Il a rappelé l’importance de la Conférence nationale de l’agriculture prévue fin octobre, « un rendez-vous stratégique » pour faire le point sur ces enjeux et dégager des recommandations concrètes.

Sabrina Aziouez

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