Clôture du 10e Festival de la création féminine : L’ingéniosité de la pensée ancestrale célébrée à Alger
Le 10e Festival culturel national de la création féminine a clôturé ses travaux vendredi à la villa Boulkine (Hussein-Dey), après une semaine d’activités dédiées à la valorisation du patrimoine ancestral algérien. Organisé sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, l’événement placé sous le slogan « La femme du Sud… Une authenticité qui se narre, une créativité qui illumine » a réuni près de 70 exposantes venues principalement des wilayas du Sud pour célébrer l’ingéniosité de la pensée ancestrale à travers des créations alliant tradition et modernité. Ce carrefour incontournable de la création féminine a accueilli du 18 au 24 octobre des créatrices de mode, stylistes, artistes peintres, photographes et artisanes spécialisées dans les métiers du tissage, de la dinanderie, de la bijouterie et de la vannerie. Triées sur le volet, ces participantes venues de toutes les régions d’Algérie ont donné de la visibilité au patrimoine matériel et immatériel du pays, présentant des œuvres aux contenus autochtones empreints de formes modernes et contemporaines. La cérémonie de clôture, déroulée en présence de cadres du ministère de la Culture et des Arts, s’est ouverte par un défilé de mode mettant en valeur le travail des créateurs Selim Louahchy, Zahed Abranis et Chifa Belhadj. Ce défilé a été suivi d’un concours de tenues traditionnelles, taillées dans de belles coupes aux conceptions et aux contours contemporains représentant toutes les régions d’Algérie. Les créations présentées ont démontré la capacité des artisans algériens à conjuguer respect de l’héritage culturel et innovation esthétique. Le jury composé de la styliste Nabila Chibah, du plasticien et scénographe Hamza Bounoua et de la chanteuse de musique andalouse Lila Borsali a décerné le Prix du « Meilleur Fashion designer » au jeune « Islam Designer Dz », qui s’est imposé face à cinq autres finalistes : Asma Panta Ghoual, Fares Benabdeslam, Mounia Demmak Design, Malika Laouni et Lady Sakina. Cette distinction récompense une approche créative qui réussit à marier l’authenticité du patrimoine vestimentaire algérien avec les exigences de la mode contemporaine. Parallèlement au concours de mode, un concours de dessin a également été organisé, remporté par la jeune Cherine Attia. Cette initiative témoigne de la volonté des organisateurs d’encourager les talents émergents dans différentes disciplines artistiques et de promouvoir la créativité sous toutes ses formes. La soirée de clôture a également été marquée par des prestations artistiques d’une grande richesse. Le duo de conteuses composé de Sihem Kennouche d’Alger et de Madame Belhadj d’Oued Souf a déclamé un conte populaire dans des atmosphères solennelles, rappelant l’importance de la tradition orale dans la transmission du patrimoine immatériel algérien. Cette prestation a captivé l’assistance par sa capacité à faire revivre les récits ancestraux avec authenticité et émotion. Le point culminant de la soirée a été une fusion musicale inédite des genres, réunissant l’orchestre féminin de l’association « Niliya » des Arts populaires de Tindouf, sous la direction de Kheira Belekhal, avec une partie du Chœur polyphonique de la Wilaya d’Alger, dirigé par Zouhir Mazari. Cette rencontre artistique exceptionnelle a mis en avant la jeune cantatrice soprano Sérine Khiari, dont la voix a sublimé la fusion entre musique traditionnelle et création contemporaine. L’Ensemble polyphonique d’Alger a donné une coloration moderne et hautement esthétique à des chansons populaires sublimant la grandeur de l’Algérie, issues du terroir de cette belle ville du Sud-Ouest algérien aux reliefs monoclinaux. Cette approche novatrice démontre que le patrimoine musical peut être réinterprété sans être dénaturé, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour sa transmission aux jeunes générations. L’association « Tihijelt », venue de la localité d’Ahrir, commune de Bordj El Houas dans la wilaya de Djanet, a également étalé quelques airs de son répertoire aux cadences irrégulières et au groove envoûtant. Ces sonorités du désert ont transporté le public dans l’univers fascinant des traditions musicales sahariennes, rappelant la diversité et la richesse du patrimoine culturel algérien. Le Commissariat du festival a rendu un hommage émouvant à deux figures emblématiques de la musique algérienne récemment disparues : Badi Lalla (1937-2025), la « diva du Blues touareg », et Hasna El Bécharia (1950-2024), la « rockeuse du désert ». Cet hommage, accompagné de la diffusion de quelques-unes de leurs pièces dont la célèbre « El Djazaïr djawhara », a rappelé la contribution inestimable de ces artistes à la préservation et au rayonnement de la musique saharienne. Dans son allocution de clôture, le commissaire du 10e festival culturel national de la création féminine, Sid Ali Ben Merabet, a souligné « l’importance d’un tel événement » dans le paysage culturel algérien. Il a rappelé qu' »à travers la créativité et la beauté esthétique, la Culture et l’Art arrivent à réunir les Algériens autour de l’amour de leur chère patrie et la nécessité de préserver, promouvoir et transmettre aux jeunes générations le patrimoine culturel algérien dans sa richesse et sa diversité ». Le festival a également été l’occasion d’organiser plusieurs conférences scientifiques, masters-class, rencontres littéraires et poétiques, ainsi que des concerts de musique du Sud algérien. Ces activités parallèles aux expositions ont contribué à créer un véritable écosystème culturel favorisant les échanges entre créatrices, artistes, chercheurs et public, consolidant ainsi le rôle du festival comme plateforme de promotion et de valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel algérien.
M.S.

