Mondiaux 2025 de gymnastique : Nemour, première championne arabe et africaine

L’Algérienne Kaylia Nemour a inscrit vendredi son nom en lettres d’or dans l’histoire de la gymnastique mondiale en remportant le titre aux barres asymétriques lors des Championnats du monde 2025 à Jakarta, devenant ainsi la première gymnaste arabe et africaine sacrée championne du monde dans cette spécialité.

Avec un score impressionnant de 15,566 points, la championne olympique a devancé la Russe Angelina Melnikova et la Chinoise Yang Fanyuwei, toutes deux créditées de 14,500 points, avant d’ajouter samedi une médaille d’argent à la poutre avec 14,300 points.

Un peu plus d’un an après son triomphe aux Jeux olympiques de Paris 2024, la jeune prodige algérienne de 18 ans continue d’éblouir la planète gymnastique. À Jakarta, dans l’enceinte majestueuse de l’IMS Arena, Kaylia Nemour a une nouvelle fois démontré pourquoi elle est considérée comme l’une des plus grandes étoiles de la discipline. Sa prestation aux barres asymétriques restera comme un modèle d’élégance et de perfection technique, un moment de grâce pure qui a laissé le public indonésien bouche bée et ses concurrentes loin derrière. Déjà dominante lors des qualifications mardi avec 15,533 points, la gymnaste algérienne a confirmé son statut en livrant une exécution sans faute lors de la finale. Sous la houlette de sa coach Nadia Maci, Nemour a abordé cette échéance capitale avec la confiance d’une grande championne. Fidèle à son style caractéristique, alliant élégance et dynamisme, elle a enchaîné les éléments avec une précision chirurgicale. Son passage a été noté 15,566 points, dont 7,200 en difficulté et 8,500 en exécution, une partition quasi parfaite qui témoigne de la maturité acquise par la jeune athlète depuis son sacre olympique. Ce qui frappe dans la gymnastique de Nemour, c’est avant tout sa fluidité exceptionnelle. Là où d’autres gymnastes multiplient les bascules et les temps morts, l’Algérienne réduit ces phases au strict minimum, offrant un enchaînement continu, rythmé et ample qui évoque une véritable chorégraphie musicale. Chaque mouvement s’enchaîne naturellement au suivant, créant une impression de facilité trompeuse qui masque la difficulté extrême de l’exercice. Sa morphologie, avec son 1,66m de hauteur, parfois jugée peu avantageuse pour certains agrès, devient ici un atout majeur. Elle lui permet notamment de passer debout sur la barre, ajoutant une touche unique et spectaculaire à sa routine. Au cœur de sa performance figure évidemment le mouvement qui porte désormais son nom. Le fameux « Nemour », officiellement inscrit depuis août 2024 au code de pointage de la Fédération internationale de gymnastique, a été exécuté avec une maîtrise absolue. Ce mouvement signature, d’une difficulté redoutable, est devenu l’emblème de son style et la marque de fabrique d’une gymnaste qui repousse constamment les limites de la discipline. Sa sortie en double temps, parfaitement maîtrisée, a scellé une prestation qui restera dans les annales.

L’exploit de la championne algérienne n’a pas manqué de susciter une vague d’hommages à travers le continent africain et le monde arabe. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été parmi les premiers à féliciter la jeune prodige. Sur son compte personnel sur les réseaux sociaux, le chef de l’État a écrit : « Félicitations à la fierté de l’Algérie, Kaylia Nemour, notre brillante championne olympique, pour sa nouvelle victoire. Mes chaleureuses félicitations pour votre médaille d’or aux championnats du monde dans la capitale indonésienne, Jakarta. Vous avez honoré l’Algérie avec brio. Merci beaucoup, Kaylia. » Au niveau continental, le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a également tenu à saluer cette performance historique. Il a félicité samedi la championne algérienne en saluant sa « performance éblouissante », estimant qu’il s’agit d' »un moment de fierté pour l’Afrique ». Le responsable panafricain a souligné que Kaylia Nemour incarne « un symbole d’excellence et de l’ascension irrésistible des talents africains sur la scène mondiale ». Il a ajouté que la victoire de la gymnaste algérienne « inspirera une nouvelle génération de jeunes africains à rêver plus grand et à aller plus loin », affirmant qu' »un investissement judicieux dans le sport permet aux athlètes africains de rivaliser avec les meilleurs au monde, tout comme l’a fait Kaylia ».

Le parcours de Kaylia Nemour aux Mondiaux de Jakarta ne s’est pas limité à ce sacre aux barres asymétriques. Jeudi, elle avait terminé au pied du podium du concours général individuel avec un total de 54,564 points, composé de 15,166 aux barres asymétriques, 13,066 à la poutre, 12,866 aux exercices au sol et 13,466 au saut. La médaille d’or était revenue pour la deuxième fois à la Russe Angelina Melnikova avec 55,066 points, devant l’Américaine Leanne Wong à 54,966 points et la Chinoise Qingying Zhang à 54,633 points.  Samedi, Nemour a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès en décrochant la médaille d’argent au concours de la poutre avec une note de 14,300 points. Elle s’est inclinée face à la Chinoise Zhang Qingying, médaillée d’or avec 15,166 points, mais a devancé la Japonaise Sugihara Aiko, médaillée de bronze avec 14,166 points. Cette deuxième médaille confirme la régularité exceptionnelle de l’Algérienne et sa capacité à performer sur plusieurs agrès lors des grandes compétitions.

Ces nouveaux succès s’ajoutent à un palmarès déjà impressionnant qui comprend notamment sa médaille d’or olympique à Paris 2024, ses multiples distinctions en Coupes du monde et sa médaille d’argent aux Mondiaux d’Anvers 2023. À seulement 18 ans, Kaylia Nemour s’impose comme une référence absolue de la gymnastique mondiale, une source d’inspiration pour toute une génération d’athlètes africains et arabes qui voient désormais qu’il est possible d’atteindre les sommets de leur discipline. La délégation algérienne à Jakarta ne se limite pas à sa championne vedette. Six autres gymnastes représentent les couleurs nationales : Adem Koughat, Houssam-Eddine Hamdouche, Bilel Bellaoui, Youcef Semani et Ahmed Ryad Aliouet chez les messieurs, ainsi que Sihem Hamidi chez les dames.

M. Dahleb