Clôture de la 12e session du Processus d’Oran : Une triade de menaces pèse sur l’Afrique
Réunis à Alger pour la 12ᵉ session du séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, les participants du Processus d’Oran ont se pencher sur un défi sérieux : le continent fait face à un enchevêtrement de crises qui menace sa stabilité. En clôturant la rencontre, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a souligné que l’édition 2025 du séminaire « revêt une importance particulière », parce qu’elle a mis « en lumière les principaux défis politiques et sécuritaires auxquels notre continent africain fait face à ce jour ».
Au terme de deux jours d’échanges, la situation a été décrite sans détour. Pour M. Attaf, les défis actuels sont « préoccupants » et « exigent que nous tirions la sonnette d’alarme et réveillons en nous le sens du devoir continental et l’esprit de responsabilité collective ». Le ministre a identifié une série de risques qui « s’entrelacent et forment une triade qui domine le paysage sécuritaire de tout le continent ». Cette triade regroupe « les changements anticonstitutionnels de gouvernements, le fléau du terrorisme et le phénomène des interférences extérieures », trois dynamiques que les interventions du séminaire ont longuement analysées. Le premier volet, celui des ruptures anticonstitutionnelles, demeure l’un des symptômes les plus visibles de l’instabilité politique dans plusieurs régions africaines. Ahmed Attaf a déploré une « scène familière » marquée par la multiplication de changements forcés à la tête des États, rappelant que l’Union africaine « a récemment été contrainte de suspendre l’adhésion de deux pays dans un délai de seulement quarante-deux jours ». Un constat qui illustre, selon lui, l’urgence de renforcer à nouveau le rôle régulateur des institutions continentales. Le second pilier de la triade, le terrorisme, occupe une place centrale dans les analyses du Processus d’Oran. Le ministre a regretté que cette menace « ait pris de l’ampleur, jusqu’à s’imposer comme la principale menace dans la région du Sahel », où des groupes armés « ont pris le contrôle de vastes étendues de territoire et se sont érigés en autorité de facto ». Ce phénomène, déjà au cœur des précédentes sessions, est décrit comme l’un des facteurs les plus déstabilisants pour les États africains, dont certains voient s’effriter leur capacité à assurer sécurité et gouvernance. À ces deux crises s’ajoute celle des interférences extérieures, dénoncées comme un élément aggravant qui dépossède les acteurs locaux de la maîtrise de leurs propres conflits. « Les clés de la résolution des conflits se trouvent souvent entre les mains d’acteurs étrangers, et non des parties locales, propriétaires de la terre, du pays, de la souveraineté et de la décision », a averti M. Attaf, appelant à une réaffirmation du leadership continental.
Face à cette triade, les débats ont dégagé une priorité : « repositionner l’Union africaine comme un acteur central dans la prévention des crises et la résolution des conflits ». Le ministre a défendu avec insistance le principe de « solutions africaines aux problèmes africains », présenté comme un « choix stratégique » à même de protéger le continent des risques liés aux nouvelles polarités internationales. Dans cette optique, il a plaidé pour un renforcement de la coordination entre le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et les membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU. La session a également été marquée par une participation inédite, saluée par le chef de la diplomatie algérienne. Il a jugé « remarquable » la présence « de grande qualité et poids » des délégations, notamment celle de trois pays élus au Conseil de sécurité des Nations unies hors du continent : Bahreïn, la Colombie et la Lettonie. Une contribution qui constitue, selon lui, « une preuve éloquente de l’écho et de l’intérêt croissant que suscite désormais le Processus d’Oran, tant au niveau continental qu’international ».
Salim Amokrane

