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L’Algérie leader dans la réduction du torchage de gaz

La Banque mondiale a placé l’Algérie en tête des pays ayant réalisé les efforts les plus significatifs en matière de réduction du torchage de gaz au niveau mondial, selon son dernier rapport de suivi de la situation économique publié en décembre 2025. Cette reconnaissance intervient dans un contexte où l’institution de Bretton Woods appelle le pays à poursuivre ses efforts de transition énergétique et à intégrer davantage les considérations climatiques dans sa stratégie de développement économique à long terme.

Le rapport souligne que l’Algérie a enregistré en 2024 la deuxième plus forte réduction mondiale du torchage de gaz, avec une diminution de 5% du volume de gaz torché et une baisse de 3% de l’intensité de torchage, soit la quantité de gaz brûlée par unité de production. Ces résultats placent le pays en position de leader dans la lutte contre cette pratique particulièrement dommageable pour l’environnement. Alors que le torchage du gaz a augmenté à l’échelle mondiale en 2023, l’Algérie s’est distinguée par des progrès notables qui reflètent l’engagement concret de Sonatrach dans la mise en œuvre de projets ambitieux de récupération du gaz. Depuis 2020, la compagnie nationale des hydrocarbures a déployé plusieurs projets de récupération du gaz torché à Hassi Messaoud, le plus grand champ pétrolier du pays, avant d’étendre ces initiatives en 2023 à d’autres gisements stratégiques, notamment à Tiguentourine, Ohanet et Tin-Fouye-Tabankort. Ces projets, qui devraient entraîner de nouvelles réductions substantielles des volumes de gaz torché dans les prochaines années, témoignent d’une volonté politique claire de transformer en ressource valorisable ce qui était auparavant considéré comme un sous-produit gênant de l’extraction pétrolière.

Transformation du modèle économique

Au-delà de cette reconnaissance des efforts accomplis, la Banque mondiale formule dans son rapport plusieurs recommandations pour accompagner l’Algérie dans sa transition vers une économie plus durable et moins dépendante des hydrocarbures. L’institution souligne que trois évolutions structurelles majeures mettent au défi le modèle économique algérien fondé sur les hydrocarbures et appellent à une transformation en profondeur de la stratégie de développement du pays. Premièrement, à mesure que l’adoption de technologies propres et économes en énergie s’accélère au niveau mondial, la demande internationale en hydrocarbures devrait ralentir, entraînant une baisse structurelle des prix. Deuxièmement, l’offre mondiale de pétrole continue d’augmenter, ce qui contribue également à la pression baissière sur les prix des hydrocarbures. Troisièmement, les réserves algériennes diminuent tandis que la demande domestique augmente, réduisant les volumes disponibles à l’exportation. Si la réforme des subventions énergétiques et de nouvelles découvertes pourraient ralentir le rythme d’épuisement des réserves et accroître les volumes exportables, le pays a déjà exploité plus de 60% de ses réserves prouvées, estime le rapport.

Face à ces défis structurels, la Banque mondiale recommande à l’Algérie de poursuivre la décarbonation de ses industries existantes, notamment celles à forte intensité carbone telles que les engrais, le fer, l’acier et le ciment. Cette transition sera essentielle pour préserver l’accès des exportations algériennes au marché européen dans le cadre du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières qui entrera en vigueur à partir de 2026 et imposera des droits additionnels sur plusieurs produits à forte intensité carbone importés dans l’Union européenne. Cette mesure devrait avoir un impact significatif sur les principales exportations algériennes hors hydrocarbures.

L’institution internationale appelle également à la réforme progressive des subventions énergétiques qui favorisent les modes de production intensifs en énergie. Aussi, selon la BM, l’introduction d’une fiscalité carbone en Algérie permettrait non seulement de réduire les coûts liés au mécanisme européen d’ajustement carbone pour les exportations, mais aussi d’améliorer la mobilisation des recettes fiscales et d’élargir l’espace budgétaire du pays. Par ailleurs, le rapport souligne que l’Algérie dispose d’un potentiel considérable dans le domaine des énergies solaire et éolienne, ainsi que dans le développement d’exportations d’hydrogène vert vers l’Europe, des filières qui pourraient constituer des relais de croissance majeurs pour l’économie nationale.

La Banque mondiale insiste sur le fait que l’adoption de stratégies d’atténuation du changement climatique permettrait de répondre aux enjeux environnementaux tout en générant des bénéfices concrets pour la population algérienne. Les émissions de dioxyde de carbone par habitant en Algérie ont atteint en moyenne 6,4 tonnes équivalent CO2 entre 2013 et 2023, un niveau supérieur à celui observé dans les autres pays d’Afrique du Nord, mais nettement inférieur à celui des principaux producteurs d’hydrocarbures de la région. L’intégration des considérations d’atténuation climatique dans la stratégie de développement économique permettrait à l’Algérie, selon le rapport, de participer à la réduction mondiale des gaz à effet de serre, tout en réduisant la pollution atmosphérique locale et en générant des gains de santé publique et de productivité pour la population.

Samira Ghrib

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