À la UneActualité

La numérisation au cœur de la stratégie anticorruption : Plus de 1500 signalements de corruption enregistrés en 2025

 La Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC) a enregistré plus de 1540 signalements de soupçons de corruption au cours de l’année 2025, a révélé lundi sa présidente Salima Mousserati, à la veille de la Journée internationale de lutte contre ce fléau. Ces chiffres, communiqués lors de son passage au Forum de la Radio nationale, illustrent l’ampleur du phénomène et l’importance des dispositifs de signalement mis en place par l’Autorité.

Invitée à s’exprimer sur les mécanismes de lutte contre la corruption, Salima Mousserati a placé la numérisation au centre de la stratégie nationale. Selon elle, « l’adhésion des différents secteurs ministériels, organismes et institutions à un système numérique intégré permettra de mettre en place des mécanismes innovants, contribuant, sans nul doute, au renforcement des valeurs de transparence et d’intégrité dans la gestion des affaires publiques ». La présidente de la HATPLC a insisté sur le fait que travailler dans le cadre d’un système numérique « permettra un échange interinstitutionnel fluide des informations, ce qui contribuera à l’éradication du phénomène de la corruption, où, du moins, à la réduction de ses manifestations au maximum ». Cette vision s’appuie sur le déploiement progressif de plateformes numériques destinées à faciliter le signalement et le traitement des cas suspects. La plateforme « Balighna », lancée en 2023, a fait l’objet d’une refonte et d’une sécurisation pour offrir un meilleur service aux utilisateurs. Parallèlement, la plateforme « Naracom » permet aux acteurs de la société civile de signaler directement les faits de corruption. Ces outils s’inscrivent dans une démarche de transparence visant à impliquer davantage les citoyens dans la détection et la prévention des pratiques délictueuses.

Applications mobiles

Salima Mousserati a également annoncé le lancement prochain de nouvelles applications mobiles destinées à rapprocher le citoyen de l’administration, ainsi qu’une plateforme électronique présentant la Stratégie nationale de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, qui couvre la période 2023-2027. Cette dernière permettra aux différentes institutions et secteurs de mieux appréhender le contenu et les objectifs de cette stratégie, favorisant ainsi une mise en œuvre coordonnée des mesures anticorruption.

Sur le plan opérationnel, la présidente de la HATPLC a détaillé le processus de traitement des signalements. « Concernant la lutte, nous intervenons dans deux cas : lorsque nous recevons des signalements conformément à l’article 6 de la loi 22-08, car toute personne physique ou morale a le droit de signaler un soupçon de corruption accompagné de documents ou de preuves à l’appui de ses allégations », a-t-elle expliqué. Une fois reçus, ces signalements font l’objet d’un examen approfondi, suivi d’une enquête administrative et financière. « Si le soupçon est confirmé, le dossier est transmis au procureur général territorialement compétent pour l’ouverture d’une action publique, ou à la Cour des comptes s’il s’agit d’irrégularités financières dans la gestion », a précisé Mousserati. La HATPLC mise également sur la prévention à travers des actions de sensibilisation et de formation. De nombreuses sessions ont été organisées en collaboration avec la société civile et le Conseil supérieur de la jeunesse, notamment au niveau des universités. « À chaque fois, nous sensibilisons aux dangers de la corruption et à son impact sur l’économie nationale, sur la vie publique et sur le niveau de vie du citoyen. Car tout privilège accordé de manière illégale réduit les droits du citoyen », a souligné la responsable. L’Autorité a par ailleurs formé les points focaux des différents secteurs ministériels et institutions sur la coordination des efforts pour la mise en œuvre de la stratégie nationale, ainsi que sur l’élaboration de cartographies des risques de corruption. Ces documents permettent à chaque secteur de mieux identifier les zones de vulnérabilité et d’adopter des outils efficaces de prévention. Les formations incluent également l’élaboration de codes de conduite relatifs à l’éthique professionnelle, que les fonctionnaires publics doivent signer et respecter, avec des procédures disciplinaires en cas de violation.

L’indice de performance d’intégrité « Nazaha », développé en partenariat avec le Programme régional des Nations unies, constitue un autre pilier de cette stratégie. Actuellement, 16 secteurs ministériels et 11 directions générales sous tutelle ont adhéré à cet indicateur, qui évalue les efforts des institutions publiques dans la lutte contre la corruption. À titre expérimental, cinq communes ont également été intégrées cette année. Cet outil vise à accompagner l’administration dans l’adoption de systèmes de transparence et à renforcer l’intégrité des fonctionnaires, tout en établissant des mécanismes de responsabilisation en cas de manquement aux règles internes.

La HATPLC intervient également dans la répression via le contrôle des déclarations de patrimoine en début et en fin de fonction. « Si une augmentation considérable du patrimoine d’un fonctionnaire public ou d’un élu local est constatée, une enquête est ouverte d’office et le dossier est transmis à la justice », a conclu Salima Mousserati, rappelant que l’Autorité s’inscrit dans un dispositif institutionnel plus large comprenant l’Inspection générale placée auprès de la présidence de la République, l’Office national de répression de la corruption, le Conseil des comptes, les inspections financières et l’autorité judiciaire.

Hocine Fadheli

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *