« Salam » présenté à l’AIFF : Un documentaire argentin sur la résistance cinématographique sahraouie
Le long métrage documentaire de l’Argentine Agustina Willat Garcia, consacré à l’émergence d’une génération de cinéastes sahraouis dans les camps de réfugiés, a été projeté mardi soir à Alger dans le cadre de la compétition officielle du 12e Festival international du film d’Alger. La salle Ibn-Zeydoun a accueilli la projection de ce film de 71 minutes qui explore la rencontre singulière entre de jeunes réalisateurs sahraouis et des cinéastes uruguayens dans un camp de réfugiés. À travers ce documentaire sorti en 2024, Agustina Willat Garcia met en lumière la résistance par l’image du peuple sahraoui contre toute forme de colonisation, transformant la caméra en outil d’affirmation identitaire et de témoignage. Le film retrace le parcours d’un groupe de jeunes cinéastes formés dans les camps de réfugiés aux techniques de prise de vue et de son et au montage, qui ont tenté de développer leur propre cinéma en portant un regard sur leur avenir et l’occupation qui est la cause de leur exil. Cette démarche documentaire recueille les témoignages et les expériences singulières de ces réalisateurs débutants ayant suivi une formation d’initiation à l’audiovisuel encadrée par des cinéastes uruguayens, illustrant ainsi une solidarité artistique internationale face à une situation humanitaire complexe.
Au-delà de cette dimension pédagogique et humaine, le documentaire dénonce également les dérives d’un régime arbitraire en dévoilant les exactions des autorités d’occupation marocaines à l’encontre des Sahraouis. Des images d’archives intégrées au film montrent notamment les violences policières contre des manifestants sahraouis. Cette approche vise à donner une visibilité internationale à un conflit souvent méconnu du grand public.
Le film exprime par ailleurs le soutien et l’engagement de cinéastes uruguayens en faveur de la cause du peuple sahraoui et de la promotion de la paix et de la justice. Cette collaboration Sud-Sud, réalisée entre l’École nationale de cinéma d’Uruguay et l’École de cinéma située dans un camp de réfugiés sahraouis, témoigne d’une volonté de créer des ponts culturels et de mettre le septième art au service de causes humanitaires. Ce premier long métrage d’Agustina Willat a bénéficié d’un large soutien institutionnel et de plusieurs aides au développement et à la production, permettant sa réalisation dans des conditions matérielles souvent difficiles.
Diplômée de l’École nationale de cinéma d’Uruguay en 2010, Agustina Willat s’est spécialisée dans l’exploration de causes humanitaires et sociales, portant un intérêt particulier à la situation des réfugiés à travers le monde. Son regard sensible et engagé fait de ce documentaire une œuvre à la fois artistique et militante, offrant une tribune à des voix rarement entendues sur les écrans internationaux.M.S.

