Démantèlement d’un réseau de faussaires à Annaba : Une trentaine de suspects impliqués
Un réseau criminel de faussaires a été démantelé à Annaba. Ce réseau organisé opérait depuis plusieurs années dans la falsification de sceaux et de documents administratifs officiels, destinés notamment aux dossiers de visas.
L’affaire a été révélée en 2024, lorsque des informations sont parvenues au procureur général près la cour de justice d’Annaba, l’alertant sur l’existence d’un réseau organisé spécialisé dans la falsification de documents administratifs officiels, a indiqué une source judiciaire. Sur réquisition du magistrat, les services de la gendarmerie nationale ont été chargés de l’enquête, qui a révélé l’implication d’une trentaine d’individus, a précisé notre source. Selon les informations fournies par cette même source, l’enquête a permis de découvrir un réseau structuré, spécialisé dans la falsification de documents destinés en particulier aux dossiers de demandes de visa européens. L’activité de ce réseau criminel était très organisée : les fichiers étaient d’abord préparés numériquement puis transmis aux clients sur des supports magnétiques avant d’être finalisés avec des sceaux contrefaits. Une véritable administration parallèle à celle des administrations publiques a ainsi été découverte au domicile du principal suspect, nous dit-on. Ce dernier, domicilié à la cité du 8 Mars dans la zone ouest de la ville d’Annaba, a reconnu lors de son interrogatoire qu’il travaillait en collaboration avec un complice surnommé « Farchita ». Il a indiqué avoir acquis les sceaux contrefaits auprès de ce complice en 2022 pour environ 20 000 dinars, précisant que leur collaboration remontait à 2016. Concernant le complice, il a quitté le pays de manière illégale et se trouve actuellement en France, certainement avec de faux documents, nous dit-on.
Dans le cadre des investigations menées par les éléments de la gendarmerie nationale, plusieurs complices ont été identifiés et localisés à travers différentes communes de la wilaya d’Annaba, tandis qu’un autre suspect demeure en fuite et est activement recherché pour des affaires de falsification et d’escroquerie, ont ajouté les mêmes sources. Les détails fournis par celles-ci font état de l’implication dans ce réseau de faussaires de plusieurs profils : des employés de l’état civil, des agents publics, des personnes sans emploi et un chauffeur de taxi, dont la mission était le transport des documents falsifiés. Quant aux saisies, elles sont, selon la même source, impressionnantes. Elles se composent de 33 sceaux falsifiés, comportant des sceaux de walis, d’Assemblées Populaires Communales (APC), de tribunaux, de centres d’impôts et des cachets et griffes appartenant à des avocats, des notaires et des traducteurs. Certains sceaux portaient même l’intitulé du consulat d’Algérie à Marseille (France), ce qui reflète le niveau de sophistication de ce réseau qui est parvenu à opérer sans crainte et sans attirer l’attention. Ont également été saisis des documents en cours de falsification, parmi lesquels des demandes de visas, des certificats de résidence, des dossiers professionnels et des actes d’état civil ainsi que divers faux documents administratifs non légalisés. Selon nos sources, une trentaine de suspects sont impliqués dans cette affaire. Le dossier, après l’achèvement de l’enquête et les auditions au parquet, a été transféré devant la Cour criminelle d’Annaba. À suivre.
Sofia Chahine

