Caftan El Kadi : Un trésor patrimonial algérien à l’ancrage historique authentique
Vêtement d’apparat né d’un savoir-faire artisanal séculaire, le caftan El Kadi constantinois incarne un patrimoine culturel algérien profondément enraciné dans l’histoire du pays, comme en témoignent de nombreux documents d’archives et pièces conservées dans les musées internationaux. Cette authenticité, solidement établie par des preuves historiques irréfutables, demeure incontestable malgré les tentatives répétées d’appropriation culturelle orchestrées par le Maroc, qui cherche à s’attribuer indûment cet héritage vestimentaire national.
Constantine antique, perchée entre ponts suspendus et rochers abrupts, a réussi au fil des siècles à préserver ce riche et rare habit traditionnel qui a dépassé le simple statut de vêtement élégant pour s’imposer comme partie intégrante de l’histoire sociale et culturelle de l’est algérien, avant d’affirmer sa présence dans les différentes régions du pays. La directrice du musée public national des arts et expressions culturelles traditionnelles, le Palais Ahmed-Bey à Constantine, Meriem Kebaïlia, a expliqué que le caftan El Kadi était à l’origine un vêtement masculin étroitement lié au pouvoir et à la magistrature, porté par le Kadi en tant que personnage central de la société, symbolisant la haute stature du juge tout en reflétant, par son tissu luxueux et ses fils d’or, l’élégance et le rang de celui qui le portait.
L’histoire du caftan algérien repose sur des fondements documentaires solides. Meriem Kebaïlia a précisé que des archives officielles datant du 18e siècle, comprenant des contrats de mariage inscrits dans les registres des tribunaux religieux, mentionnent explicitement l’exigence du caftan dans la liste de la dot de la mariée. Ces documents authentiques constituent une preuve tangible de l’ancrage historique de ce vêtement dans la tradition algérienne, bien avant les revendications contemporaines qui tentent de s’approprier ce patrimoine purement algérien.
La présence du caftan algérien dans les collections muséales internationales atteste également de son rayonnement historique. La directrice du musée a indiqué que des sources historiques confirment l’existence de pièces conservées dans des musées européens, notamment au musée de Stockholm en Suède qui expose un caftan offert par Ali Pacha au roi de Suède en 1731 à l’occasion de la conclusion du traité de paix entre l’Algérie et ce pays scandinave. Par ailleurs, douze caftans algériens, trois gandouras et cinq burnous étaient exposés au palais impérial de la Hofburg et au château de Schonbrunn à Vienne, en Autriche, entre 1868 et 1872. Certains avaient été acquis en Algérie par l’impératrice autrichienne Elisabeth de Wittelsbach, surnommée Sissi, tandis que d’autres lui avaient été offerts avec des fils d’or pur lors de ses visites en Algérie en 1872.
Les musées de Damas en Syrie conservent également des caftans ayant appartenu à Zineb, fille de l’Émir Abdelkader, ce qui reflète la portée historique de cet habit algérien et son retentissement au-delà des frontières. Ces témoignages matériels et documentaires démontrent l’antériorité et l’authenticité du caftan algérien, face aux manœuvres de spoliation culturelle qui visent à effacer cette réalité historique.
La présidente de l’association les pionnières du Vieux Rocher, Aouiche Safinaz, artisane spécialisée dans les vêtements traditionnels constantinois, a indiqué que le caftan était brodé à l’origine pour les hommes avec la technique du Medjboud, tandis que pour les femmes, c’était la technique de la Fetla, très légèrement différente, qui prévalait. Meriem Kebaïlia a souligné que la fabrication du caftan El Kadi à Constantine reposait autrefois sur une méthode traditionnelle unique, où une peau de mouton était utilisée à la place du qarqaf, cadre circulaire en bois entre les anneaux duquel le tissu était solidement fixé pour faciliter la broderie. Les fils d’or étaient fixés au moyen d’un procédé traditionnel utilisant du sang provenant de la rate soigneusement séché. Ce style précis, transmis de génération en génération, a conféré au caftan une beauté éclatante et une élégance rare reflétant son statut élevé et le savoir-faire de l’artisanat traditionnel constantinois. Ce travail minutieux était soutenu par les services de Dar El-Debbagh à Constantine, considérée comme le berceau des cuirs raffinés, où chaque morceau de cuir se transformait en œuvre d’art.
Le caftan demeure aujourd’hui porté lors des grandes occasions et cérémonies traditionnelles comme les mariages, en tant que patrimoine vivant portant la mémoire, l’identité et l’élégance, transmis de génération en génération à Constantine et dans les grandes régions de l’est algérien, tout comme le caftan de Tlemcen et d’autres villes de l’ouest algérien, ce qui a conduit à son inscription en tant que patrimoine culturel mondial par l’UNESCO, reconnaissance internationale qui consacre définitivement l’authenticité algérienne de cet héritage vestimentaire face aux tentatives d’appropriation illégitime.
Mohand Seghir

